* La prospective est devenue un outil irremplaçable pour l'aide à la prise des décisions publiques. * Explorer les futurs possibles est l'un des thèmes les plus importants dans la réflexion prospective de «Maroc 2030». * L'objectif actuel est de trouver les principaux concepts et outils de prospective et de mobilisation stratégique aisément appropriables. Historienne et économiste, Nathalie Bassaler a été invitée par le Haut Commissariat au Plan pour discuter du thème «La prospective comme responsabilité publique» dans le cadre du cycle de conférences prévu à cet effet. Ayant déjà une connaissance approfondie en tant que consultante stratégique auprès de divers organismes, Nathalie Bassaler pense que «la pensée prospective se trouve aujourd'hui au service de l'action stratégique. En fait, elle permet d'identifier et de hiérarchiser en commun les principaux enjeux du futur». Il faut admettre que l'objectif final d'un tel type de réflexions est de pouvoir explorer les futurs possibles et de les soumettre à un débat national avant d'aboutir au choix du scénario dans lequel le Maroc devrait inscrire ses plans de développement économique et social. C'est dans ce cadre que N. Bassaler constate que : «Toute forme de prédiction est une imposture car l'avenir n'est pas écrit, il reste à faire». Il faut remarquer que le HCP assure la conduite de 17 études thématiques sur les principales problématiques du développement du Maroc. Le fil commun de toutes ces réflexions est de mettre en évidence le rôle important de l'autorité publique dans l'établissement des stratégies de développement . Le paradoxe est que les concepts comme ceux «d'Etat-providence» ou «d'Etat-gendarme» ont été délaissés pendant un certain temps suite aux grands mouvements de privatisations que notre pays a connus. Aujourd'hui, la responsabilité de l'autorité publique ne paraît plus se situer au niveau de la gestion quotidienne, mais dans cet effort si subtil et délicat à la fois d'avoir une vision «prospective» des principaux problèmes à régler afin de dégager de bonnes pistes à suivre. Ceci sans oublier que dans ce genre de démarche, la tendance centralisatrice de l'Etat devrait nécessairement s'estomper au profit d'une importante autonomie locale. Car c'est au niveau régional et local que s'inscrit l'INDH, avec toutes ses composantes économiques et sociales. D'un autre point de vue, la réflexion prospective a un lien étroit avec le type de gouvernance. C'est la gouvernance démocratique qui permet de donner une assurance minimale à tous les scénarii établis au départ. C'est dire que l'opinion publique, via ses instances représentatives, devra intervenir dans ce genre de débats, autrefois monopolisés par les détenteurs d'un savoir incontesté. La connaissance utile à l'action publique est celle qui peut à la fois se baser sur l'avis d'experts tout en prouvant son efficacité devant des problèmes concrets.