Reporters sans frontières (RSF) a publié ce mardi son rapport au titre de l'année 2018, qui comprend aussi le classement par pays. Le Maroc a perdu 2 places pour caracoler dans l'Index mondial de la liberté de la presse 2018, au 135è rang/180, alors qu'il était 133è en 2017. Au plan régional, le Maroc est deuxième après la Tunisie (97) et juste devant l'Algérie (136), mais bien devant l'Egypte qui pointe, comme en 2017, à la 161è place et est considérée comme l'une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes, ou encore la Libye (162) et qui se vide de ses journalistes. Le Maroc est notamment taclé sur « les pressions judiciaires accrues sur les journalistes ». RSF estime à cet égard qu' »outre les procès qui ont eu lieu ces dernières années contre un certain nombre de personnalités des médias, l'année a été marquée par de nombreuses autres harcèlements judiciaires à l'encontre de journalistes au Maroc ». L'ONG rappelle dans son rapport que « les autorités ont délibérément obstrué les médias nationaux et étrangers qui tentaient de couvrir les manifestations dites de Hirak dans la région du Rif, dans le nord du Maroc. Des poursuites ont été engagées contre des journalistes professionnels et citoyens, plusieurs journalistes étant actuellement emprisonnés et condamnés à des peines d'emprisonnement et à des amendes. Plusieurs reporters étrangers ont été expulsés ». Sur un plan plus global, RSF souligne que 80 journalistes ont été tués en 2018 à travers le monde pour avoir exercé leur mission d'information contre 65 un an plus tôt. Sous le titre « les violences contre les journalistes repartent à la hausse en 2018 », RSF précise que durant l'année écoulée 80 journalistes ont été tués, 348 sont actuellement en détention et 60 sont otages soit « des chiffres en hausse qui traduisent une violence inédite contre les journalistes''. Selon RSF, plus de la moitié des journalistes tués en 2018, ont été « sciemment visés et assassinés, à l'instar de l'éditorialiste saoudien Jamal Khashoggi, assassiné au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre, et du journaliste slovaque Jan Kuciak tué le 21 février ». Avec 15 morts, l'Afghanistan est cette année le pays le plus meurtrier pour le journalisme, suivi par la Syrie (11) et le Mexique (9), pays en paix le plus dangereux pour les journalistes. Selon l'ONG internationale, ''le nombre de journalistes détenus dans le monde est lui aussi en hausse : 348 contre 326 en 2017, ajoutant que le nombre d'otages a lui aussi augmenté de 11% avec 60 journalistes captifs à ce jour contre 54 l'an dernier. Cinquante-neuf d'entre eux sont retenus au Moyen-Orient (Syrie, Irak et Yémen), indique RSF. Pour Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, « les violences contre les journalistes atteignent un niveau inédit cette année, tous les voyants sont au rouge''. « La haine contre les journalistes proférée, voire même revendiquée, par des leaders politiques, religieux ou des businessmen sans scrupules a des conséquences dramatiques sur le terrain et se traduit par une hausse inquiétante des violations à l'égard des journalistes. Démultipliés par les réseaux sociaux, qui portent à cet égard une lourde responsabilité, ces sentiments haineux légitiment ces violences et affaiblissent, un peu plus chaque jour, le journalisme et, avec lui, la démocratie », estime-t-il. Autre faits notables pour RSF : – Près de la moitié des journalistes se sont fait tuer dans des pays en paix, comme le Mexique (9 journalistes assassinés, 3e pays le plus dangereux), l'Inde (6 morts) et les Etats-Unis (6 morts) qui font leur entrée dans ce sombre palmarès après la fusillade sanglante contre la rédaction du Capitol Gazette. – Cinq pays détiennent à eux seuls plus de la moitié des journalistes emprisonnés : l'Iran, l'Arabie saoudite, l'Egypte, la Turquie et la Chine, plus grande prison de journalistes du monde avec 60 journalistes détenus, dont les trois quarts sont des non-professionnels.