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La filière agricole biologique au Maroc : une opportunité de croissance écoresponsable
Publié dans EcoActu le 22 - 09 - 2022

Dans le cadre de la vision stratégique nationale de développement durable et de l'urgence climatique, il peut sembler opportun de renforcer le rôle d'un certain nombre de filières économiques prônant les principes de croissance verte et inclusive, porteuse d'opportunités favorables à un développement durable.
Dans ce sens, la filière de l'agriculture biologique pourrait impacter à bien des égards, la situation de la balance commerciale, le marché de l'emploi et de la formation, l'exploitation de l'énergie et des ressources naturelles, la sécurité alimentaire et la santé, ainsi que la préservation de l'équilibre des écosystèmes.
En effet, l'évolution vers des modes de production et de consommation agricoles durables ne semble t- elle pas indispensable pour répondre à l'impératif d'un développement écoresponsable face aux enjeux du changement climatique ?
Afin de pouvoir explorer cette voie, cet article fournira un diagnostic du cas marocain, pour conclure par des recommandations pouvant s'avérer utiles au renforcement de la filière de l'agriculture biologique nationale.
1-Constat
Les principes de l'agriculture biologique ont été introduits au Maroc au cours des années 1980 à travers le lancement d'initiatives privées encouragées par la demande européenne, dans la région de Marrakech avec la culture de l'olivier, et dans la région de Benslimane avec les agrumes.
-Superficie agricole biologique :
Aujourd'hui, la superficie réservée à la production agricole biologique est de 9174.53 hectares. Elle a connu une croissance annuelle moyenne de 0.8% au cours de la période 2013 -2017, alors que le rythme de progression annuel moyen mondial avoisine 2 chiffres pour la période 2010-2017.
–Nombre de producteurs :
Il a stagné pendant de longues années autour d'une centaine, mais depuis l'entrée en vigueur de la loi 39-12 relative à la production biologique des produits agricoles et aquatiques, le nombre d'opérateurs certifiés bio a été multiplié par 3, soit 300 actuellement. Il aura alors connu un rythme de croissance annuel moyen de 16 % environ sur la période 2013-2019, ce qui révélateur d'une certaine dynamique.
-Caractéristiques de la production :
Les régions de production biologiques sont concentrées au niveau de quelques axes. Il s'agit essentiellement de la région de Souss-
Massa, suivi de la région de MarrakechSafi, RabatSalé- Kénitra, et celle de Casablanca -Settat qui représentent à elles seules 68 % de la superficie totale cultivée biologique à l'échelle nationale.
-Caractéristiques du marché des exportations
Il est à souligner que la production biologique marocaine était régie par la réglementation du marché de destination, notamment le règlement de l'Union Européenne régissant les exportations des produits biologiques marocains vers l'Union Européenne jusqu'en 2018.
Dans ce cadre, les principaux pays destinataires de la production marocaine sont ceux de l'Union Européenne, notamment la France, l'Espagne, et l'Allemagne.
2. Diagnostic de la filière
Forces :
1-Existence d'une vision stratégique de la filière biologique
La stratégie marocaine du développement agricole repose sur 2 piliers à savoir l'agriculture moderne d'une part, et l'agriculture solidaire d'autre part, pour lutter contre la pauvreté en augmentant le revenu agricole des exploitants, et en améliorant leur pouvoir d'achat.
2-Existence d'un mode de production agricole traditionnel « Beldi »
Le mode de production « Beldi » pratiqué dans les différentes régions du pays se rapproche du mode de production agricole biologique, car il peut être considéré comme durable bien qu'il ne réponde pas aux exigences des cahiers de charge de la réglementation.
Faiblesses :
1-Pratiques contraignantes
Au vu du cadre réglementaire strict régissant les pratiques de l'agriculture biologique, cette dernière peut sembler contraignante vis-à-vis de ses méthodes respectueuses de normes dans l'utilisation de produits chimiques de synthèse , des conditions d'élevage , des pratiques sanitaires et des conditions de transformation des produits alimentaires.
–Insuffisance en pratique de recherche et développement
A ce stade, notre pays enregistre un retard relatif à la recherche agronomique biologique, malgré le lancement du programme de recherche par la FIMABIO en collaboration avec l'ENA de Meknès, l'IAV Hassan II et l'INRA depuis 2013 dans le cadre du contrat programme établi avec le Ministère de l'Agriculture en 2011.
