Seul pays de la région MENA à avoir introduit les trois vaccins essentiels, contre le rotavirus, le pneumocoque et le papillomavirus humain, le Maroc fait figure d'exception parmi les pays à revenu intermédiaire. Alors que l'introduction de vaccins reste lente et inégale dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), le Maroc se distingue. C'est ce que révèle une étude publiée ce lundi 4 août par un collectif d'experts de l'UNICEF MENA, de Triangulate Health et d'institutions partenaires. Le document examine les progrès et obstacles rencontrés dans sept pays à revenu intermédiaire de la région, dont l'Algérie, l'Égypte, l'Iran, la Jordanie, le Liban, la Tunisie et le Maroc. L'étude porte sur trois vaccins jugés prioritaires : celui contre le rotavirus, responsable de diarrhées sévères ; le vaccin antipneumococcique conjugué (PCV), qui protège contre les infections respiratoires aiguës ; et le vaccin contre le papillomavirus humain (HPV), lié au cancer du col de l'utérus. Le Maroc est le seul pays à avoir introduit les trois dans son programme national, tandis que l'Égypte, pourtant éligible à un soutien de Gavi, ne les a pas encore intégrés. Financement public, couverture élevée Le Royaume a opté pour un financement national de ces vaccins, sans attendre les mécanismes d'aide internationale. Résultat : des taux de couverture impressionnants. En 2023, le vaccin contre le rotavirus atteignait 98 % de couverture ; celui contre le pneumocoque, 98 % également. L'introduction du vaccin HPV, réalisée en 2022, vise les filles âgées de 11 ans. Si la couverture reste encore modeste, elle marque une première dans la région. L'étude note par ailleurs que le Maroc a sécurisé son approvisionnement en PCV13 grâce à un accord avec la firme chinoise Walvax, renforçant sa souveraineté vaccinale. Cette approche volontariste contraste avec celle de pays voisins où l'introduction des vaccins reste limitée au secteur privé, avec des prix pouvant aller jusqu'à 160 dollars la dose, comme en Jordanie. Un modèle de gouvernance sanitaire Dans un environnement régional marqué par les tensions politiques, l'instabilité économique et la pression migratoire, le Maroc montre qu'un cadre politique cohérent et une planification rigoureuse peuvent faire la différence. Alors que des pays comme la Jordanie ou la Tunisie peinent à intégrer certains vaccins malgré des recommandations techniques favorables, Rabat a agi vite et efficacement. L'étude souligne également les défis encore à relever au Maroc, notamment autour de la sensibilisation au HPV. Malgré l'introduction du vaccin, la connaissance du lien entre papillomavirus et cancer du col reste insuffisante dans une partie de la population. Le Royaume devra donc poursuivre ses efforts pour renforcer l'adhésion sociale. Un leadership régional à consolider L'analyse suggère que le Maroc pourrait inspirer ses voisins. Son expérience prouve qu'il est possible, même sans appui extérieur, d'implémenter efficacement des programmes de vaccination contre des maladies évitables. L'enjeu est d'autant plus important que les enfants représentent jusqu'à 50 % des populations déplacées dans la région, alors même que leur taux de vaccination reste bien inférieur à celui des populations hôtes.