La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a exhorté, mercredi 17 février, la Russie à libérer l'opposant Alexeï Navalny. Mais Moscou a rejeté cette demande dénonçant une ingérence. Alors qu'il a été condamné à 3 ans et 8 mois par la justice russe pour avoir violé ses conditions de remises en liberté dans une affaire datant de 2014, l'opposant numéro 1 du Kremlin a été contraint d'aller se soigner en Allemagne après une tentative d'empoisonnement à l'aide d'un agent neurotoxique. Une fois rentré en Russie le 17 janvier, après plusieurs mois de soins et de convalescence, Alexeï Navalny, a été immédiatement arrêté. Un mois après son arrestation, la CEDH a publié sa décision concernant cette affaire appelant Moscou à libérer de façon immédiate l'opposant à cause des risques pour sa vie. La Russie a réagi très vite en refusant d'accepter cette décision et ce ne sera pas la première fois, même si en principe elle est obligée de s'y soumettre. Dénonçant une décision « politique », le ministre russe de la Justice, Konstantin Tchouitchenko, a fait référence aux différends que la Russie a avec l'Europe et les Etats-Unis, et aux condamnations à l'unisson des pays de l'Union européenne face à l'emprisonnement de l'opposant. « Il n'y a aucune base légale en droit russe permettant la libération de cette personne », a ajouté le ministre russe, critiquant « une ingérence grossière » dans les affaires russes. De son côté, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a estimé que la décision de la Cour européenne des Droits de l'Homme porte un coup au droit international dont la Cour « ne réalise pas les conséquences », a-t-elle déclaré sur la chaîne de télévision Rossia-24. L'Union européenne avait envoyé son chef de la diplomatie, Josep Borrell, à Moscou, afin de trouver une issue à ce conflit et demander la libération d'Alexeï Navalny, mais son homologue russe, Sergei Lavrov, lui a fait comprendre que la Russie ne permettrait pas cela. Mardi, Josep Borrell a recommandé l'adoption de sanctions contre le Kremlin dans un discours devant le Parlement européen. « Le gouvernement russe est sur une voie autoritaire et se montre sans pitié dans l'affaire Navalny », a-t-il jugé. « Il serait bon de prévoir des sanctions. Je vais user de mon droit d'initiative et je ferai des propositions qui combineront des actions pour lutter contre la désinformation et les cyberattaques », a ajouté le diplomate.