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Entretien : Abdelatif Jouahri à cœur ouvert
Publié dans Finances news le 03 - 12 - 2009

* S’il est encore tôt pour parler de l’après-crise puisqu'il existe encore des risques importants, cela n’empêche que le Maroc doit poursuivre ses réformes structurelles et garder l’œil sur son environnement externe.
* Une restructuration industrielle s’impose et pourrait être très utile au Maroc dans l’après-crise.
* Il ne faut pas que le Royaume tombe dans un plan d’ajustement structurel en veillant à ne pas avoir de déficits budgétaires importants ...
* Crise, stabilisation de la crise et après-crise, Abdelatif Jouahri, le Wali de Bank Al-Maghrib, nous livre son point de vue sur la démarche à suivre.
- Finances News Hebdo : Hier, vous disiez que le politique ne voit pas plus loin que la traite commerciale et qu’il faut voir de près les mesures à entreprendre pour un développement pérenne de notre économie. Est-ce là une critique des mesures d’urgence entreprises au lendemain de la crise, ou bien pour celles de l’après-crise, s’il y en a ?
- Abdelatif Jouahri : Quand je dis le politique, ce n’est pas caricatural; c’est une boutade pour dire simplement qu’il regarde les choses presque sous la pression des évènements. Il doit faire face à des exigences internes comme les obligeances syndicales ; il est également obligé de faire face à des évènements internationaux qui influent sur l’économie marocaine comme la hausse du prix du baril de pétrole ou des matières premières…
C’est pour cela que je dis qu’il est obligé de faire face à la conjoncture de manière ponctuelle qui fait que le court terme dépasse parfois la vision à moyen terme.
Pour avoir été ministre des Finances, je sais ce que c’est ! D’ailleurs, ce n’est pas spécifique au Maroc. Tous les gouvernements doivent gérer l’urgence. Ce sont ces évènements et aléas qui se succèdent et qui obligent le gouvernement à réfléchir davantage à court terme qu’à moyen ou long terme.
- F. N. H. : Quelle est votre lecture de la préparation du Maroc à l’après-crise ?
- A. J. : D’abord, il y a beaucoup d’interrogations qui se posent encore sur la sortie de crise. J’ai d’ailleurs donné l’exemple des chiffres qu’on attendait au troisième trimestre aux Etats-Unis et dont les résultats ont été moins forts que prévu, ce qui remet en cause même les prévisions de délais de sortie de crise. Par ailleurs, voyez ce qui se passe maintenant, notamment la crise de Dubaï qui se retrouve avec
50 milliards de dollars qui ne sont pas remboursés. Imaginez la lame de fond que cela a au niveau des marchés financiers, la confiance qui va se contracter… Tout ça pour vous dire que ces prévisions sont très volatiles.
Il y a encore des risques, notamment au niveau des banques européennes puisqu’on ne sait pas encore exactement le niveau des pertes dans leur bilan.
Ce sont là autant de facteurs qui font qu’on ne peut pas encore parler de préparation de sortie de crise. Mais ce qu’il faut faire, c’est procéder à une gestion de stabilisation de la crise et, en même temps, quels que soient les délais de sortie de crise, il faut plancher sur les réformes structurelles que le gouvernement est en train de mener.
Et c’est ça qu’il faut accélérer, mettre un suivi et rectifier le tir s’il le faut, non pas parce que l’on s’est trompé, mais parce que l’environnement extérieur nous impose une adaptation rapide. Et c’est de cette manière que le Maroc pourra non seulement limiter les conséquences négatives de la crise, mais aussi être au rendez-vous dans l’après-crise.
- F. N. H. : La reprise ne peut pas se faire sans demande privée, mais celle-là semble compromise par le taux élevé de chômage. En même temps, quand on limite les mesures de lutte contre la crise au maintien des emplois, on biaise les chances de maintien de la croissance et de la compétitivité. Comment faire face à ce dilemme ?
- A. J. : Ce sont là des choix politiques difficiles ! On disait que dans la gestion du court terme, que veut un gouvernement ? Qu’il n’y ait pas de malaises sociaux, de mécontentement social ou une expression brutale de ce mécontentement.
Mais parfois, il me semble, personnellement, qu’il y a deux choses à envisager. La première est qu’il faut procéder à une restructuration du tissu industriel marocain. Je crois qu’il y a des unités qui sont viables, d’autres sont viables sous certaines conditions, tandis que d’autres unités sont condamnées. Les évolutions imposent que certains n’ont plus leur place. Ils peuvent toujours fusionner ou trouver des solutions ; c’est ce que j’appelle la restructuration industrielle.