Menaces :
1- Instabilité climatique
L'insuffisance des précipitations risque de restreindre le volume des productions agricoles, et peser sur l'expansion de la filière au vu d'une réduction de ses rendements provoquée par la sécheresse et la désertification.
2-Carence en financement
L'investissement est un levier indispensable du développement de la filière. Or, il se dégage une insuffisance en matière de financement qui peut constituer un blocage pour son émergence à tous les niveaux de la chaine des valeurs.
Opportunités :
1-Un cadre juridique et institutionnel favorable
Jusqu'en 2018, la production biologique marocaine était régie par la réglementation du marché de destination. Désormais, un cadre législatif et institutionnel national définit et reconnait le produit biologique marocain. De même, le système d'accréditation des organismes d'évaluation de la conformité dans le cadre de la loi n°39-12 par le département de l'agriculture a été lancé en 2018.
A rappeler, la création et l'adoption du premier label officiel pour désigner les produits bio certifié par la Commission Nationale du Bio présidée par la Ministère de l'Agriculture en 2014.
2-Un marché international favorable
Sur le plan mondial, l'aspiration sociale de consommation bio est grandissante. Les consommateurs prennent conscience de l'intérêt sanitaire des produits biologiques lié à la problématique de préservation de l'équilibre des écosystèmes.
3-Recommandations
Ces voies sont relatives au domaine de la recherche et développement sur les plans scientifique et pratique, et au soutien financier et compétitif de la filière.
Axe : Recherche et développement
1-Promotion de la recherche et développement scientifique
L'agriculture biologique interpelle un dispositif de recherche et développement dédié à ce secteur à travers la création d'un institut de recherche et développement dans le cadre d'un partenariat public – privé en lui allouant des fonds spécifiques.
2- Promotion du savoir technique agricole biologique
Afin de créer les conditions de développement des techniques spécifiques nécessaires au processus de transition agro écologique, il est proposé la création d'instituts de formation régionaux et d'écoles paysannes en agriculture biologique.
Axe : Soutien financier
1- Déploiement de dispositifs d'aides financières publiques
Sur ce plan, le décret adopté en mars 2018 sur l'octroi de subventions à la certification des produits agricoles biologique est un aspect positif mais pas suffisant.
2- Création de Fonds de soutien financier régionaux public-privé
S'agissant d'une activité encore nouvelle au Maroc, un soutien régional peut se justifier afin de lui permettre de se développer, jusqu'à ce qu'elle soit en mesure d'être indépendante et compétitive.
Axe : soutien de la compétitivité
-Création de Clusters agricoles biologiques
Afin de renforcer la confiance et l'engagement entre acteurs directs et indirects de la filière, il peut être envisagé la création de clusters agricoles biologiques dynamisant sa compétitivité.
Perspectives
Depuis quelques années, l'agriculture biologique a progressé d'une situation de niche à un réel marché au niveau mondial. L'agriculture biologique apparait alors comme un secteur d'avenir au vu de l'évolution de ses indicateurs, dévoilant ainsi son potentiel pour les entreprises marocaines.
* L'agriculture biologique est le secteur alimentaire qui connait la croissance la plus rapide dans le monde.
* Les Etats unis sont considérés comme le premier marché biologique au monde avec près de 47% du marché mondial en 2017.
* Le Danemark anticipe de devenir le premier pays en Europe avec une agriculture 100% biologique.
* La Suisse se situe à la place de leader mondial s'agissant de la consommation de produits biologiques par habitant.
* Le « Centre mondial de l'alimentation durable » (CEMAS) a vu le jour à Valence en juillet 2019 pour promouvoir, gérer et diffuser des actions en faveur d'une alimentation durable.
En conclusion, la filière nationale semble encore insuffisamment exploitée alors que le potentiel de production est bel et bien existant, et que le secteur présente des perspectives très prometteuses au niveau international.
Un avenir sous l'axe de la soutenabilité peut alors vivement être préconisé, au vu de toutes les caractéristiques du secteur. Assurément, il pourrait bien participer aux axes de transformation définis par le nouveau modèle de développement marocain, à savoir la diversification de l'économie marocaine et sa transformation structurelle sous la contrainte environnementale et climatique.
Par JIHANE BAKKALI
Enseignante chercheuse-FSJES -Rabat- UNIVERSITE MOHAMED V
[1] Cet article est tiré de l'article scientifique publié par l'auteur dans le revue française « International Journal of Advanced Research in innovation, Management and social Sciences » -IJARIMSS- Volume 5, juin 2022


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