Face à l'isolement grandissant de ses thèses sur le Sahara, le régime algérien met tous ses œufs dans le panier de John Bolton, cantonné dans les recoins poussiéreux de Washington, pour plaider sa cause. Et celui-ci livre un conseil aussi absurde que révélateur : "offrir un incitatif à Trump" pour qu'il abandonne la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine. La scène a quelque chose de tragiquement burlesque : incapable de rallier une voix sérieuse ou influente à ses thèses sur la question du Sahara marocain, le régime algérien s'en remet une nouvelle fois à John Bolton, l'ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, connu autant pour ses échecs diplomatiques que pour son ressentiment personnel à l'égard du Maroc. L'interview qu'il vient d'accorder au journal espagnol El Independiente est sa troisième sortie médiatique en quelques mois, et comme les précédentes, elle est relayée avec enthousiasme par la presse algérienne, comme s'il s'agissait de la révélation de l'année. Que dit Bolton ? Rien de neuf. Il ressasse son attachement obsessionnel à un référendum devenu depuis longtemps obsolète et tente de présenter le polisario comme une organisation pacifique victime d'un complot imaginaire. Mais cette fois, il ajoute une "idée" aussi saugrenue que révélatrice : selon lui, Donald Trump pourrait revenir sur la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara s'il recevait un "incitatif". En clair, il suffirait de donner quelque chose à Trump pour le faire changer d'avis. Ce conseil grotesque, qu'Alger semble prendre au sérieux, en dit long sur la faillite intellectuelle et politique du lobbying algérien. Le régime militaire, qui a englouti des milliards dans sa guerre diplomatique contre Rabat, n'a plus que Bolton comme porte-voix, un personnage que Trump lui-même a qualifié publiquement de "la personne la plus stupide qu'il ait jamais rencontrée". Et c'est cet homme que les relais d'Alger brandissent comme une référence morale et stratégique ! Pire encore : Bolton suggère qu'un projet immobilier ou touristique sur la côte atlantique pourrait séduire Trump, et ainsi le convaincre de défendre l'option référendaire. On imagine la scène : des officiels algériens approchant la Trump Organization avec une promesse de casino à Dakhla en échange d'un retrait de la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara. La diplomatie transformée en sitcom. Cette vision grotesque reflète bien le désespoir d'un régime qui peine à trouver la moindre crédibilité dans sa croisade diplomatique contre le Maroc. Dans ce désert d'arguments qui caractérise la position algérienne, cette sortie pathétique est finalement cohérente. N'ayant ni légitimité historique, ni crédibilité diplomatique sur le dossier du Sahara, Alger se raccroche à ce qu'il trouve. Quitte à s'offrir les services d'un ancien faucon de Washington en mal de pertinence, dont les "idées" n'intéressent plus personne aux États-Unis. Sauf, peut-être, un régime qui tourne en rond depuis cinquante ans autour d'une illusion chimérique.