Il faut peut-être qu’il y ait une aide à cette restructuration, vraisemblablement dans le cadre d’émergence. Des fonds qui font que dans la compétitivité, ce sont des scénarios envisageables et envisagés.
Cette restructuration est importante surtout qu’historiquement, nous avons eu des entreprises qui sont des patrimoines familiaux ou individuels; mais dans la compétition actuelle, leur restructuration devient terriblement nécessaire pour assurer leur survie.
- F. N. H. : Surtout que sur le plan extérieur, la compétitivité industrielle entre les différents pays devient très difficile …
- A. J. : Absolument ! Quand on parle de restructuration, c’est justement pour baisser le point mort au niveau des coûts. Plus ce point baisse, plus le Maroc deviendra compétitif. Dans ce cadre-là, la restructuration du tissu industriel marocain peut aider précisément dans le cadre de la préparation de l’après-crise.
- F. N. H. : Et quelle serait la deuxième chose à envisager en plus de la restructuration de l’industrie marocaine ?
- A. J. : Il faut également améliorer la valeur ajoutée de la production marocaine en y apportant de l’innovation et des technologies modernes, sans oublier qu’il faut surtout connaître les marchés et s’adapter à une demande extérieure de plus en plus mutante sur le plan quantitatif et sur le timing. Actuellement, les demandes se font sur de petites quantités et sur des timings limités, avec des modèles qui changent très rapidement.
Et ce qu’on souhaite, c’est développer un secteur bancaire qui puisse accompagner ces efforts par des financements aussi bien au niveau national qu’international.
- F. N. H. : Dans cette configuration, quel sera votre rôle en tant que Banque centrale ?
- A. J. : Notre rôle est de faire en sorte que si nous luttons contre l’inflation ou, au moins, que nous maintenons l’inflation à des taux limités, nous contribuerons à la baisse des taux qui font que, là aussi, ils concourent à l’amélioration du coût global de nos marchandises et, par conséquent, à l’amélioration de notre compétitivité à l’international.
- F. N. H. : Quelles seraient les mesures à entreprendre en plus de ce que vous venez de citer pour ne pas tomber dans un plan d’ajustement, ce que, comme vous le dites, le Maroc doit absolument éviter.
- A. J. : J’ai vécu un Plan d’ajustement que j’ai piloté et je sais assez ce que c’est pour dire que nous devons éviter cela ! Parce qu’un plan d’ajustement signifie que les équilibres macroéconomiques partent en l’air. C’est-à-dire que vous faites des déficits budgétaires importants, que votre inflation part en flèche, que vos réserves de change diminuent, etc.
Ça veut dire, grosso modo, que tous les éléments constitutifs de l’équilibre macroéconomique commencent à flancher.
Et c’est pour cela que je dis : attention, c’est comme ça que l’on commence ! Un petit déficit, puis on pousse un petit peu …
Et quand le déficit augmente à l’international, les pays s’en rendent compte et la prime de risque augmente aussi. Et quand vous voulez emprunter, soit vous le faites à des conditions drastiques, voire invraisemblables, soit vous ne trouvez pas preneur.
C’est-à-dire que quand vous lancez votre emprunt, les gens ne souscrivent pas ou souscrivent très peu. D’un autre côté, quand vous financez le déficit sur le plan intérieur, vous avez une éviction du secteur privé. En effet, si vous voulez lutter contre l’inflation et que l’Etat prenne le gros des financements intérieurs, cela veut dire que vous marginalisez le secteur privé et son financement.
De ce fait, vous entrez dans un cercle qui n’est pas vertueux; par conséquent, vous aboutissez à des situations où parfois vous devez passer par un programme d’ajustement structurel avec des mesures invraisemblables.
- F. N. H. : À votre avis, en matière de finances publiques, comment peut-on justement améliorer les recettes fiscales et maîtriser les dépenses sans pour autant compromettre la croissance ni accabler le secteur privé ?
- A. J. : D’abord, jongler n’est pas aussi simple en vue d’avoir les résultats escomptés. Alors on essaye !
Pour répondre à votre question, il faut maîtriser la dépense par l’optimisation de la recette et la rationalisation de la dépense. Évidemment, c’est ce que le gouvernement a fait durant ces dernières années, puisque les recettes ont augmenté de façon importante grâce notamment à la révision des règles fiscales. On a également essayé d’aller vers des niches en enlevant tout ce qui est exonéré sans justification de cette exonération. On a également amélioré le recouvrement et la productivité. C’est vrai qu’il y a eu des résultats intéressants.
