Maxime Prévot réaffirme le soutien belge au plan d'autonomie et annonce un renforcement global de la coopération avec le Maroc    Rabat et Niamey scellent un partenariat diplomatique    Les Emirats arabes Unis réaffirment leur soutien à la marocanité du Sahara (Ambassadeur)    Le Maroc, un pays pivot dans un échiquier international fracturé et polarisé (MEDay)    Digitalisation : la Chambre des représentants numérise l'accès à l'information    Douanes commerciales : Ceuta et Melilla misent sur le sommet Maroc-Espagne    Al Omrane réalise un chiffre d'affaires de près de 3 milliards de DH à fin septembre    Infrastructures : comment la performance privée masque un déficit public    Pedro Sepulveda Chianca : "Le convoyeur est la solution de transport la plus flexible pour l'industrie minière"    Cours des devises du mercredi 03 décembre 2025    Eurowings lance une nouvelle liaison aérienne entre Prague et Marrakech    Ralentissement de la croissance mondiale à 2,6 % en 2025 (CNUCED)    Danger du net. La Zambie protège ses jeunes internautes    Automobile. M-Automotiv relance KGM au Maroc    2.640 milliards USD d'importations affectés par les nouveaux droits de douane en un an, un record en 15 ans    USA: Trump compte révéler l'identité du prochain président de la Réserve fédérale américaine, début 2026    Le président français entame une visite en Chine    Processus de paix en Palestine : Quelle plus-value peut apporter le Maroc ? [INTEGRAL]    Des pays de l'Otan promettent plus d'un milliard d'aide militaire à l'Ukraine    L'OM souhaite garder Aguerd pour le choc contre Monaco avant la CAN    Mondial 2026 : le Ghana met en place un comité stratégique    Coupe du Monde de la FIFA 2026TM : De nombreuses stars attendues pour le Tirage au sort final    Tournoi UNAF féminin U20 : Le Maroc remporte le titre    Coupe Arabe 2025 : L'Arabie saoudite rejoint le Maroc en tête du groupe    Préparation : Les Lionnes clôturent leur stage par une nouvelle désillusion    Liga /J15 : Le Barça maitrise l'Atlético    CAN 2025 : Les arbitres en stage de préparation au Caire    Face au grand froid, le Royaume active son dispositif d'urgence Riaya 2025-2026    Températures prévues pour jeudi 04 décembre 2025    Le détenu Mohammed Ziane n'observe aucune grève de la faim, son état de santé est ordinaire    Canary Islands excluded from Spain-Morocco summit    FIFM 2025 : Clara Khoury on bringing Palestine's voice to the screen in «The Voice of Hind Rajab»    CAF preps match officials for AFCON Morocco 2025    FIFM 2025. Raouia reçoit l'étoile d'or pour l'ensemble de sa carrière    Porte-Bagage, Abdelkarim El-Fassi : « Il y a tant d'amour dans les familles où tout passe dans le silence »    Le FIFM 2025 rend hommage à l'artiste marocaine Raouya    Législatives : La Chambre des représentants approuve trois projets de loi relatifs au système électoral    Le Maroc élu à la vice-présidence du Conseil de la FAO    Mariages des mineurs : De 26.298 cas en 2017 à 8.955 en 2024    FIFM 2025 : Clara Khoury, porte-voix de la Palestine avec «The Voice of Hind Rajab» [Interview]    L'Ambassadeur américain Duke Buchan III prend ses fonctions    Rabat accueille la première conférence de soutien aux victimes africaines du terrorisme    Le Salon du livre du CNEM investit l'Artorium pour célébrer la bibliodiversité marocaine    Le FIFM rend hommage à Raouya, l'icône marocaine qui a marqué des générations    Interview avec Amr Moussa : "La solution à deux Etats est encore possible, il ne faut pas désespérer"    Chutes de neige et fortes rafales de vent mercredi dans plusieurs provinces du Royaume    FIFM 2025. Maryam Touzani présente son film « Calle Malaga » à Marrakech    Avant sa projection au FIFM, le film "El-Sett" crée la controverse en Égypte    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le Monde d'Ibrahim, roman de Guiliz Mustapha, paru aux Editions Orion
Publié dans Finances news le 05 - 04 - 2021

Le roman «Le Monde d'Ibrahim» de l'écrivain Mustapha Guiliz paru aux éditions Orion est le récit d'une aventure à l'allure d'une biographie, celle d'Ibrahim. L'auteur avait déjà signé en 2017 un recueil de nouvelles, «Au pays des sources». Ce roman d'une vie a priori ordinaire situe son action au cœur du siècle dernier et sa trame s'enrichit des événements qui ont eu des répercussions notables aussi bien sur le devenir collectif que sur celui des individus. Le personnage principal, Ibrahim, est un exemple complexe dans cette intrication des passions qui se taillaient les scènes individuelles et les destins collectifs, mettant en perspective la vie et son sens et la manière dont celle-ci procède pour se dépouiller de son équilibre, de son harmonie et de sa logique.
