Lors des Atlantic Dialogues 2025, Pedro Seabra a livré sa vision sur l'avenir du multilatéralisme dans l'espace atlantique. Pour le spécialiste portugais, une certitude s'impose: « Le futur de l'Atlantique sera multilatéral ». Mais une inconnue demeure tout aussi centrale : « Nous n'avons aujourd'hui aucun consensus sur la forme que ce multilatéralisme doit prendre ». Un multilatéralisme indispensable mais fragilisé Selon Pedro Seabra, malgré les tensions, les ruptures et l'érosion de confiance entre Etats, la coopération interrégionale restera incontournable pour faire face aux défis communs : sécurité, climat, énergie, transformations économiques ou encore gouvernance numérique.« Le multilatéralisme restera fondamental et instrumental pour résoudre des enjeux qui nous affectent tous », insiste-t-il. Mais il pointe un paradoxe majeur : alors que la nécessité de coopération s'intensifie, les outils existants se fissurent. Les organisations régionales — UE, UA, CEDEAO, OEA — sont contestées ou fragilisées. « Nous étions très attachés aux institutions régionales, car elles ont longtemps fonctionné. Mais elles sont aujourd'hui concurrencées par d'autres options », explique-t-il. Un constat qui reflète un paysage international fragmenté, marqué par la montée des solutions ad hoc, des alliances flexibles et des coalitions opportunistes. Le Maroc, acteur clé d'un multilatéralisme renouvelé Dans ce contexte d'incertitude, Pedro Seabra voit émerger un nouveau rôle pour le Maroc. « Le Maroc joue un rôle important en offrant des options nouvelles du point de vue multilatéral », affirme-t-il. La tenue même des Atlantic Dialogues en est, selon lui, une démonstration concrète : « Ces discussions des Atlantic Dialogues montre comment nous pouvons provoquer un débat multilatéral, confronter des visions différentes et ouvrir la voie à de nouvelles solutions ». Le think tank marocain Policy Center for the New South, organisateur de la conférence, apparaît ainsi comme un laboratoire d'idées et un espace de diplomatie intellectuelle permettant de tester de nouveaux modèles de coopération atlantique. « Nous ne pourrons pas échapper à la contribution du Maroc. C'est une certitude », insiste-t-il. Pour Pedro Seabra, l'un des enjeux majeurs des prochaines années sera d'esquisser un nouveau cadre multilatéral, plus flexible, plus inclusif et mieux adapté à un monde multipolaire. Mais l'heure n'est pas encore venue du consensus. « Nous attendons toujours un accord clair sur la manière dont ce nouveau multilatéralisme atlantique devra fonctionner », reconnaît-il. Entre institutions traditionnelles en recomposition et nouveaux formats de coopération plus agiles, l'Atlantique se cherche encore, mais avance.