Dans un contexte particulièrement ardu, marqué par le manque de liquidité combiné au fait que les entreprises constituent davantage de risques pour les banques comme en témoignent la hausse des créances en souffrance et leur défaillance financière, les crédits bancaires devraient tout de même augmenter cette année. Le HCP table sur une progression de 4,4% en 2014. Pour sa part, Bank Al-Magrib estime que les crédits bancaires ont progressé de 4,5% entre mai 2013 et la même période de 2014 pour se situer à 736 Mds de DH. Outre le déficit budgétaire jugé proéminent par certains, conjugué à une croissance molle caractérisée par une extrême volatilité, ce qui retient l'attention aussi bien des observateurs que des experts, est d'une manière générale les créances des banques sur l'économie, et surtout l'évolution des crédits bancaires. Ce dernier point est d'autant plus important que la tendance observée par les crédits est une excellente jauge pour sonder le bon fonctionnement de l'économie. Pour cause, celle-ci peut être le reflet de la frilosité des banques dans un contexte de déficit criard de liquidité ou au contraire être une marque de leur propension à exercer convenablement leur métier, celui de financer les agents économiques (entreprises, particuliers). Confirmation de la tendance haussière Cela dit, les dernières prévisions de la note exploratoire du HCP et les récentes statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib (mai 2014) sont unanimes sur le fait que les crédits bancaires sont sur un trend haussier. Ce qui est de bon augure pour la machine économique qui, il faut bien le dire, aurait tendance à se gripper, d'après les prévisions de croissance de cette année. Pour rappel, il y a lieu de souligner que le crédit bancaire affichait dans la première décennie des années 2000 un taux de croissance à deux chiffres (moyenne annuelle de 14% durant la période 2006-2012). Ce qui était quelque part justifié par le fait que cette période était foncièrement marquée par une surliquidité monétaire. Aujourd'hui, on est certes bien loin de cette période faste, même si le HCP table sur une progression de 4,4% des crédits bancaires au cours de 2014. Ce qui est tout de même une progression par rapport à l'année dernière où ils avaient connu une hausse de 3,5%. Pour autant, cette évolution contraste avec le contexte actuel marqué par le manque de liquidité au niveau du marché, avec des entreprises qui présentent davantage de risques pour les établissements bancaires. Outre ces prévisions du HCP pour cette année, les dernières statistiques monétaires de la Banque centrale (mai 2014) font aussi état d'une recrudescence significative des crédits bancaires entre mai 2013 et mai 2014. Ils ont progressé de 4,5% pour se situer à 736 Mds de DH. Dans le détail, les crédits immobiliers ont crû de 2,3% pour se situer à 233 Mds de DH. Les crédits à l'habitat ont progressé pour, leur part, de 5% se chiffrant à près de 164 Mds de DH. La seule baisse provient des crédits aux promoteurs immobiliers qui ont baissé de 3,2%. Quant aux crédits de trésorerie, ils ont stagné pour se situer à 172 Mds de DH. Par contre, ceux de l'équipement ont affiché une hausse de 4,1% pour se situer aux alentours de 140 Mds de DH. Du reste, ce qui interpelle le plus dans la note de la Banque centrale, est que cette hausse des crédits bancaires s'est réalisée avec une spectaculaire hausse des créances en souffrance qui ont connu un bond de 25,4%. Visiblement et contre toute attente, la recrudescence des créances en souffrance n'a pas freiné les banques dans leur élan d'apporter leurs concours à l'économie nationale. Outre cette progression des crédits bancaires, leur ventilation n'est pas non moins importante, surtout que les différentes institutions du pays, pour ne citer que le HCP et les experts les plus réputés, n'ont eu de cesse de suggérer que les banques devraient s'employer à financer davantage les secteurs productifs, notamment l'industrie, au détriment des activités de spéculation immobilière ou financière. Or, ce que l'on constate, est que le secteur du BTP et les activités financières continuent de se tailler la part du lion au niveau des crédits bancaires pour s'accaparer respectivement 93 Mds de DH et 105 Mds de DH à mars 2014. Pour leur part, les industries manufacturières se sont arrogées 88,2 Mds de DH à la même période. Ces données montrent que les crédits bancaires restent davantage drainés vers les secteurs du BTP et de la finance au détriment de l'industrie. Ce qui se traduit souvent par un impact limité sur la croissance du PIB. En définitive, cette hausse des crédits bancaires en 2014, telle qu'annoncée par les institutions susmentionnées, pourrait sonner comme un ballon d'oxygène pour les entreprises toujours en proie à desdifficultés d'accès au financement et à l'épineuse question de la défaillance financière.