Après une escalade sans précédent des manifestations du mouvement Gen Z 212, qui a récemment fait plusieurs blessés parmi les civils et les forces de l'ordre dans plusieurs villes du Royaume, le mouvement a choisi une nouvelle approche pour décider de la suite de ses actions. Ce jeudi 2 octobre, un vote organisé sur la plateforme Discorde a permis aux membres de trancher sur la manière dont ils entendent poursuivre leur mobilisation. Trois options ont été soumises au vote. Selon les résultats rendus publics ce matin, 56 % des participants (6.500 votes) ont opté pour descendre dans la rue « mais dans des zones urbaines non populaires », telles que les grandes places ou les quartiers résidentiels. Cette décision traduit une volonté manifeste d'éviter des affrontements graves avec les forces de sécurité et de limiter le risque de morts et de blessures. 7 % des votants (774 votes) ont choisi une approche plus symbolique et sécurisée, en se manifestant depuis les balcons et les toits, comme moyen d'expression pacifique et sûr. Enfin, 37 % (4.289 votes) ont préféré ne pas manifester du tout, et faire de ce jeudi une journée de deuil en mémoire des vies perdues lors des précédentes protestations, en évitant toute forme de violence ou confrontation. Ce scrutin électronique révèle une certaine maturité au sein de la Génération Z marocaine. Les jeunes militants ont fait preuve d'une démocratie participative à distance, en combinant leur détermination à faire entendre leurs revendications avec une conscience des risques liés à la violence et aux débordements. L'équilibre entre légitimité de la protestation et sécurité des participants semble avoir été au cœur des débats. Dans le cadre de cette décision de manifester dans des zones urbaines, le mouvement a annoncé plusieurs lieux de rassemblement pour jeudi à 17 h, heure commune dans toutes les villes concernées. À Rabat, le rendez-vous est fixé au quartier Agdal, Boulevard de France. À Casablanca, les manifestants se retrouveront à la Place Maréchal, tandis qu'à Tanger, le rassemblement est prévu au Ryad Tétouan. À Agadir, le point de rencontre sera à la Faculté des lettres et des sciences, à Kénitra, à la Gare, et à Marrakech, sur le Boulevard Mohammed V. D'autres villes ont également communiqué des adresses précises pour leurs rassemblements. Parallèlement, plusieurs jeunes sur Discorde ont lancé des appels au pacifisme, suite aux débordements survenus lors des 3ème et 4ème journées de protestation. Pourtant, les premiers jours avaient rassemblé majoritairement des jeunes instruits, hommes et femmes, dont des lycéens, des étudiants universitaires, des doctorants, ainsi que des employés et cadres. Certains observateurs ont noté la présence de jeunes issus de milieux aisés. Leurs déclarations à la presse étaient claires : l'intention n'était pas de casser ou de saccager, mais de faire entendre leurs voix et doléances légitimes de manière pacifique. Pourtant, l'intervention des forces de l'ordre pour disperser des rassemblements non autorisés a rapidement transformé ces manifestations en affrontements violents, impliquant parfois des mineurs et des jeunes moins informés, ignorants des raisons exactes du mouvement. Ces scènes ont entraîné des blessures, des destructions de biens publics et des pillages, affectant des commerçants déjà fragilisés par la hausse du coût de la vie. Une pharmacie a notamment été incendiée à Inzegane, alors même que le mouvement ne revendiquait que le droit à la santé. Sur la plateforme Discorde, un changement notable de ton a été observé. Les initiateurs du mouvement, initialement très civiques et mesurés dans leur langage, ont appelé à la retenue après les violences de ces derniers jours. L'un d'eux a écrit : « Ce que nous voulons, c'est faire entendre nos droits légitimes. La violence ne résout rien, elle détruit ce que nous essayons de construire. Revenons au dialogue et au pacifisme ». D'autres intervenants ont rappelé l'importance de s'inspirer de l'histoire récente du pays, citant le mouvement du 20 février 2011, qui avait rassemblé des milliers de jeunes dans tout le Maroc pour réclamer des réformes politiques, sociales et économiques, dans un esprit strictement pacifique. « Le 20 février nous a montré que le changement est possible quand on agit avec calme et organisation. Les violences ne font que discréditer nos revendications », a souligné une participante dans un message largement partagé.