Ceux qui s'attendaient à une nouvelle baisse du taux directeur ont vite déchanté. Le gouverneur de Bank Al-Maghrib a décidé de le maintenir inchangé à 3% (voir page 6). Mais il a préféré actionner un autre levier : le taux de la réserve obligatoire qui passe désormais de 6 à 4%. Histoire de donner une petite bouffée d'oxygène aux banques afin qu'elles puissent mieux s'acquitter de leur mission de financement de l'économie nationale. Pas sûr cependant que cette petite «largesse» de Jouahri produise de grands effets, face notamment à cette crise de liquidité structurelle. D'ailleurs, dès l'annonce de la mesure, les analystes ont vite fait de prendre les calculettes afin de chiffrer son impact. La baisse de 2 points de pourcentage du coefficient de réserve la obligatoire ne devrait ainsi permettre d'injecter dans le circuit bancaire que 8 milliards de dirhams. C'est certes un plus, mais cela semble bien dérisoire par rapport aux besoins criants de liquidités des banques estimés à un peu plus de 7 fois la masse bénéficiaire globale dégagée par le système bancaire en 2011. En clair, leurs besoins se situent au-delà des 70 milliards de DH. Il est cependant évident que face à l'acuité de cette crise de liquidité structurelle, les leviers traditionnels utilisés (baisse du taux directeur, réduction de la réserve obligatoire, mise en place d'outils comme les avances sur trois mois...) par la Banque centrale semblent bien insuffisants pour calmer l'appétit des établissements bancaires. Les banques ont faim de cash, particulièrement dans un contexte économique morose où les crédits augmentent beaucoup plus que les dépôts. D'ailleurs, les crédits clientèle de l'ensemble du système bancaire ont enregistré une augmentation de 10% en 2011 pour s'établir à 673 Mds de DH, face à des dépôts qui s'apprécient de 5% à 646 Mds de DH, soit un ratio de transformation de 104% contre 99% en 2010 et 73% en 2005. Ce qui laisse logiquement présager que les tensions sur le marché monétaire ne vont guère s'estomper.