Par la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc, l'Algérie tente de « détourner l'attention des Algériens des problèmes à la maison et se rallier à un ennemi extérieur », analyse le centre de réflexion américain Middle East Institute (MEI). « Le 24 août, l' Algérie a rompu ses relations bilatérales déjà minimes avec le Maroc », prétextant que cela était dû aux « actions hostiles » du royaume , « même au risque de compromettre potentiellement ses exportations énergétiques critiques, consiste à tracer une ligne dans le sable, une réticence totale à laisser au Maroc un quelconque effet de levier », a affirmé la directrice du programme Afrique du Nord et Sahel au sein du MEI, Intissar Fakir. Pour la chercheuse, outre le but d'affaiblir le Maroc, les responsables algériens cherchent à faire d'une pierre deux coups, car il s'agit également d'un « effort pour détourner l'attention du public national des problèmes à la maison et se rallier à un ennemi extérieur ». « En effet, le plus grand défi pour les dirigeants militaires algériens est de convaincre une population repliée sur elle-même que le Maroc représente une menace plus importante pour son bien-être que les défis économiques, politiques et sécuritaires internes », explique l'analyste. L'analyse intitulée « Qu'est-ce qui alimente l'escalade des tensions entre l'Algérie et le Maroc ? », rappelle que « la rancune et la suspicion envers le Maroc nourries par les militaires et l'élite au pouvoir en Algérie sont profondes et remontent au conflit frontalier des années 1960 et aux tensions idéologiques de l'époque de la Guerre froide ». « Les ambitions croissantes du Maroc pour étendre son influence politique et économique régionale restent ainsi alarmantes pour certains au sein de l'armée algérienne », relève l'analyse du MEI. De l'avis du centre américain de réflexion MEI, la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara « a porté un coup » aux efforts algériens pour isoler le Maroc sur cette question. La reconnaissance américaine constitue « une victoire majeure » pour le Maroc, précise le MEI. L'analyste du think tank basé à Washington souligne que l'Algérie affiche « une méfiance extrême à l'égard de la coopération maroco-israélienne croissante », rappelant qu'Alger avait « vivement critiqué » la normalisation des relations entre Rabat et Tel-Aviv et pour cause. L'Algérie est « de plus en plus soucieuse de s'affirmer en tant que puissance régionale après deux années de troubles internes et un retrait encore plus ancien des affaires régionales ».