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Entretien : «Vers une croissance à dominante agrophosphatière»
Publié dans Finances news le 13 - 01 - 2011

Dans l'entretien qui suit, Rédouane Taouil, professeur agrégé des universités à Grenoble, nous donne son point de vue sur les perspectives de croissance de l'économie marocaine en 2011, les contraintes et aussi l'impact de la compensation et l'endettement public.
- Finances News Hebdo : Comment jugez-vous les perspectives de croissance de l'économie marocaine en 2011 ?
- Rédouane Taouil : Il est hautement probable que la croissance soit à dominante agrophosphatière. D'une part, au regard de la campagne agricole, la valeur ajoutée agricole est appelée à connaître une progression significative et, d'autre part, l'économie phosphatière tend à devenir, suite à la stratégie à l'œuvre, un levier fondamental des performances de croissance : le pari sur la demande émanant des pays émergents dans le contexte des mutations démographiques et alimentaires au plan mondial, apparaît fortement prometteur. Quant aux autres activités exportatrices, même si elles connaissent une reprise, leur expansion reste limitée par l'atonie de la demande en Europe, consécutive aux effets récessifs des politiques de rigueur. La vulnérabilité de l'économie marocaine face aux chocs de l'économie mondiale, appelle un recentrage sur la demande domestique. Un tel recentrage passe par une redéfinition de la politique fiscale dans le but d'atténuer les inégalités. Celle-ci peut être mobilisée en vue d'une redistribution efficace en mesure de créer des enchaînements vertueux entre les conditions d'une croissance régulière et le développement humain Elle doit reposer à la fois sur la progressivité de l'impôt et la promotion des dépenses publiques, des services d'éducation et de santé. La redistribution fiscale est de nature à créer les conditions d'une croissance régulière, atténuer les conflits de répartition des richesses et soutenir la mise en place d'institutions publiques favorables au pari du développement humain.
- F.N.H. : La facture pétrolière et alimentaire a pesé lourdement sur l'économie marocaine ces dernières années. La surchauffe actuelle des produits alimentaires et de l'énergie sur le marché mondial ne risque-t-elle pas de rendre le système de compensation insoutenable, d'autant que la réforme de ce système tarde à venir ?
- R.T. : Selon les autorités de la politique économique, le système de compensation souffre de trois dysfonctionnements :
• l'inefficience due aux distorsions des prix des produits subventionnés et aux obstacles à la concurrence qui se traduisent par des situations de rente,
• l'inéquité liée au fait que les subventions des produits de base profitent plus aux catégories riches qu'aux démunis,
• l'alourdissement des charges budgétaires qui pèse sur la stabilité macroéconomique.
Sur cette base, les décideurs publics jugent nécessaire de procéder au démantèlement des subventions à la consommation, au profit d'une politique d'assistance ciblée qui consiste en des aides et des versements monétaires conditionnels à l'accès aux services d'éducation et de santé.
- F.N.H. : Quelle appréciation vous inspire ce diagnostic et les prescriptions qui l'accompagnent ?
- R.T. : Ce diagnostic minore les avantages du système de compensation. D'abord, les subventions aux produits de base contribuent à la maîtrise de l'inflation. Ensuite, elles permettent aux entreprises d'assurer une maîtrise des coûts de production. Enfin, de par leurs effets redistributifs en faveur des couches pauvres, elles entravent la dégradation du pouvoir d'achat. S'agissant des politiques de ciblage de la pauvreté, elles seraient impuissantes à lutter contre la pauvreté et à créer les conditions d'équité telles qu'elles sont définies par le décideur public. Le ciblage des subventions risque d'avoir pour effet immédiat de dégrader le pouvoir d'achat des populations qui n'auraient pas droit à l'assistance, en les faisant basculer en dessous du seuil de pauvreté. Dans le même temps, la détermination des cibles aussi bien que l'organisation de l'assistance, sous forme de transferts monétaires ou en nature, favoriseraient l'extension des pratiques de corruption. La poignée de main visible naguère sur des caisses de farine n'était-elle pas interprétée comme celle des sujets qui détournaient ces caisses à leur profit ?
