En quelques jours, les manifestations du mouvement GENZ212 ont révélé la pluralité des profils qui composent cette jeunesse marocaine. Entre jeunes très connectés, jeunes précarisés et comportements opportunistes, ces mobilisations mettent en évidence la complexité et la diversité des dynamiques au sein de la Génération Z. Depuis quelques jours, GENZ212 cristallise l'attention des médias et des autorités. Derrière les slogans et les rassemblements, se cache une réalité plus complexe que celle d'un simple mouvement unifié de jeunes. Comprendre ces manifestations nécessite de distinguer les différentes franges de la Génération Z et leurs modes d'expression, entre engagement numérique, contestation de rue et comportements opportunistes. Les trois logiques que rassemblent la GENZ212 "Les manifestations de GENZ212 ne peuvent pas être comprises comme l'expression d'un bloc uniforme de la jeunesse marocaine. Elles reflètent plutôt la diversité interne de la Génération Z, qui se divise en plusieurs franges avec des comportements et des degrés de risque distincts", indique à Hespress Fr le président du Centre Marocain pour la Citoyenneté (CMC), Rachid Essedik. D'un côté, poursuit-il, "une frange ultra-connectée, active sur Discord, Twitter/X ou TikTok, utilise les outils numériques pour structurer la mobilisation et lui donner de la visibilité. Leur engagement est généralement pacifique et orienté vers la communication sociale et politique, même si l'absence de leadership formel peut parfois les exposer à des dérapages". De l'autre, explique encore Rachid Essedik, "une frange beaucoup plus large, composée de jeunes précarisés ou marginalisés, domine les manifestations. Qu'ils soient actifs sur des plateformes classiques comme Facebook, WhatsApp et TikTok, ou moins présents dans l'espace numérique, ces jeunes expriment surtout leur colère et leur frustration face au chômage, aux inégalités et à l'exclusion sociale. Leur mobilisation, souvent spontanée et sans encadrement, constitue un exutoire mais tend aussi à glisser vers des formes de protestation directe, parfois brutale. C'est dans ce groupe que le risque de débordements, de vandalisme ou d'affrontements imprévus est le plus élevé, car l'accumulation de frustrations et l'absence de cadres de référence rendent la colère plus difficile à canaliser". Il faut également souligner qu' "en marge de ces mobilisations légitimes, certains individus tentent d'exploiter le contexte pour mener des actions de vol et de pillage. Ces comportements opportunistes, étrangers aux revendications citoyennes, aggravent le climat de tension et détournent l'attention de la cause initiale, en alimentant l'image de désordre et de violence associée aux manifestations". En résumé, "les manifestations de GENZ212 rassemblent trois logiques distinctes", affirme le président du CMC. "Une première catégorie pense et construit la mobilisation, notamment à travers le digital et l'activisme en ligne. Une deuxième la met en œuvre dans la rue, portée par des jeunes précarisés et marginalisés qui expriment leur colère et leur frustration. Enfin, une troisième catégorie, opportuniste, cherche à profiter du contexte pour semer le chaos par des actes de pillage et de vandalisme. Ce chevauchement rend la maîtrise de ces mouvements particulièrement complexe et explique pourquoi, en l'absence de cadres structurants, leur contrôle devient difficile sans une intervention stricte des forces publiques". Ainsi, "les manifestations de GENZ212 au Maroc ne sont pas seulement un phénomène générationnel, mais le produit d'une combinaison complexe entre fractures sociales, disparités numériques et absence de cadres structurants", note Rachid Essedik. "Plus les jeunes sont encadrés par une culture numérique militante et un sens citoyen, plus le risque de dérive est limité. À l'inverse, plus la mobilisation provient de jeunes précarisés ou marginalisés, moins elle est canalisée et plus le danger de débordements matériels et de vandalisme est élevé", conclut-il.