Accusés de spéculation foncière, des présidents de communes sont suspectés d'avoir cédé, à vil prix, des terrains publics à des promoteurs privés sous couvert d'encourager l'investissement, ce qui a poussé le ministère de l'Intérieur à ouvrir une série d'enquêtes. Selon des sources bien informées de Hespress, des commissions d'inspection dépêchées par le ministère de l'Intérieur ont mis au jour des pratiques douteuses dans la gestion du patrimoine foncier communal dans les régions de Casablanca-Settat, Marrakech-Safi et Fès-Meknès. Plusieurs présidents de communes sont ainsi soupçonnés d'avoir procédé à des cessions illégales de biens immobiliers appartenant aux collectivités territoriales, à des tarifs largement en deçà de ceux du marché. Les justifications avancées, notamment la volonté d'encourager l'investissement, peinent à masquer ce qui semble être une stratégie de bradage systématique du foncier communal. Des opérations d'audit ont révélé que bon nombre de ces terrains ont été exploités, non pas pour des projets d'intérêt général, mais pour des programmes immobiliers privés hautement rentables. Des interrogations précises ont été adressées aux élus mis en cause, portant sur la violation des procédures de cession, la manipulation de contrats de compensation, ou encore l'octroi préférentiel de terrains à des promoteurs proches du pouvoir local, ont indiqué les mêmes sources. Des cas de corruption passive, via le versement de commissions déguisées, ont également été évoqués. En outre, les rapports d'inspection mentionnent l'inaction de certains présidents face à l'occupation illégale de biens communaux, ainsi qu'à des arriérés de loyers impayés depuis plusieurs années. D'autres ont omis de résilier des contrats de location conclus en conflit d'intérêts avec des élus, des conseillers ou des fonctionnaires communaux. Face à cette situation, la Direction des biens du ministère de l'Intérieur a adopté une stratégie de sauvegarde du patrimoine foncier collectif, fondée sur le recensement exhaustif et la généralisation de la procédure de titrisation foncière. En parallèle, un plan de lutte contre la spéculation et les détournements a été déclenché.