« Africafé » est la nouvelle émission du Policy Center for the New South (PCNS). Pour son premier numéro, ce programme dédié à l'actualité de l'Union africaine et son évolution depuis sa création en 2002, a reçu Khalid Chegraoui, Senior Fellow au PCNS. Durant un échange d'une dizaine de minutes, Khalid Chegraoui, également Vice-Doyen de la Faculté de Gouvernance, Sciences Economiques et Sociales de l'Université Mohammed VI Polytechnique, a retracé l'histoire de l'organisation panafricaine basée à Addis-Abeba depuis sa création en 2002 dans l'esprit d'une Afrique intégrée, prospère et pacifique, avec pour objectif principal de faire montre d'une présence active et dynamique sur la scène internationale. L'amission a ainsi rappelé que l'UA, héritière de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), a décliné ses objectifs dans différents documents (Acte constitutif de l'UA et Protocole sur les amendements à l'acte constitutif de l'UA), et portant notamment sur la réalisation d'une plus grande unité et solidarité entre ses membres, l'accélération de l'intégration politique et socio-économique, la promotion et la défense de positions communes sur les questions d'intérêt pour le continent, entre autres. A ce propos, l'invité a mis l'accent sur les circonstances de création de l'organisation panafricaine comme étant « un projet intellectuel et philosophique avant que ce ne soit un projet politique », notant que l'idée de l'UA avait été amorcée à l'aube du 20ème siècle par les diasporas Afro-Caribéennes et Afro-Américaines dans l'esprit d'un « Back to Africa ». Au gré des années, a-t-il dit, cet ambitieux projet panafricain a été rapatrié en Afrique, principalement en Afrique de l'Ouest, poursuit l'expert dans son flashback, affirmant que l'indépendance du Ghana en 1957, l'émergence du « leadership extraordinaire » de Kwame Nkrumah, Julius Nyerere et Jomo Kenyatta ainsi que la conférence africaine réunie en 1961 à Casablanca sous l'égide de feu Mohammed V sont les étapes phares de la politique unioniste africaine qui aboutira, en 1963, à la création de l'OUA avant d'être remplacée par l'UA. L'UA est l'institution la plus importante du continent en donnant une forme de représentativité à l'international pour le continent et l'ensemble de ses pays membres qui aspirent à marquer par leur présence et leur poids les relations internationales à travers les organes de l'organisation, a-t-il ajouté. Pour ce qui est de l'Agenda 2063 de l'UA, Khalid Chegraoui a indiqué que le plus grand challenge réside dans son exécution, car l'UA dépend principalement des subventions des partenaires internationaux, un défi auquel s'ajoutent, selon lui, les rapports contradictoires entre ses membres eux-mêmes. Pour ce faire, a-t-il estimé, s'impose la transition d'une organisation de représentativité vers une véritable communauté au destin commun sans égard aux considérations nationalistes et souverainistes de certains pays africains qui ralentissent l'avancement de la mise en œuvre de projets, comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Il faudrait en somme « convaincre les africains de leur africanité », a-t-il conclu.