La solitude du personnage Ibrahim, un personnage des plus ordinaires, dans un monde défait ne cesse au cours de péripéties de gagner en profondeur et en authenticité. Dès l'entame du roman, qui a pour scène initiale le cimetière, le personnage ne cesse de s'enliser dans l'insignifiance d'une vie sans repères; en particulier de sa caution, la présence d'une mère pourvoyeuse de sens. Le roman n'est pas celui d'un succès, ni non plus d'un échec. Ni héros, ni anti héros. L'apprentissage n'est plus possible dans ce roman à l'allure d'une quête des origines de notre déréliction présente. Il est le témoignage de l'impossibilité de trouver un sens dans les vies des personnes modestes dans leur condition mais riches en tant que support de symboles. Le roman emprunte la voie d'une descente en enfer; celle de la dépossession de son propre destin, reflet de notre destin collectif.
Ibrahim réussit toujours les paris de ses choix, et il ne s'en sort qu'en perdant des miettes de son être profond. Mais il réussit vite à reconstituer son unité et à s'assumer même dans une posture en porte-à-faux avec les stéréotypes éculés dans un monde à géométrie imprévisible. Y a-t-il un choix à faire quand les alternatives se dédoublent sans laisser de marge pour le libre-arbitre où s'exercer sans préjudice ? Ibrahim assume toujours son destin quand celui-ci s'impose avec la force d'une nécessité; il arrive même qu'il devance d'un pas un monde décevant à cause de cette absence du sens.
La clé du sens du monde d'Ibrahim ? Elle serait vraisemblablement, encore une fois dans la symbolique du cimetière où, encore enfant, il passe une nuit, (la nuit du destin ?) où l'obscurité, l'abandon seront une partie, la majeure partie, d'un monde désagrégé et en perte de cohérence. Les aventures d'Ibrahim lui permettent d'aller dans tous les sens dans une quête effrénée de l'amour, non celui de la tante qui le jugule, mais celui de la mère, de la terre, du sang, de leur compendium : la présence d'un enfant, promesse de l'avenir, qui ne vient pas.
Dans ce monde, le paradoxe s'étoffe à chaque épreuve de la vie d'Ibrahim. L'insignifiance gagne autant en épaisseur qu'en absurde. Mais Ibrahim est sommé de jouer sans savoir les règles du jeu. Alors il oppose au monde son inestimable atout, une énergie à toute épreuve. Energie de la force mais aussi énergie de la faiblesse, la sensibilité. Celle-ci est son bouclier qui lui sert à atténuer l'horreur d'un monde qui décapite un homme, Maâti, lui qui n'a pour toute arme qu'un rire doré dans une guerre à laquelle il est resté étranger jusqu'à son dernier souffle, jusqu'à son dernier sourire.
L'école, le travail, la prison, la guerre, la vie de famille, dans tous leurs états, fondent ces tableaux qui sollicitent de sa part une réponse qui vient tout droit de sa différence. C'est peut-être là le trait distinctif de ce personnage au regard toujours frais dans un monde chiffonné, en désordre. C'est cela le monde d'Ibrahim. Quand nous nous agitons dans le monde, c'est pour nous transformer, nous rendre meilleurs; Ibrahim emprunte à rebours les voies les plus onéreuses pour s'affirmer tel qu'il est, dans sa détermination la plus individualiste, la plus volontariste, c'est-à-dire la plus loyale envers soi. S'il fait la guerre contre les autres, qu'il ne connaît pas, il la fait pour défendre ses amis, ceux qui sont de son côté. Redéfinition des perspectives. Des sens. Sans que son regard ne soit parasité par un quelconque étalon ou une référence. Notre héros ne croit qu'en lui-même.
Ibrahim qui force notre sympathie est-il alors un personnage réel ou imaginaire ? Est-il l'incarnation d'un destin collectif ou juste l'expression achevée d'un individu, lui qui n'a pour nom de famille qu'un K. (un cas !) ? Dans ce cas, la fable de sa stérilité, ou celle de sa femme Aïda, car nous ne saurons jamais à qui la faute, serait synonyme de cette tranche saignante de l'histoire, le protectorat, restée inféconde dans notre devenir. C'est la une leçon, peut-être la plus dure, de notre époque présente qui ne sait que faire de ceux qui se sont sacrifiés pour un lendemain meilleur. Ibrahim meurt seul à la fin du texte en gardant les yeux ouverts sur nous. Allons-nous le trahir ?


*Le monde de Ibrahim. Mustapha Guiliz. Editions Orion. Avril 2021. Disponible en librairie.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.