Plus de 830 millions de dirhams transférés vers des pays africains font l'objet d'un audit approfondi. Des soupçons pèsent sur des pratiques irrégulières liées au non-rapatriement de bénéfices, à des sociétés offshore et à des paradis fiscaux, apprend-on de nos sources. L'Office des Changes a intensifié ses opérations de contrôle sur les investissements réalisés par des entreprises marocaines dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne. Cette mobilisation intervient après la détection d'anomalies et d'indices laissant présager de potentielles infractions à la réglementation des changes, notamment des retards ou absences de rapatriement de bénéfices et des transferts douteux vers des destinations à fiscalité avantageuse. Selon des sources bien informées de Hespress, l'équipe de contrôle de l'Office procède à des audits qualitatifs sur les documents relatifs à des opérations d'investissement déclarées, en particulier dans les secteurs du BTP, des travaux publics et des technologies. Ces vérifications ont mis en évidence des écarts significatifs entre les montants transférés depuis le Maroc et les justificatifs fournis, comme les factures ou les contrats d'exécution. Certaines entreprises ont tenté de justifier ces écarts par des litiges juridiques avec des partenaires locaux, notamment des entités publiques africaines, ou par la lenteur de rentabilisation des projets. D'autres avancent la réutilisation des bénéfices pour l'expansion de leurs activités, appuyée par des pièces comptables. Toutefois, ces éléments n'ont pas suffi à convaincre les contrôleurs dans de nombreux cas. Plusieurs opérateurs n'ont pas été en mesure de démontrer, dans les délais légaux, la destination et l'utilisation effective des fonds transférés. Dans certains dossiers, les investisseurs ont même présenté des documents attestant de déficits dans leurs comptes. Certains d'entre eux résident désormais de manière quasi permanente dans les pays d'accueil des projets. Les premières estimations, d'après les mêmes sources, font état de plus de 830 millions de dirhams transférés dans le cadre de ces investissements, dont près de 93 millions représentent des bénéfices non rapatriés. Les soupçons se sont par ailleurs accrus après que des partenaires de contrôle internationaux ont transmis à l'Office des informations sur des transferts effectués vers des paradis fiscaux, via des structures offshore présumées. L'Office des Changes rappelle que, conformément à l'article 169 de son Instruction Générale, les entreprises marocaines souhaitant investir à l'étranger doivent justifier d'au moins trois années d'activité, présenter des comptes certifiés sans réserve par un commissaire aux comptes et garantir que l'investissement contribue directement au développement de leur activité principale. Le montant maximal autorisé est fixé à 200 millions de dirhams par an et par entité.