La Cour des comptes (CC) vient de livrer son rapport annuel 2012. Un rapport qui met à nu, encore une fois, la mauvaise gestion et la gabegie dans certains établissements publics et ministères. Et en ces temps où les finances publiques sont en berne, la gestion laxiste des deniers publics irrite encore plus les citoyens, premières victimes de la rigueur budgétaire imposée par le gouvernement. L'un des points saillants du rapport de la Cour des comptes concerne les dysfonctionnements majeurs relevés dans la gestion des produits pharmaceutiques par le ministère de la Santé. Absence d'une politique pharmaceutique nationale, non application des textes réglementaires relatifs à la fixation des prix des médicaments, fixation de prix excessifs concernant certains médicaments, absence de contrôle de la pratique des prix, acquisition de vaccins entachée d'irrégularités et financée aux dépens des crédits dédiés aux établissements de santé... les griefs soulevés à l'encontre du ministère de tutelle ne manquent pas. Mais l'un des faits les plus consternants concerne une unité de fabrication de médicaments qui n'a jamais été exploitée. Pourtant, ce projet a bénéficié d'un financement de 7 millions de dollars du ministère de la Santé et d'un prêt de 6 millions de dollars de la Banque mondiale remboursable sur 20 ans. Aujourd'hui, les locaux de cette unité sont en dégradation et servent de décharge pour les produits périmés. «En conclusion, le ministère de la Santé a consenti un investissement important de l'ordre de 112,1 MDH pour réaliser une unité de fabrication de médicaments pour laquelle il n'avait pas de vision claire, provoquant pour le pays une perte équivalente à ce montant, sinon plus en considérant le service de la dette contractée auprès de la Banque mondiale», souligne la CC. Cet exemple, et bien d'autres contenus dans ce rapport, suffisent pour montrer quel usage cynique est fait de l'argent du contribuable. Ce sont ces «petits» millions dépensés inutilement par-ci par-là et certains choix économiques parfois controversés qui maintiennent structurellement les finances publiques en berne. Et qui, surtout, poussent le gouvernement à toujours ponctionner davantage les salariés et les entreprises. Si la mission de la CC se limite, entre autres, au contrôle de la gestion des organismes publics et de l'emploi des fonds, les citoyens attendent légitimement que des suites soient données aux différents manquements relevés. Car au moment où on leur demande de plus en plus de se serrer la ceinture, les élus et autres dirigeants d'établissements publics se doivent, eux aussi, d'exécuter leur tâche avec diligence. Et si, in fine, les comptes ne sont pas bons, il faudra qu'ils rendent des comptes aux citoyens. Voire à la Justice.