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Pays-Bas : Le premier ministre sous protection, l'ombre de la Mocro Maffia...
Publié dans Hespress le 29 - 09 - 2021

Aux Pays-Bas, ministres, députés ou magistrats se déplacent souvent seuls, mais des mesures ont été prises au cours des derniers mois à la suite de menaces de la Mocro Maffia. A cet effet, le Premier ministre néerlandais démissionnaire, Mark Rutte, bénéficierait désormais d'une protection rapprochée en raison de rumeurs d'attentat ou d'enlèvement le visant fait savoir le quotidien français Le Monde se référant au quotidien néerlandais De Telegraaf.
Les soupçons se porteraient sur la mafia marocaine de la drogue, la Mocro Maffia indiquait le journal néerlandais lundi, ajoutant que des mi­lieux liés à la grande criminalité auraient envisagé une action spec­taculaire contre le chef du gouver­nement au regard de la traque dont il a fait les frais. En effet, au cours des derniers jours, des indi­vidus auraient effectué des repérages dans le voisinage de Rutte. Tout ce remue-ménage est pris très au sérieux par les services de sécurité néerlandais et le parquet national qui, on s'en doute, ne communiquent guère sur le sujet. Il est dit qu'informations et détails sur ce projet leur seraient parvenus en ce début de septembre. La Mocro Maffia étant réputée dans le pays pour être res­ponsable de nombreux assassi­nats et règlements de comptes aux Pays-Bas et dans le monde est active depuis les années 1990, est composé de plusieurs groupes criminels, pour la majorité de Marocains issus de l'immigration en Belgique et aux Pays-Bas.
Mocro Maffia où la mainmise du crime organisé
Ces groupes entretiennent des relations privilégiées avec les cartels colombiens qui les fournissent régulièrement en drogue (cocaïne) en Europe par les ports d'Anvers (Belgique), Rotterdam (Pays-Bas) et Algésiras (Espagne) avec la complicité de policiers, douaniers et politiciens corrompus. Le dernier rapport d'Europol « Cocaïne Insights, le trafic de cocaïne de l'Amérique latine vers l'Europe, des oligopoles à l'accès pour tous » rédigé conjointement avec l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et publié le 7 septembre, est venu do­cumenter le nouveau paradigme des routes de la cocaïne en Europe. Le document expli­que que « l'épicentre du marché de la cocaïne en Europe s'est déplacé vers le nord », supplantant l'Espagne en tant que principale voie d'entrée dans l'Union, faisant de « la Belgique la porte d'entrée prin­cipale de la drogue vers les Pays-­Bas, puis l'Europe ».
Pour nous autres de ce côté-ci de la rive, Mocro Maffia s'est manifestée au Maroc dans la fusillade qui a visé et tué par erreur un étudiant en médecine et fils d'un juge, confondu avec la cible de l'attaque qui était le propriétaire du café La Crème à Marrakech, ainsi que blessé sa collègue également étudiante en médecine. Deux de ses membres les Néerlandais Edwin Gabriel Robles Martinez, d'origine dominicaine, et Shardyone Girigorio Semerel, d'origine surinamienne ont été condamnés à mort au Maroc. Le commanditaire de cette tuerie considéré comme le cerveau de cette affaire macabre le maroco-néerlandais Ridouan Taghi dit le ''roi de la mort'' avait été arrêté à Dubaï et extradé aux Pays-Bas. Son bras droit le maroco- néerlandais Saïd Razzouki suspecté d'avoir organisé ou orchestré ou être carrément l'auteur de plus d'une vingtaine d'assassinats, attentats et kidnappings qui lui avait succédé a fini lui aussi par être rattrapé par la justice, mais en Colombie où il a été arrêté à Medellín non sans avoir tenté de s'enfuir en compagnie deux membres du Clan del Golfo, l'organisation qui le protégeait depuis de nombreux mois durant dans ce pays d'Amérique latine. Il avait été blessé lors de son interpellation.
Mocro Maffia ou l'omerta à la néerlandaise
Aux Pays-Bas pour en revenir au Premier ministre néerlandais, c'est un « dans bouche cousue n'entre mouche » sur les mesures mises en place afin d'assurer la protection du Premier ministre. Curieusement cela fait penser à la signification de Mocro Maffia, « Celui qui parle mourra », c'est aussi le nom par lequel les autorités néerlandaises et belges néerlandophones désignent les organisations marocaines du Benelux. Le terme est devenu célèbre et public par le Néerlandais Marijn Schrïver à la suite de la publication de son célèbre livre Mocro Maffia sorti en 2014. Le terme « Mocro » était déjà existant depuis la fin des années 1990 pour désigner un Marocain issu de l'immigration aux Pays-Bas ou en Belgique. Cependant, le terme Mocro-maffia comprend également une minorité d'individus qui sont d'origine surinamaise ou antillaise.
L'assassinat, en juillet dernier, à Ams­terdam, d'un célèbre journaliste d'investigation, Peter R. de Vries, par deux tueurs très vraisembla­blement liés à la « Mocro Maffia », a eu l'effet d'un électrochoc pour les autorités. La Mocro Maffia a aussi ordonné l'assassinat, en 2019, d'un avocat d'Amsterdam, Derk Wiersum, spécialisé dans le crime organisé et les réseaux de trafic de drogue. Il était surtout le défenseur de Nabil B., un repenti qui avait livré à la police des informations­ clés sur le chef de la mafia maro­caine, Ridouan Taghi, en échange d'une peine réduite. Le frère de Nabil B. a été assassiné en 2018. Lundi 20 septembre, tous les regards étaient tournés vers la Mocro Maffia à l'origine d'innombrables règlements de comptes aux Pays-­Bas et en Belgique. Dix-­sept de ses membres sont actuellement jugés dans une enceinte ultra-sécurisée de la banlieue d'Amsterdam à l'occasion d'un procès dans une atmosphère très tendue.


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