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Amina Lotfi : La lutte pour les droits des femmes gagne en force
Publié dans Hespress le 08 - 03 - 2021

Au Maroc, malgré des régressions accélérées par la crise sanitaire et économique, la conquête de l'égalité des genres, loin d'être gagnée, avance cependant et marque même quelques points, rares certes, mais si importants. On doit cette avancée à toute les femmes marocaines qui portent chacune, en elle, à sa manière, les combats de femmes pour leurs droits. Des droits souvent arrachés et dont on ne dira jamais assez l'importance.
Pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes du 8 mars, Hespress.fr a sollicité une femme de cœur et de combats, Madame Amina Lotfi qui est à la tête de l'Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM), bureau de Rabat nous en dire un peu plus sur cette lutte des femmes pour leurs droits. Organe pivot de l'ONG dotée du statut Consultatif auprès du Conseil Social et Economique des Nations Unis (ECOSOC), décorée au demeurant de l'insigne de chevalier de l'Ordre national de la légion d'honneur de la République française, Amina Lotfi à travers cette sollicitation ne défendra pas que le féminisme mais les féminismes.
Les lutte des femmes s'affirment, s'imposent et gagnent en force mais le contexte reste lourd d'adversité . Qu'en est-il du combat quant à l'éradication des violences masculines ?
Amina Lotfi: La lutte des femmes s'affirme, car il s'agit d'un long processus entamé depuis plus de deux décennies et durant lequel grâce au plaidoyer des associations de défense des droits des femmes, le Maroc a réalisé de nombreuses avancées en matière de promotion et de protection des droits des femmes ».
La lutte pour les droits des femmes s'impose car il ne peut y avoir de développement durable sans une égalité effective entre les citoyens et les citoyennes dans tous les droits . Aussi, la lutte pour la promotion et la protection des droits des femmes doit être l'apanage de toute la société et non seulement des femmes ».
La lutte pour les droits des femmes gagne en force , car notre loi suprême prône l'égalité des sexes dans tous les droits et la lutte contre les violences et les discriminations faites aux femmes. Plus de 18 dispositions y sont consacrées. Notre constitution prône également la primauté des conventions internationales ratifiées par le Maroc. En principe, la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles doit consolider les acquis de ces deux dernières décennies et s'engager dans un processus de réformes juridiques et institutionnelles pour l'effectivité des droits des femme et l'éradication des violences et des discriminations ».
Malheureusement, la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles en matière des droits des femmes, connait une lenteur incompréhensible et désolante. Les quelques initiatives prises, ont mis plusieurs années à voir le jour en raison des tentatives du parti au pouvoir de contourner le référentiel universel relatif aux droits des femmes pour se baser sur le référentiel conservateur qui est contraire et hostile aux droits universels des femmes. Aussi, la plupart des réalisations sont incomplètes ou vagues, car elles ne sont pas assorties de mesures requises pour l'effectivité des droits des femmes.
C'est le cas notamment de la loi 103-13 relative à la lutte contre la violence à l'égard des femmes qui a été adoptée en février 2018. Malgré certains acquis, cette loi ne protège pas toutes les femmes contre toutes les formes de violence et nous demandons sa révision pour les raisons suivantes : elle ne comprend pas les mesures de protection de protection, de réparation, et de sanction notamment à l'encontre des violences domestiques/conjugales contre les femmes (viol conjugal, vol, fraude ...) ; elle ne fait aucune référence à la protection juridique de plusieurs catégories de femmes, notamment les mères célibataires, les migrantes et les femmes à besoins spécifiques, elle restreint le droit des ONG œuvrant pour la défense et la promotion des droits des femmes de se porter de partie civile dans la mesure où elle exige l'obtention d'une autorisation écrite de la victime (ce qui est impossible si la victime est décédée) et le statut de l'utilité publique même extrêmement restrictif . A noter qu'une réforme du code de la famille, ainsi que du code pénal s'impose en vue de leur harmonisation avec la constitution et les engagements internationaux du Maroc.
Ces dernières années , il y a une recrudescence de la violence à l'encontre des femmes aussi bien dans l'espace privé que dans l'espace public. Cette violence est de plus en plus banalisée et fait même l'objet de vidéos diffusées par les agresseurs et leurs complices. Qu'on se rappelle en 2019 , Hanane de Rabat, qui a succombée à ses blessures après avoir été violée et torturée par son agresseur. Khadija de la région de Béni Mellal, a été séquestrée pendant plusieurs semaines, tatouée sur tout le corps et violée et Hayat de Fès, enlevée et brulée vive après un viol collectif. Par ailleurs, la crise découlant de la pandémie, a démontré les défaillances du système en matière de promotion et de protection des droits des femmes.
En période de crise, les femmes sont plus exposées aux régressions. Cette crise que nous traversons peut-elle enclencher le retour à un ordre patriarcal ?
La crise ne peut enclencher le retour à un ordre patriarcal, car comme je vous le disais , l'effectivité des droits des femmes et la lutte contre les violences et les discriminations à leur encontre, sont inscrites dans la constitution. Ce qui veut dire que toutes les lois et politiques publiques doivent prendre en considération le principe de l'égalité des sexes et l'état doit prendre toutes les mesures requises pour l'accès des femmes à la justice, la mise en place de mécanisme de recours, de suivi et d'évaluation et la mise en place d'une stratégie de communication pour la promotion des droits des femmes et la culture de l'égalité.
