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Amine Bennouna: En Afrique, les compétences et technologies n'ont de valeur qu'adossées à un marché solide
Publié dans Challenge le 03 - 09 - 2025

Alors que le Maroc et plusieurs pays africains accélèrent leur transition énergétique, la question de la dépendance aux technologies devient centrale. L'expert en énergie Amine Bennouna éclaire les enjeux de cette dépendance et les opportunités qu'elle peut représenter pour construire une souveraineté énergétique, tout en tenant compte des réalités économiques.
Les nations qui exploitent leur potentiel solaire, éolien ou hydraulique sont confrontées à un dilemme : comment produire localement de l'électricité tout en dépendant des technologies importées pour construire et maintenir ces infrastructures ? Cette dépendance peut influencer non seulement l'indépendance énergétique — la capacité à couvrir une part significative de sa consommation par la production locale — mais aussi la souveraineté énergétique.
Dans ce contexte, la question ne se limite pas à produire de l'énergie: elle engage des choix stratégiques sur l'économie, la formation des compétences locales et la participation aux chaînes de valeur mondiales. C'est dans ce cadre que Challenge a interrogé l'expert en énergie Amine Bennouna, sur les enjeux et opportunités du transfert de technologies. Cette interview offre donc une réflexion stratégique sur les arbitrages nécessaires pour concilier autonomie et compétitivité dans un monde globalisé.
1. Dans quelle mesure la dépendance aux technologies importées en matière d'énergie freine-t-elle ou accélère-t-elle le développement d'une souveraineté énergétique nationale ?
L'exploitation des sources d'énergie locales améliore « l'indépendance » énergétique, qui n'est qu'un ratio de la part de production énergétique locale rapportée à la consommation totale. La « souveraineté » énergétique, quant à elle, décrit la capacité de prise de décisions politiques indépendantes et est donc une notion beaucoup plus complexe mais elle est, il est vrai, subordonnée à « l'indépendance » énergétique (sans indépendance pas de souveraineté). Ainsi, si « l'indépendance » énergétique n'est pas du tout subordonnée au développement local de technologies ad hoc, la « souveraineté » énergétique, elle, l'est. Pour comprendre: quoique maîtrisant et exploitant assez intensivement la filière électronucléaire, la France y perd de son « indépendance » et de sa « souveraineté » énergétiques dès lors qu'elle n'a pas l'uranium qu'il lui faudrait et, face à cela, le Maroc, gagne de « l'indépendance » énergétique en exploitant son soleil et son vent mais n'y gagne que peu en « souveraineté » énergétique dès lors qu'il n'en maîtrise pas les technologies.
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Quoiqu'il en soit, j'ai toujours pensé qu'il fallait d'abord penser à assurer « l'indépendance » énergétique, qui est un préalable vers toute hypothétique « souveraineté » énergétique. Je dis « hypothétique » parce que je suis persuadé que, dans la complexité de l'héritage de ce monde globalisé, la « souveraineté » énergétique ne soit qu'un rêve que très rares sont ceux qui l'atteindront vraiment. Enfin, il me semble évident qu'il vaut mieux produire son pain avec des pétrins et des fours venant d'ailleurs que d'importer le pain... et, par conséquent, qu'il vaut mieux ne pas attendre de savoir fabriquer des pétrins et des fours pour produire du pain, de même qu'il vaut mieux importer de la technologie pour produire de l'électricité solaire ou éolienne que de produire de l'électricité à partir de fossiles importés. Je pense donc que, pour l'instant, attendre de maîtriser ses propres technologies est de nature à freiner « l'indépendance », donc la « souveraineté », énergétique.
2. Quels sont les principaux risques économiques et géopolitiques liés à l'importation de technologies énergétiques, notamment face à la montée des tensions sur les chaînes d'approvisionnement mondiales ?
L'après-COVID nous a fait expérimenter, en live, tous types de risques liés à toute importation, qu'elle soit de biens d'équipements ou bien de consommation. Je ne suis pas un spécialiste de géopolitique mais, dans mon exemple avec le pain et sa technologie, je voudrais seulement rappeler qu'il vaut bien mieux s'exposer au risque d'importation d'une technologie énergétique, dont le besoin ne revient que quelques décades plus tard, qu'au risque d'importation de produits énergétiques eux-mêmes : l'impact et la récurrence des crises sur les marchés des produits énergétiques sont bien plus importants que l'impact et la récurrence sur les technologies énergétiques.
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Dans cet esprit, le choix est vite fait, il faut toujours éviter de tomber dans l'importation de biens de consommation et lui préférer celle des biens d'équipement. Certains « gourous » disent qu'il faut éviter les deux mais en général, ils réduisent leurs prétentions dès lors qu'ils sont amenés à gouverner et à expérimenter les difficiles arbitrages qui doivent être faits entre le court et le long terme.
3. Comment les pays africains peuvent-ils transformer l'importation de technologies énergétiques en une opportunité de transfert de compétences et de savoir-faire local ?
Je suis vraiment désolé de penser que l'acquisition de compétences et la maîtrise de technologies ne soient que lettre morte sans un accès à un marché de taille suffisante. En effet, toutes ces industries nécessitent une masse critique en dessous de laquelle, les équipements ne sauraient être compétitifs et les impératifs de compétitivité commerciale et économique finissent toujours par avoir le dernier mot. Or, on ne peut être, à la fois, à l'intérieur de ce marché mondial quand il s'agit d'en profiter et être à l'extérieur de ce marché dès lors qu'il s'agit d'en subir les conséquences, à moins d'abandonner l'idée de vouloir accéder aux produits auxquels le reste du monde a accès. Au Maroc, certains poussent même le bouchon au point de défendre une « diversité commerciale » dès lors qu'ils considèrent que les choix ne sont pas suffisants et, en Afrique, comme dans le reste du monde, on considère que la richesse des choix est « un droit » ! Si les technologies énergétiques n'échappent pas à cette loi, comment faire pour qu'elles puissent être compétitives quand elles sont exposées à la concurrence des autres. La ZLECAF est un bon tremplin pour faire bénéficier les pays africains des marchés voisins mais jusqu'où irait son impact ?


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