Le journaliste algérien indépendant Khaled Drareni, condamné à trois ans de prison ferme est rejugé mardi en appel. Des rassemblements dans trois capitales ont lieu ce matin en signe de soutien à ce journaliste emprisonné pour avoir couvert les manifestations du Hirak algérien. Directeur du site d'information Casbah Tribune et correspondant en Algérie pour la chaîne francophone TV5 Monde et pour Reporters sans frontières (RSF), Khaled Drareni est rapidement devenu le journaliste algérien le plus médiatisé en dehors des frontières algériennes au moment où le pays vivait une crise sans précédant. A 40 ans, le journaliste se présentait chaque semaine aux manifestations anti-système pour les couvrir notamment à travers les réseaux sociaux, sur Twitter particulièrement, ce qui donnait une portée internationale à ce qui se passait en Algérie, alors que la presse dans le pays subit de plus en plus de pressions de la part du pouvoir. Khaled Drareni paraissait amaigri lors de sa dernière apparition médiatique. Il doit comparaître en milieu de matinée en « visioconférence » depuis le centre pénitentiaire de Koléa, près d'Alger, où il est incarcéré depuis le 29 mars. Le 10 août, il a été condamné à verser une amende de 50.000 dinars (330 EUR) et à 3 ans de prison pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l'unité nationale ». Le verdict d'une sévérité extrême a choqué ses avocats, ses confrères se sentant encore plus menacés, et les ONG de défense des droits des journalistes. Refusant les accusations portées à son encontre, le journaliste a déclaré n'avoir fait que son « travail en tant que journaliste indépendant », et exercé « son droit d'informer ». Lundi, journalistes et militants des droits humains se sont rassemblés à Paris, Alger et Tunis en scandant « Libérez Khaled! ». « Le pouvoir algérien a voulu faire un exemple pour intimider tous les journalistes en Algérie », a commenté le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. « Et il en a fait un symbole, un symbole de défense de la liberté de la presse », a-t-il observé. Alors que plusieurs personnes ont été condamnées par la justice algérienne puis relâchées, le jugement visant Drareni est le seul à avoir été aussi sévère. Seulement, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien, 45 personnes sont toujours emprisonnées pour des faits liés au « Hirak », Mais le cas de Khaled Drareni est particulier, et son affaire remontée jusqu'à l'ONU, l'Union européenne et l'Union africaine (UA) qui ont exprimé leur « préoccupation ». Le 1er mai, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait laissé entendre, sans le citer nommément, que Khaled Drareni était un « informateur pour le compte des ambassades étrangères ». Et le ministre de la Communication Ammar Belhimer, porte-parole du gouvernement, a reproché au correspondant de TV5Monde d'avoir travaillé sans jamais avoir eu de carte de presse professionnelle.