a appris, de sources bien informées, que des agents relevant des services de contrôle de l'Office des changes ont récemment accéléré la demande de documents et de pièces justificatives auprès d'organismes de surveillance financière dans plusieurs pays européens. Cette démarche s'inscrit dans le cadre des accords et protocoles bilatéraux d'échange d'informations financières, conclus entre le Maroc et ces États partenaires, en lien avec des activités suspectes menées par des entreprises fondées par des Marocains résidant à l'étranger (MRE). Ces derniers ont obtenu, sur la base de ces entités, des titres de séjour mentionnant une activité « affaires » (Cartes de séjour affaires). Selon les sources de Hespress, des rapports et signalements émanant de multiples canaux ont incité les gendarmes du change à collaborer étroitement avec l'Autorité nationale du renseignement financier, afin de vérifier si des transferts effectués à travers les comptes bancaires de ces sociétés étaient liés à des opérations organisées de blanchiment d'argent. Les investigations en cours concernent des entreprises installées notamment en France, en Espagne, au Portugal et aux Pays-Bas, dont le capital est détenu, en tout ou en partie, par des ressortissants marocains. Certaines de ces sociétés ont déjà fait l'objet de notifications de soupçon et de demandes d'informations de la part des autorités de surveillance financière des pays mentionnés. Ces demandes visent essentiellement à identifier les gestionnaires de ces entités ainsi que leurs éventuelles connexions avec des personnes ou structures établies au Maroc. Les agents de l'Office des changes ont ainsi été conduits à orienter leurs recherches vers des cabinets de conseil et d'expertise, localisés principalement au Portugal et dirigés par des avocats. Ces cabinets ont facilité la création de sociétés par des Marocains, leur permettant dans la foulée d'obtenir des cartes de séjour pour motif professionnel. Les activités déclarées par ces entreprises couvrent des secteurs tels que l'import-export, les services ou encore la distribution. Les mêmes sources révèlent que l'examen des déclarations transmises à l'Office des changes par des Marocains résidant à l'étranger au cours des quatre dernières années n'a permis d'identifier aucune déclaration en lien avec les sociétés actuellement ciblées par l'enquête. Les contrôleurs ont donc entamé des recherches pour établir l'identité des gestionnaires de ces entreprises ainsi que des actionnaires marocains, en vue d'évaluer leur situation juridique, fiscale et financière au Maroc. Cette démarche s'effectue en coordination avec les services de la Direction générale des impôts et ceux de l'Administration des douanes et impôts indirects. Ces investigations ont déjà permis de rassembler des éléments significatifs, révélant que plusieurs des prétendus « investisseurs » concernés ne justifient d'aucune activité commerciale passée, ni de rôle de gestion ou de participation dans des sociétés installées sur le territoire national. Les personnes ciblées par ces enquêtes n'ont pas non plus été identifiées dans le cadre de la procédure de « régularisation spontanée des avoirs et biens détenus à l'étranger », dont le délai de dépôt des déclarations s'est achevé le 31 décembre dernier. Cette opération a permis la déclaration d'un montant global de plus de deux milliards de dirhams, répartis sur 658 déclarations. Ces avoirs se déclinent entre actifs financiers, biens immobiliers et liquidités. Les actifs financiers constituent la part principale des biens déclarés, avec une valeur de 916,2 millions de dirhams, soit 45 % du montant total. Viennent ensuite les biens immobiliers, pour un montant de 868,3 millions de dirhams (43 %), tandis que les liquidités arrivent en dernière position, avec un volume de 244,7 millions de dirhams, représentant 12 % de l'ensemble des montants déclarés au titre de cette opération de régularisation, à la date de clôture fixée à fin 2024. Selon les informations obtenues par Hespress, les rapports et signalements adressés aux services du Bureau des changes contiennent des données particulièrement sensibles, faisant état de liens entre certaines entreprises et des opérations de blanchiment d'argent issues de l'immigration clandestine et du trafic international de stupéfiants. Les sources précisent que des réseaux spécialisés dans le blanchiment — dirigés par des avocats et des comptables détenteurs de nationalités européennes — exploitent les identités de Marocains, majoritairement des femmes, pour la création de sociétés fictives. Ces sociétés servent ensuite de base pour l'obtention de cartes de séjour, dans une tentative manifeste de tromper les systèmes de contrôle internationaux des pays d'accueil de ces prétendus investissements.