Par contre, la crise que nous traversons a démontré que la protection et la promotion des droits, exige une réponse globale, concertée et coordonnées entre les différences parties prenantes et qui tienne compte des dimensions "sexo-spécifiques". Cela a toujours été la base des revendications et recommandations des associations féministes en matière de mise en œuvre des dispositions constitutionnelles. Par réponse globale, nous entendons, des mesures législative et institutionnelle qui soient élaborées avec l'implication de la société civile sur la base d'une coordination intersectorielle au niveau national et territorial et une évaluation globale annuelle des avancées, enjeux et des défis à relever. Nous espérons vivement que cette crise, la crise du COVID-19, constitue une occasion pour mieux reconstruire et par conséquent une occasion pour relever les défis pour l'effectivité des droits des femmes et par conséquent, placer les femmes au cœur de la relance.
Que prépare l'ADFM pour la CSW 65 , qui se tient cette année en virtuel du 15 au 26 mars ?
Je souhaiterai tout d'abord présenter brièvement la CSW. La CSW est la Commission de la condition de la femme. C'est un mécanisme de l'ONU qui œuvre pour promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. La CSW est une commission fonctionnelle du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC). Elle est composée de 45 Etats membres des Nations Unies , qui sont élus tous les 4 ans. La CSW organise au siège des Nations Unies, à New York, une session annuelle de dix jours en mars. Cette année, le thème de la Journée internationale des femmes pour les droits des femmes, est « Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». Dans ce cadre, l'ADFM qui est dotée du statut ECOSOC, organisera un événement parallèle pour la présentation du rapport parallèle Beijing + 25 .
Un petit mot sur ce rapport parallèle Beijing + 25
La Déclaration et le Programme d'action de Beijing ont été adoptés lors de la quatrième conférence mondiale sur les femmes en 1995. Ils font partie des principaux documents directeurs sur l'égalité entre les sexes ayant fixé l'agenda international pour l'autonomisation des femmes au cours des vingt dernières années. L'objectif du Programme d'action est d'éliminer tous les obstacles à la participation publique de la femme en mettant en avant 12 « domaines critiques » essentiels à la réalisation de l'égalité entre les sexes et de l'autonomisation des femmes notamment : les femmes et la pauvreté; l'éducation et la formation des femmes; les femmes et la santé, la violence contre les femmes ; les femmes et les conflits armés ; les femmes et l'économie; les femmes et la prise de décisions, les mécanismes institutionnels chargés de favoriser promotion de la femme; les droits fondamentaux des femmes les femmes et les médias, les femmes et l'environnement; la petite fille
La Déclaration et le Programme d'action de Beijing exigent que tous les Etats qui ont ratifié le programme, développent des politiques et des plans d'action à l'échelle nationale décrivant comment ces engagements vont être appliqués dans leur pays. Aussi le Maroc est partie prenante , a ratifié le programme d'action de Beijing en 1995. Par conséquent il est tenu par l'application des feuilles de route qui en découlent , comme il est tenu de faire part des avancées et des réalisations dans les 12 domaines critiques relatifs au programme d'action.
On parle de rapport parallèle, car c'est un rapport qui est produit par les ONG en parallèle à celui du gouvernement. Notre rapport parallèle Beijing + 25 a été réalisé sous la coordination de l'ADFM (qui depuis 2001, coordonne et produit les rapports sur la situation des droits des femmes au Maroc aux organes de traités de l'ONU) ) et la contribution de 76 coalitions, réseaux et ONG féministes de défense des droits humains marocaines. L'objectif de ce rapport est de rappeler nos principales préoccupations et recommandations pour l'effectivités des droits des femmes.
Le processus d'élaboration de ce rapport a été entamé en juillet 2019 par une série de rencontres qui ont permis de nous familiariser avec les particularités du 25ème anniversaire de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing ; analyser le rapport national du gouvernement et de produire notre rapport qui a été transmis à la commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW) qui est une commission fonctionnelle du Conseil économique et social des Nations Unies qui assure le suivi et l'évaluation des progrès réalisés et des problèmes rencontrés dans la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing. L'élaboration de ce rapport n'a pas été facile en raison de la difficulté d'accès à l'information, car le Maroc, ne dispose toujours pas, d'un système d'information officiel en matière d'égalité des sexes qui puisse intégrer de manière globale les statistiques, données permettant de mesurer régulièrement l'évolution de l'égalité des sexes dans les domaines économiques, sociaux, politiques, culturels et environnementaux.
Les départements ministériels produisent très peu de données actualisées en matière d'égalité des sexes . La plupart des données collectées sont produites par les institutions nationales ou internationales. Notre rapport parallèle, retrace les progrès réalisés dans les 12 domaines d'action de Beijing, fait part des défis à relever et présente des recommandations pour l'effectivité des droits des femmes et l'égalité des sexes. A noter que bien que la CSW recommande aux gouvernements d'impliquer les ONG dans l'élaboration du rapport national, le gouvernement marocain n'a pas tenu compte de cette recommandation, puisque nous n'avons pas été impliqués dans l'élaboration du rapport national Beijing plus 25.
Bien dommage ! Mais au sortir de cet entretien on peut se rassurer quant au devenir de la cause féminine et bien que le chemin soit encore long, force est de constater qu'elle est entre de bonnes mains. Aujourd'hui des « Amina Lotfi » se conjuguent en genre et en nombre voire en qualité, simplement parce que les messages d' imminences a l'instar d'une Simone De Beauvoir ont fini par passer. Nous ne retiendrons que celui-ci « Le présent enveloppe le passé et dans le passé toute l'histoire a été faite par des mâles ». Rude combat mesdames !


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