Dans le domaine de la sécurité routière, l'année 2013 est à marquer d'une pierre blanche. Pour la première fois depuis de longues années, le nombre de morts sur les routes marocaines a diminué. Pas de quoi pavoiser pour autant, tant la tâche reste immense. Le relâchement n'est pas permis . Une baisse de 8,6% du nombre de décès, soit 350 vies sauvées en 2013. Voilà un chiffre en totale rupture avec ceux qu'a connus le Maroc pendant plus d'une décennie. Le nombre de blessés graves a également suivi la même tendance avec une baisse de 6,77%. Le département de tutelle, qui a élevé la sécurité routière au rang de cause nationale, a largement communiqué sur cette baisse salutaire, brandissant le slogan «300 +» (qui signifie plus de 300 vies sauvées) comme un trophée. Certes, on est encore loin du compte puisqu'il y a encore plus de 3.700 accidentés de la route qui ont été arrachés à la vie en 2013. Mais ne faisons pas la fine bouche. Car ces chiffres ont au moins le mérite de montrer que l'insécurité routière dans notre pays n'est pas une malédiction, encore moins une fatalité. Le défi aujourd'hui est de consolider cette baisse, la rendre durable et structurelle, et de ne pas relâcher les efforts consentis par le ministère des Transports, de l'Equipement et de la Logistique, et par le Comité national de prévention contre les accidents de la circulation (CNPAC) qui a multiplié les actions de communication et de sensibilisation. Des efforts qui s'inscrivent dans le cadre du plan stratégique 2013-2016 basé sur trois piliers essentiels, à savoir la sensibilisation du public et la communication, l'éducation de la sécurité routière et un volet recherche et développement. Une guerre loin d'être gagnée En dépit de ces chiffres encourageants, la «guerre contre l'insécurité routière» est loin d'être gagnée. Il suffit à chaque automobiliste de circuler à travers les routes du Royaume pour s'en convaincre : incivisme, comportements dangereux, routes peu sûres, véhicules en mauvais états, corruption etc.... autant de mauvaises habitudes bien ancrées dont les effets désastreux classent les routes marocaines parmi les plus meurtrières au monde (6ème place mondiale, 1ère dans le monde arabe) ! Entre 2001 et 2012, ce sont plus de 46.000 personnes qui ont perdu la vie suite à des accidents de circulation. Un chiffre ahurissant qui évoque celui d'une véritable guerre civile. En termes de coûts pour l'économie nationale, plusieurs études parlent d'un manque à gagner de près de 2% du PIB, soit 14 milliards de dirhams par an. Sans parler des retombées négatives en termes d'image, pour un pays comme le nôtre qui cherche à séduire à l'international. Une telle hécatombe sur nos routes ne ruine-t-elle pas, à elle seule, les efforts de tout un pays de s'arracher au sous-développement ? Toujours est-il que les pouvoirs publics semblent désormais décidés à s'attaquer à ce fléau, en traitant de manière transversale les trois facteurs déterminants de l'insécurité routière : le comportement humain, l'état du parc automobile marocain (3,2 millions de véhicules en 2013 dont la moitié a plus de 15 ans), et celui des infrastructures routières. Les actions prévues sont nombreuses et tentent d'impliquer tous les acteurs du secteur: révision du Code de la route, signatures de conventions avec les professionnels du secteur comme les contrôleurs techniques et les transporteurs de marchandises et de voyageurs, formation des routiers, aménagement des infrastructures (une enveloppe de 3 milliards de DH dédiée à cet effet). Concernant les contrôles routiers, la réponse est technologique. Ainsi, après le fiasco des radars qui a suivi l'adoption du nouveau Code de la route en 2010, le ministère des Transports a décidé le lancement d'un appel d'offres pour l'acquisition de radars nouvelle génération disposant d'une gestion automatisée, ceci afin de limiter l'intervention humaine dans le processus de traitement des contraventions. Une initiative qui vise à donner un «nouveau souffle» au contrôle routier, et qui ciblera principalement «200 points noirs» identifiés à travers les routes du Royaume. Au sujet des autos-écoles, la réforme est en cours. Elle portera essentiellement sur l'élaboration d'un nouveau cahier des charges, et la préparation d'un projet de contrat-programme pour la mise à niveau de la formation et l'amélioration des examens théorique et pratique. Objectif : 1.500 tués en 2020 Les objectifs sont ambitieux puisque dès cette année le CNPAC espère que ces mesures permettront de sauver 500 vies supplémentaires. A horizon 2020, le chiffre de 1.500 morts sur les routes est évoqué. En attendant cette révolution que tout le monde appelle de ses voeux, rendez-vous est pris le 18 février 2015 à l'occasion de la Journée nationale de la sécurité routière, pour juger si la baisse du nombre de tués cette année est conjoncturelle ou si elle s'inscrit dans une tendance durable. D'ici là, restez vigilants. Prudence est mère de sureté. Statistiques comparées de 2013 par rapport à 2012 - 68.458 accidents, soit +4,71% - 3.148 accidents mortels, soit -5,08% - 65.310 accidents non mortels, soit +5,17% - 37.05 tués, soit -8,63% - 10.993 blessés graves, soit -6,77% - 90.157 blessés légers, soit +0,94%