C'est une des données fondamentales de l'évolution de l'approche diplomatique internationale de la guerre que mène Israël à la Bande de Gaza alors qu'elle s'apprête à finir son quatrième mois. L'Union européenne change de ton face aux autorités israéliennes, et particulièrement son Premier ministre Benjamin Netanyahou. Avec ce message d'une clarté sans équivoque: Il faut non seulement que cette guerre s'arrête, mais l'indispensable solution pour qu'elle ne reprenne pas, c'est celle des deux Etats, Israël dans ses frontières sûres et sécurisées et Palestine comme foyer national garantissant les droits du peuple palestinien. Cette position européenne tranchée pour une fois, n'est pas le fruit du hasard. Elle s'est construite en réaction à la stratégie du Premier ministre israélien qui voulait profiter des massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre pour tenter d'éradiquer de la carte des conflits la cause palestinienne. Une vengeance militaire aveugle qui frappe massivement les civils palestiniens sans distinction, faisant un nombre très élevé de victimes. En réponse aux tentatives européennes de tenter de faire baisser la tension et d'arrêter la guerre, Israël a opposé une fin de non recevoir avec le prétexte de devoir d'abord réaliser des objectifs stratégiques comme la destruction et l'éradication totale du Hamas. Certaines voix ont beau expliquer à Benjamin Netanyahou que cet objectif est non seulement irréalisable dans l'immédiat mais que cela demande d'envisager une guerre et confrontation sanglante de plusieurs années. Dans le brouhaha des armes et des pertes humaines de part et d'autres, est apparue une volonté diabolique de profiter de cette guerre pour mettre fin définitivement à la question palestinienne. Des voix gouvernementales israéliennes et non des moindres ont déroulé des scénarios catastrophes de transferts de populations, aujourd'hui de la bande de Gaza vers le Sinaï égyptien et demain la population de la Cisjordanie vers la Jordanie. Face aux sollicitations de la communauté internationale, Netanyahou avait donné cette impression d'épouser cette vision messianique et mythologique du conflit entre Israéliens et Palestiniens. Pour les précieux alliés d'Israel, que sont l'administration américaine et l'Union européenne, se taire face à cette perception obsessionnelle de la direction israélienne équivaut à devenir complice d'un tel plan, avec tout ce que cela implique comme permanence de guerre et risques de déflagration régionale. Ni Washington ni Bruxelles ne veulent apparaître comme des puissances qui bénissent cette stratégie israélienne d'annihiler la cause palestinienne. Et parce que ce différent existe et monte en puissance que les relations entre le président Joe Biden et le Premier ministre Netanyahou sont décrites comme exécrables et que l'Union européenne a commencé à froncer les sourcils face Israël. Il est vrai que pour cause de divergences internes, l'Europe est dans l'incapacité de publier un communiqué commun exigeant un cessez le feu immédiat, mais la plupart de ses membres les plus influents ont adopté la solution des deux Etats au point d'en faire le slogan-solution du moment. L'Union européenne y croit tellement que certains pensent organiser une rencontre internationale pour la discuter, la mettre en pratique même en l'absence de la participation d'Israel. Il est acquis qu'une telle initiative ne se fera pas dans ces conditions, mais en parler dans ces termes vise à souligner la détermination de l'Union européenne face à cette crise. Et cette détermination est motivée par une seule idée : si pas d'Etat Palestinien, que fait de cette population ? La guerre permanente ? Le transfert inévitable ? Sur cette question de la nécessité d'un Etat palestinien indépendant, Benjamin Netanyahou a mis Israël dans une situation d'isolement international inédit. Aucune puissance ne valide ses choix expansionnistes qui nient aux palestiniens le rêve d'un foyer national. L'Amérique, l'Europe, le monde arabe, les mondes africains et asiatiques sont tous unanimes à percevoir la solution des deux Etats comme la plus susceptible de garantir la paix et la sécurité. Seuls Benjamin Netanyahou et ses ministres de l'ultra-droite religieuse prêchent dans le désert leurs fantasmes de domination. L'intérêt du récent positionnement américain et européen sur la solution des deux états souligne le grand isolement d'Israel. Il est inimaginable que dans ces conditions, Netanyahou, déjà contesté sur le plan politique et sécuritaire interne, puisse gagner cette partie de bras de fer contre une communauté internationale plus convaincue que jamais que la construction d'un État national palestinien est non seulement une justice pour les palestiniens mais aussi une garantie de sécurité pour Israël et sa population