Au Maroc, on connaît bien Xiaomi. Depuis huit ans déjà, ses smartphones, écouteurs et objets connectés ont envahi les rayons et les mains des utilisateurs marocains, parfois à leur insu. Mais jusqu'ici, la marque chinoise, troisième fabricant mondial derrière Samsung et Apple, n'avait qu'une présence indirecte, via un réseau de distributeurs et opérateurs télécom locaux. Cette époque est désormais révolue. Désormais, Xiaomi pose sa propre enseigne au Maroc avec la création officielle de XIAOMI Morocco, une filiale locale dirigée par Qinglin Liu, ancienne dirigeante de Huawei, recrutée en 2020 puis promue country manager du Maroc il y a deux ans. Ce choix n'est pas anodin : il s'agit d'une marque aux ambitions claires, consciente que le marché marocain n'est pas seulement un point de vente mais un hub stratégique pour sa conquête de toute l'Afrique francophone. Une présence directe pour mieux maîtriser la course Contrairement aux années où Xiaomi s'appuyait sur des partenaires comme GSM Distribution ou IRIS Maroc, ou encore sur les trois opérateurs télécoms marocains, l'arrivée d'une filiale propre signifie un changement de stratégie profond. Le groupe entend désormais contrôler la chaîne, de l'importation à la commercialisation, en passant par le marketing et le service client. Cette implantation soulève naturellement une question : Xiaomi va-t-il suivre le modèle de Samsung, qui domine le marché marocain via sa filiale directe, assurant ainsi un contrôle total sur la qualité, les prix et la logistique ? Ou plutôt opter pour une approche à la HP ou Xerox, où la filiale agit comme une force de vente et de promotion, laissant l'import aux distributeurs locaux ? Pour l'instant, aucune information officielle ne permet d'affirmer quelle voie Xiaomi choisira. Mais dans un contexte où les acteurs technologiques rivalisent d'agilité et de réactivité pour séduire un consommateur marocain de plus en plus exigeant, la création d'une filiale locale laisse entrevoir un renforcement notable de la présence et du service. Xiaomi au Maroc, un marché en pleine expansion Le Maroc, avec sa population jeune et connectée, offre un terrain fertile pour les produits high-tech et les objets connectés. Sur le segment des smartphones, Xiaomi a déjà une base solide grâce à son positionnement prix-performance, qui séduit particulièrement les classes moyennes et les jeunes urbains. La marque a vendu 168,6 millions de smartphones en 2024, ce qui représente une croissance annuelle de 15 % et une part de marché globale de 14 %. Ses résultats mondiaux, frôlant les 40 milliards d'euros (plus de 400 milliards de dirhams), témoignent d'une dynamique à toute vitesse. Le Maroc n'est plus seulement un marché secondaire, mais un véritable levier pour son développement africain. Une concurrence féroce et un contexte local à saisir Avec Samsung en tête du marché marocain et Apple toujours très prisé, Xiaomi doit se différencier par son innovation, son prix et une proximité renforcée avec ses clients. L'arrivée d'une filiale locale peut aussi signifier un meilleur support après-vente, un levier souvent négligé dans les stratégies d'importation par des tiers. Mais le défi dépasse le Maroc. Le pays est une porte d'entrée vers l'Afrique de l'Ouest et du Nord, régions où Xiaomi ambitionne clairement de croître. Sa filiale marocaine pourrait servir de modèle et de base d'opérations pour étendre son influence sur ces marchés en pleine croissance. Une accélération dans la mobilité électrique ? Par ailleurs, Xiaomi ne se limite pas aux smartphones. En Chine, le groupe accélère dans le secteur des véhicules électriques, un domaine où il entend peser lourd. Le développement d'une filiale locale pourrait aussi, à terme, ouvrir la voie à d'autres catégories de produits high-tech, voire électriques, sur le marché marocain. Xiaomi Morocco, un pari sur l'avenir L'implantation directe de Xiaomi au Maroc est un signal fort, un passage à la vitesse supérieure dans un pays en pleine mutation numérique. Entre défi concurrentiel, montée en gamme des consommateurs et dynamisme régional, la nouvelle filiale marque une étape cruciale. Si le groupe réussit à s'adapter aux spécificités locales et à offrir une expérience client irréprochable, il pourrait bien transformer ce marché en un véritable tremplin africain, loin d'être une simple étape.