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La Marche Verte ou la métaphore de la marche en avant
Publié dans Hespress le 05 - 11 - 2024

Il y a des événements que nous avons vécus dans notre passé et qui ont été tellement déterminants au point qu'ils nous ont fait franchir le pas et basculer dans la politique. Chaque génération pourrait identifier un évènement marquant dans sa vie, graver dans sa mémoire son premier évènement important, déclencheur, fondateur et inoubliable.
La proclamation de l'indépendance, une manifestation étudiante, une campagne électorale, un tremblement de terre, une tentative de coup d'État, un attentat terroriste. Pour ma part, c'était la Marche Verte qui a marqué un tournant inoubliable dans ma vie. J'avais quatorze ans lorsque j'ai été témoin d'un moment historique qui est venu secouer la quiétude régnante de la ville de Tétouan, pendant quelques jours inoubliables de cet automne de l'année 1975.
Je me souviens parfaitement de cet immense rassemblement des élèves de tous les établissements scolaires de la ville au stade de Saniat R'mel. Une grande manifestation spectaculaire a été organisée par les autorités locales pour saluer le départ des participants à la Marche Verte. La ferveur collective était palpable et contagieuse, des milliers de volontaires, dans des dizaines de bus et de camions, tenant un Coran à la main, brandissant le drapeau national tout en s'apprêtant à marcher pacifiquement vers notre Sahara.
Cet événement a éveillé en moi pour la première fois un profond sentiment d'identité nationale et de fierté d'appartenance à la Patrie. J'ai compris l'importance de la participation citoyenne, la portée de l'autorité, l'efficacité de l'ordre, la valeur de l'organisation et la force de la mobilisation collective, ce qui a profondément marqué pour toujours ma perception de l'engagement politique.
La marche verte a toujours été conçue comme un moment à part de ma mémoire. C'est en quelque sorte l'origine de ma conscience politique, le point de départ de ma citoyenneté, la Terre, le Roi, le droit, le drapeau, le peuple, la nation, l'occupation. Toute ma vie politique et intellectuelle sera désormais référée à cet événement. L'enthousiasme pour la participation, le goût pour l'engagement, la passion pour la patrie, la motivation pour agir, pour servir et accomplir quelque chose, l'engouement pour la marche, pour marcher vers, marcher contre, marcher pour.
Avec ses sons saisissants, ses images évocatrices, ses vibrantes sensations, la marche verte fut et restera dans ma mémoire, un temps privilégié de la rencontre entre le roi et le peuple, le Roi décide, il mobilise, adresse un discours à la Nation et lance avec toute sa détermination une marche pacifique pour libérer les provinces sahariennes de l'occupation espagnol. Une marée humaine s'engage avec toute sa ferveur patriotique à marcher vers le sud du Royaume.
« À peine avions-Nous annoncé Notre décision d'entreprendre cette Marche bénie que tu t'es porté d'un même élan pour répondre à Notre appel. Du reste, cette noblesse a toujours été ton apanage ». C'est la symbiose qui unit indéfectiblement le Trône et le peuple, mais c'est également le dévouement du peuple à son pays et l'attachement à son intégrité territoriale. « Laâyoune m'appartient, Sakia EL Hamra m'appartient et la rivière est à moi. On marche en paix, Dieu, le Prophète et le Coran sont avec nous".
La Marche verte n'est pas un événement glorieux d'autrefois, mais une réalité toujours vivante. Sans cesse, les Marocains sont invités à revenir à cet événement historique comme à une source inépuisable de leur singularité remarquable, de leur identité nationale. Comme une intense vitalité métaphorique qui les incite à marcher, sans jamais oublier que la marche est une affaire de souffle et de jambes, de lieu et d'horizon et, parfois, de philosophie.
À l'instar de la Marche du Sel du Mahatma Gandhi en 1930 et de la Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté de Martin Luther King en 1963, la Marche Verte de Hassan II sur les provinces sahariennes du Maroc, a constitué un tournant décisif dans l'histoire moderne du Royaume et un moment fort de la conscience nationale du peuple marocain.
Elle a été et restera le symbole absolu de la symbiose qui unit indissolublement le Trône et le Peuple ; mais également une source inépuisable d'inspiration pour le développement et le progrès comme l'a bien souligné Sa Majesté le Roi Mohamed VI l'année dernière, dans son discours à l'occasion du 48e anniversaire de la Marche Verte, en déclarant que « fidèles à son serment immortel, nous poursuivons les marches du développement, de la modernisation et de l'édification« .
Écoutant les discours de SM le Roi Mohamed VI, nous pouvons bien apprécier tout ce que la Marche Verte devrait nous inspirer comme métaphore de la marche en avant, du mouvement proactif, du dynamisme innovateur et des barrières à abattre, pour renforcer notre intégrité territoriale, la consolidation de la dimension atlantique du Royaume, ainsi que le progrès et la modernité de notre pays.


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