Maintenant, le problème est qu’il ne faudrait pas que la dépense participe au maximum à la création de richesse. Cette dernière ne passe que par une amélioration de la productivité…
- F. N. H. : Et la Loi de Finances 2010, dans quelle mesure pensez-vous qu’elle a préservé le pouvoir d’achat des citoyens et comment appuie-t-elle les chantiers sociaux comme le développement durable, à titre d’exemple ?
- A. J. : La Loi de Finances 2010 a pris à cœur le fait de préserver le pouvoir d’achat et de participer à la demande interne en baissant certains impôts et en maintenant le soutien à la Caisse de Compensation, en prévision d’une hausse du prix du baril de pétrole.
Sans oublier l’effort monumental pour soutenir l’investissement public.
En même temps, la Loi de Finances a prévu des réformes structurelles d’envergure, notamment dans les secteurs de la Santé, de l’Education et de la Justice.
D’ailleurs, pour cela, il a fallu creuser un peu le déficit qui passe de 2 % à 4,5 % en 2010, mais ce n’est pas bien grave.
Il est vrai que cette Loi a été élaborée sur un certain nombre d’éléments comme un prix du baril à 75 dollars, en plus des prévisions faites par les organisations internationales.
Maintenant, l’environnement change de manière rapide et le prix du baril peut repartir à la hausse à cause de la baisse du Dollar ou au moindre incident sur le plan international, notamment une guerre contre l’Iran. Ce qu’il faut, c’est que le Maroc poursuive ses réformes structurelles au niveau interne tout en assurant un suivi et une évaluation de ses efforts pour pouvoir être réactif et rectifier le tir s’il y a lieu. C’est ce qu’il faut quand on évolue dans un environnement qui change rapidement.
- F. N. H. : Vous disiez que le souhait est de développer un secteur bancaire à même de soutenir les efforts d’investissements, mais le contexte de crise semble durcir les conditions d’accès au financement. Et la réunion de novembre avec les banques sur la hausse des taux, à quoi a-t-elle abouti ?
- A. J. : Nous nous sommes réunis avec les banques le 26 novembre plus exactement. Les banques affirment ne pas avoir touché aux conditions d’accès au crédit pour tout ce qui relève du domaine social et celui des PME. Pour le reste, il y a eu une réévaluation de la prime de risque.
Chaque banque évalue la conjoncture pour établir cette prime. Chacun est libre dans ses décisions. Le secteur étant libéralisé, il ne faut donc pas tomber dans la concertation entre les banques. Nous veillons à la concurrence et la compétitivité entre ces dernières et tout acte de concertation ou d’entente sera sanctionné !
- F. N. H. : Depuis quelques semaines, nous avons en des échos sur la frilosité de certaines banques à accorder des crédits à des particuliers, de même que certains clients assurent s’être vu appliquer des taux en hausse.
- A. J. : Je voudrais passer ce message : les organes de presse et des médias ne doivent pas relayer des rumeurs. Ils n’ont qu’à venir vers nous pour avoir toutes les informations fiables. Bank Al-Maghrib défend justement sa crédibilité à travers le travail continuel sur la communication. Et nous sommes ouverts pour répondre à toutes les questions.
Pour revenir à votre question, il faut signaler que l’enquête trimestrielle de BAM n’a révélé aucune exagération. Il n’y a rien à signaler dans ce sens.
Pour tout vous dire, au moment de la crise, BAM fournissait toute la liquidité nécessaire dont le secteur bancaire avait besoin, de 15 milliards de DH, jusqu’à atteindre 22 milliards par semaine. En contrepartie, il n’était absolument pas question de durcir les conditions du crédit de la clientèle touchée par la crise.
- F. N. H. : La centrale de risque était attendue pour fin octobre. Où en êtes-vous ?
- A. J. : Elle a démarré le 26 octobre. S’il y a eu du retard, c’est essentiellement parce qu’il fallait se faire accompagner de partenaires ayant une expérience en la matière, mais aussi par ce qu’il y a eu des changements apportés à l’architecture du projet. Les premières consultations commencent à venir. Si certaines banques sont encore en retard, il faut le comprendre, car il faut mettre toute une plate-forme informatique et des ressources humaines en place.
Le crédit-bureau ou la globalisation de l’information financière est un élément très positif pour le Maroc.


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