* Le secteur est dans une situation alarmante. * Les ressources des collectivités demeurent insuffisantes pour combler les déficits et moderniser le secteur. * Plusieurs villes seront impactées sous l'effet de l'urbanisation. Le transport urbain est l'un des défis majeurs que les grandes métropoles marocaines doivent relever dans les années à venir. La poussée démographique et la croissance du parc roulant nécessitent une stratégie adéquate pour restructurer le secteur. A la demande officielle des autorités marocaines, la Banque mondiale a mis en place début 2006 un programme d'appui à la définition de la politique nationale des transports urbains. Il était question de réaliser un travail de diagnostic qui a permis d'examiner en détail les aspects institutionnels, organisationnels, juridiques, financiers et techniques du sujet. Selon Hedi Larbi, chef du département transport et urbanisme, région Mena, «dans les grandes agglomérations urbaines du pays et plus particulièrement à Casablanca capitale économique, d'importants problèmes de congestion sont apparus, entraînant un coût non négligeable pour la collectivité. Ce coût se manifeste au niveau humain et économique». En effet, les problèmes de circulation entraînent des difficultés d'accès au marché du travail et aux services publics, une dégradation du cadre de vie et un accroissement notoire de la pollution atmosphérique. Sur un autre plan, des pertes au niveau du temps et des ressources sont occasionnées à cause des embouteillages. La problématique de la circulation va s'accentuer davantage avec le niveau d'urbanisation qui ne cesse de se développer. La population urbaine est passée à 40% durant les années 80. Elle est de 60% actuellement et atteindra plus de 70% à l'horizon de 2030. Le nombre de villes qui dépassaient 1 million d'habitants n'étaient que deux durant les années 80. Elles sont cinq actuellement et elles seront dix en 2030. Hedi a également dressé le constat alarmant du secteur qui présente plusieurs problèmes. «Il s'agit d'une offre de transports publics déficiente et de mauvaise qualité, d'un développement incontrôlé du secteur des taxis, d'une gestion obsolète de la circulation et, d'une manière plus générale, d'une absence de vision globale et multimodale des déplacements urbains qui permettrait de traiter les problèmes dans leur ensemble plutôt que de manière ponctuelle», a-t-il souligné. Une solution globale n'implique pas nécessairement un schéma ou un plan pour toutes les villes. «Des solutions différentes devront être adoptées selon que l'on traite des deux métropoles du pays (Casablanca et Rabat-Salé) ou des autres agglomérations (Fès, Tanger...). Casablanca, agglomération de près de 5 millions d'habitants, n'est dotée que de 84 lignes alors que le plan prévoyait 146. Les experts en la matière avancent le chiffre de 200 lignes pour bien desservir la population de la ville surtout périurbaine qui reste mal connectée. Les tarifs préférentiels pour les étudiants et les handicapés sont très peu appliqués pour ces zones. Actuellement, la Société M'dina Bus qui a hérité de la défunte RATC sous forme de gestion déléguée, exploite 57 lignes avec un parc de plus de 500 bus et emploie 3.751 salariés. Les autres sociétés liées par des conventions d'exploitation approuvées en octobre 1999 pour une durée de 10 ans, exploitent, quant à elles, 65 lignes et totalisent un parc de 610 bus. Le financement est la question la plus délicate à traiter. Certaines options nécessitent de gros budgets et, par conséquent, une décision politique nationale et non locale. Comme c'est le cas pour le métro de Casablanca ou le tramway pour Rabat. Pour Hedi Larbi, «des ressources importantes pour le secteur devront être consacrées dans les années à venir et devront être largement supérieures à ce qu'elles ont été dans le passé». En effet, les collectivités locales présentent des capacités de financement limitées et des besoins indispensables en investissements lourds. La majeure partie des sources de financement doit être apportée par l'Etat. Sur un autre registre, la question de la tarification a été aussi mise en exergue. «Le système actuel de péréquation entre tarifs pleins et tarifs préférentiels a montré ses limites. Il devrait être corrigé par la mise en place d'une compensation pour obligation de services», a expliqué Hedi Larbi..