La demande de créer une mission parlementaire pour examiner dans les détails la subvention étatique de la farine de blé tendre, a été approuvée par le Bureau de la première chambre. Demain, mardi 4 décembre, ses objectifs précis, ses prérogatives et sa composition seront connus après la tenue d'une réunion de la Commission des finances. Zoom. Suite aux rebondissements rocambolesques de la mission d'information sur les hydrocarbures, et dont les recommandations du rapport final ont été discutées en séance plénière, sans passer par le vote d'une loi sanctionnant les exactions constatées depuis la libéralisation de ce secteur, la Commission des finances de la première Chambre se penchera le 4 décembre, sur le cas de la farine de blé tendre subventionné par l'Etat. Séparer le bon grain de l'ivraie Denrée essentielle faisant partie du régime alimentaire des Marocains, la farine de blé tendre a fait l'objet de nombreuses questions orales dans l'hémicycle, jusqu'à devenir un marronnier, sans que ces interpellations ne soient suivies de mesures concrètes. Ainsi a été à maintes reprises rapporté que cette farine bénéficie à des catégories sociales initialement non-éligibles, se vendant de surcroît sur des marchés extérieurs à la zone qui leur avait été allouée. Dépositaire de la proposition de création de cette mission d'information en juin dernier, le député PAM Hicham M'hajri nous expliquait que l'objectif sera d'examiner le mode de gestion de cette subvention (1.08 milliard de dirhams en 2017). L'autre enjeu étant d'évaluer le système de ciblage des couches sociales défavorisées. Qui fera quoi ? Reste aussi à savoir quelle sera la composition des membres de la mission d'information. Le règlement intérieur du parlement voudrait qu'elle soit constituée de 13 députés. « La Commission des finances est présidée par le PJD. Et la présente initiative vient du PAM mais généralement, nous essayons de travailler sous une forme d'alternance, vu que le PJD a présidé la mission d'information sur les hydrocarbures il y a quelques mois », nous explique aujourd'hui Hicham M'hajri. « Nous convoquerons tous les intervenants du secteur. Du ministre de tutelle aux responsables dans l'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL). Mais aussi, les distributeurs pour discuter des cas de certaines provinces qui échappent à tout contrôle », envisageait-il, sans pour autant se prononcer pour la levée de subvention. Lui et son groupe parlementaire tablent sur la définition claire de critères d'identification des couches sociales concernées. Une question de régions Le gouvernement, à travers le ministère des Affaires générales et de la Gouvernance, a établi qu'il existe bel et bien des déséquilibres dans la distribution de la farine de blé tendre subventionnée par la Caisse de compensation. Ministre chargé des Affaires générales, Lahcen Daoudi s'était saisi du dossier en soulignant qu'« il constituait une source de préoccupation pour le gouvernement, en raison des coûts financiers élevés, des déséquilibres liés à la qualité des produits et des problèmes qui en résultaient ». Outre le non-respect des mesures de qualité de la farine de blé tendre par des minoteries dans différentes régions du royaume, la question du ciblage des couches sociales défavorisées et de la transparence autour des critères d'identification des bénéficiaires pose également problème. Le processus de production étant l'œuvre de minoteries réparties selon des quotas régionaux, déterminés par un comité ministériel avec le département des Affaires générales à sa tête. L'élu dépositaire de la demande ne s'en cache pas, cette mission d'information intervient également car les circonscriptions où sont élus les parlementaires du PAM, sont directement concernées par la subvention de farine. « Nous représentons un ensemble de provinces souffrant de pauvreté et de vulnérabilité et constatons les difficultés des citoyens qui s'approvisionnent en farine subventionnée, notamment en termes de qualité et de distribution », justifie Hicham El M'hajri.