Si l'on prend en considération des critères d'efficience, d'équité et de soutenabilité, il est nécessaire de réaménager la politique budgétaire en prenant en compte sa logique macroéconomique. La logique comptable constitue un mauvais angle d'attaque. Ainsi, plafonner les dépenses de subventions à 3% du PIB comme le proposent certains rapports établis à la demande du gouvernement, est très discutable. Primo : ce seuil est purement arbitraire ; secundo : il implique une rigidité qui interdit d'opérer les ajustements nécessaires à la réponse de chocs qui réclament une hausse de ces dépenses au dessus de 3% ; tertio, il est aveugle sur la précieuse leçon de l'expérience du départ volontaire à la retraite, qui a été menée au nom de l'objectif d'abaisser le ratio dépenses de fonctionnement à moins de 10% et dont les coûts se sont avérés très élevés en termes de perte de cadres de la fonction publique et de bien-être social en général ( dégradation de la qualité des services publics,…)
- F.N.H. : Comment l'envolée des prix
des produits alimentaires affectera-elle l'inflation ?
- R.T. : L'inflation importée joue un rôle important dans la hausse du niveau général des prix. Grâce aux subventions, l'inflation est atténuée : elle atteint un niveau inférieur à 2%. Selon certaines estimations, la suppression totale de ces subventions entraînerait une inflation de plus de 8% et une augmentation de 30% des prix des produits alimentaires... La compensation participe également à la réduction de la volatilité de l'inflation et évite de faire subir à l'économie nationale les fluctuations des cours mondiaux des produits alimentaires et de l'énergie. Sous ce double angle, les subventions des produits de base constituent un puissant facteur de maîtrise de l'inflation importée. On n'évoque jamais assez ce soutien de la politique budgétaire à l'objectif de stabilité des prix, qui est au centre de la politique monétaire et, partant, sa contribution à la stabilité macroéconomique.
La hausse actuelle des prix mondiaux ne peut guère inciter le gouvernement à mettre en œuvre la réforme du système de compensation. L'éventualité de tensions sociales n'est pas à écarter. La FAO redoute d'ores et déjà des émeutes de la faim. Les révoltes en Algérie et en Tunisie sont exemplaires des risques qu'induit la dégradation du pouvoir d'achat et l'accentuation des inégalités. Ainsi, s'il n'y a pas de remise en cause des dispositifs de subventions en vigueur, les tensions sur les prix peuvent être contenues entre 2,5%
et 3%.
- F.N.H. : Quels sont les risques que présente la hausse de l'endettement public ?
- R.T. : D'aucuns dénoncent, à longueur de colonnes et d'antennes, cette hausse en considérant la dette comme une charge de nature à peser sur les générations présentes et les générations futures. Cet argument tient lieu d'une fausse évidence. La marge de manœuvre des autorités budgétaires est plus large qu'on ne le dit. Le maintien du déficit public dans les limites de 3% du produit intérieur brut, sous l'hypothèse d'une croissance en valeur de 5%, appelle la stabilisation du ratio d'endettement public à 60% et non à 47% comme le stipulent des calculs dont la presse économique a fait largement l'écho. Les autorités budgétaires disposent d'une marge de manœuvre dans le cadre du schéma de la stabilité macroéconomique qui commande leurs décisions. Il est à noter également que la comptabilité de l'investissement public prête à confusion. D'une part, une partie des investissements des entreprises publiques fait l'objet d'un double enregistrement comptable : ils figurent tous à la fois dans leur propre budget et dans le budget de l'Etat. D'autre part, tel qu'il est défini, l'investissement public comprend de multiples opérations qui ne relèvent pas de la formation du capital fixe
(FBCF) ; celle-ci représente moins de 9% de la FBCF totale. Pour autant, les conclusions sur la hausse vertigineuse de l'investissement public, sur sa faible efficacité productive et leur corollaire sur la soutenabilité de la politique budgétaire, sont éminemment contestables.
Propos recueillis par Charaf Jaidani


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