En dressant un bilan d'étape, ce lundi 16 octobre, l'AAVB (agence pour l'aménagement de la vallée du Bouregreg) a bien fait ressortir les points forts de la dynamique soutenue en cours : la maîtrise du montage global de l'opération. Un méga-projet qui avance bon train dans ses premières séquences et qui est loin d'être exclusivement conçu pour une classe sociale bien déterminée. « Il y aura de la mixité sociale », a promis Lemghari Essakl, Directeur général de l'Agence. Aussi vrai qu'Essakl a rappelé d'emblée les composantes et les constantes stratégiques de ce grand coup de lifting sur les milliers d'hectares bordant les deux rives du fleuve Bouregreg en mettant l'accent sur les dimensions d'environnement, de citoyenneté, de restitution de la mémoire des lieux et le développement de réseaux modernes de transport, que de chemin parcouru depuis la présentation du projet au Souverain le 12 mai 2004 et la date de lancement des travaux le 7 janvier 2006 par SM le Roi Mohammed VI. En fait, avec le premier coup de pioche, le méga-chantier est en train d'accomplir son dixième mois à une cadence qui ne laisse aucun doute sur la ferme volonté des partenaires d'aller jusqu'au bout. Des partenaires liés dans cette exaltante aventure que sont, aux côtés de l'Agence, le groupe CDG, la CMR et les partenaires émiratis insufflant 2 milliards de dollars en investissements au projet Amwaj d'aménagement et de développement résidentiel, commercial et touristique. La séquence Bab El Bahr qui livrera, au premier semestre 2007 sa superbe marina mobilise, quant à elle, 750 millions de dollars. L'espace global d'aménagement de l'ensemble du site dans lequel seront versés plus de 10 milliards DH à l'horizon 2010 atteint 6000 ha pour une superficie constructible de 15% avec une profondeur de 15 km de la vallée. Les grands projets livrables en 2010 sont le métro reliant sur un itinéraire de 18 km Rabat et Salé absorbant un montant de 2,5 milliards DH et l'édification du nouveau pont Moulay El Hassan au coût estimé à 300 millions DH et dont les travaux démarreront dans les prochains mois. Innovation dans ce chantier : l'aménagement de larges espaces en esplanades piétonnes le long de la rive gauche et création d'aires de promenade entre le quartier des Oudayas et la Rue des Consuls. Une démarche urbanistique moderne L'INDH n'est pas en reste avec le projet de Cité des Arts et Métiers promis à la réhabilitation des belles traditions de formation et de renouvellement du savoir-faire artisanal régional. Elle mettra en place des incubateurs dédiés à la promotion de ressources humaines dans les domaines du tourisme, de l'hôtellerie et des services. La construction de ponts neufs et le creusement du tunnel des Ouddayas permettra de soulager la circulation routière devenue insupportable dans la capitale. A la rencontre du lundi 16 octobre, Lemghari Essakl a expliqué la démarche urbanistique poursuivie dans ce vaste chantier que le Wali Hassan Amrani de la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër qualifie volontiers de « Projet du siècle ». « Sur le plan urbanistique, trois thèmes essentiels dominent, à savoir la composition urbaine de la séquence Bab Al Bahr et ses axes structurants, la configuration des ouvrages hydrauliques et portuaires (chenal, quais accostables, aménagement pour les barcassiers, jardin des berges et port fluvial) et la résorption des problèmes liés à l'organisation de la circulation et du franchissement des rives », a notamment précisé le chef de l'AAVB. Relooking des plages de Rabat et de Salé, protection de la falaise des Oudayyas, conception des espaces publics, viabilisation de la rive droite, ouvrages d'art audacieux, aménagement des faisceaux de voirie, réhabilitation des sites et monuments historiques du Chellah et des Oudayas, autant de chantiers grands ouverts qui ne tarderont pas à transformer la physionomie d'un grand espace d'agglomération autour et le long du fleuve comptant plus de 850 000 habitants des deux rives qui pourront s'adonner à la croisière en permanence. Le plus important, ont indiqué les responsables de l'Agence, c'est que « nous sommes parvenus à une maîtrise conséquente du montage global de ce projet » dont les différentes phases de mise en œuvre sont gérées avec un souci d'optimisation. C'est ainsi qu'ont été achevées les phases de conception et d'études financées par la CDG à hauteur de 35 millions DH et que l'assainissement du foncier est en passe d'être bouclé avec 150 millions DH d'acquisitions déjà effectuées en attendant de statuer sur les 200 ha restant à assainir dans la séquence 3 du projet. Mais Essakl a tenu à mettre en garde contre tout optimisme démesuré sur les retombées espérées : « la vallée n'est pas le sauveur de l'ensemble de l'agglomération en termes de créations d'emplois. Il y a d'autres pôles de développement dans chacune des deux grandes villes avec les programmes qui leur sont ou seront dédiés ». Autrement dit, le mieux-être des citoyens R'batis et Slaouis est l'affaire de tous les partenaires et acteurs publics et privés des deux rives. Mieux vaut le savoir dès maintenant et travailler dans ce sens.