La superficie dédiée à cette filière dépasse à peine 5.000 ha. Certains pays qui ont nouvellement investi cette branche ont nettement multiplié leur part à l'international. La crise liée à la bactérie E.coli n'a pas impacté les exportations marocaines, car la campagne qui a démarré en octobre s'est achevée en mai. L'apparition de la bactérie E.coli a-t-elle eu un impact sur le secteur agricole marocain, tant à l'export qu'au choix des cultures biologiques ? L'option biologique serait-elle pertinente pour un pays qui présente des potentialités importantes comme le Maroc ? Ces interrogations se posent avec acuité dans les milieux scientifiques et professionnels qui ont adopté cette branche. L'apparition de la bactérie E.coli en Europe et l'épidémie qui s'en est suivie a mis au devant de la scène ce phénomène. Une crise qui a impacté largement les cultures de légumes en Europe, surtout l'Espagne, au point que certains pays ont interdit les importations avant de revenir sur leur décision après l'avis des scientifiques. Pour le Maroc, d'après les données recueillies chez certains organismes spécialisés, les exportations marocaines n'ont pas été impactées du fait que la campagne a commencé en octobre et s'est terminée en mai. Cela veut dire que la crise s'est déclenchée après la fin de la campagne. Mais en général, les exportations marocaines se sont comportées favorablement réalisant au passage une croissance à deux chiffres. Concernant les cultures biologiques, il faut souligner que c'est un choix que le Maroc a défini dans le cadre du Plan Maroc Vert. Mais il faut reconnaître que l'évolution du secteur au Maroc reste timide avec les premiers signes d'un essoufflement des efforts déployés jusqu'à présent par les pionniers du domaine. Ils avancent l'absence d'un soutien de la part du gouvernement et aussi de structure professionnelle capable de développer cette filière. Ce constat se manifeste au niveau des réalisations sur le terrain. En effet au Maroc, la superficie cultivée déclarée en 2010 dépasse à peine 5.000 ha. Mais cette branche a connu un essor notoire depuis 2001. On constate un boom de la certification des terres forestières à base d'arganiers et de plantes aromatiques et médicinales et une légère hausse des superficies allouées à l'arboriculture fruitière et au maraîchage (10 à 30%). La superficie agricole certifiée au Maroc représente moins de 1% de la SAU, ce qui est très modeste quand on sait que certains pays ont converti 10% de leurs terres agricoles au mode de production biologique. Qu'il s'agisse des fruits, des légumes, des huiles ou des plantes aromatiques et médicinales, la quasi-totalité de la production marocaine est destinée à l'exportation. Pour toutes ces commodités, le potentiel est énorme car les variétés et les races exploitées sont locales et les itinéraires de culture et d'élevage adoptés sont proches des modes biologiques, donc techniquement facilement convertibles vers le système bio. Le progrès reste modeste même pour les cultures destinées à l'exportation. A titre d'exemple, les superficies allouées à l'agrumiculture et à l'oléiculture biologique représentent moins de 0,5% du patrimoine national alors que le potentiel est énorme. Le Maroc est le seul pays dans le monde qui a participé au mouvement biologique international par le lancement de la production et l'exportation depuis 1992 et qui n'a toujours pas de réglementation propre ni de vision stratégique dans ce domaine. La Tunisie a par exemple lancé le bio après le Maroc, elle a depuis lors élaboré et validé une réglementation nationale, créé deux instituts spécialisés dans le domaine et a instauré un système d'aide, d'encouragement et de subvention. Résultat : sa part sur le marché international a pratiquement triplé. L'exemple de l'agressivité tunisienne a été dupliqué dans plusieurs autres pays en voie de développement comme l'Ethiopie, le Kenya, l'Afrique du Sud et Cuba. Année après année, ces pays renforcent leur positionnement sur la scène internationale et tirent profit de l'émergence de nouveaux marchés. C. J. *Pertinence : Pourquoi une culture bio ? L'agriculture biologique est un système de production agricole qui respecte l'environnement dans un sens général et se base sur trois principes fondamentaux : • une méthode de culture qui respecte la santé des consommateurs en leur offrant des aliments sains et contrôlés ; • elle respecte la nature par un choix des variétés adaptées au climat local, par la rotation des cultures (terres en jachère) et interdit l'utilisation de produits chimiques de synthèse ; • elle respecte également les animaux en leur offrant une nourriture dite «bio», privilégie les races du terroir et interdit l'utilisation de certains médicaments. Ainsi par définition, aucun produit chimique de synthèse (pesticide, hormone de croissance, fertilisant et herbicide artificiel) ni aucun additif de synthèse (colorant, exhausteur de goût, édulcorant de synthèse) ne doit être utilisé dans la production, la transformation et la conservation d'un aliment biologique.