Le 4ème round des conventions hebdomadaires du Parti de l'Istiqlal (PI) a bouclé, la samedi 14 juillet, la déclinaison d'un programme électoral, en levant le voile sur ses conditions de mise en oeuvre par une ambitieuse politique des territoires. Les politiques des grands chantiers, l'appui à la compétitivité des industries et des services et la mise à niveau sociale du Royaume, passent par l'incontournable promotion de la régionalisation, nouveau cheval de bataille de la formation historique, fondée par Allal Fassi. Politique des territoires, contrats Etat-Régions, gouvernance locale, tels sont les axes forts de la nouvelle stratégie gouvernementale du PI, prêts à entrer dans la bataille des législatives de septembre 2007 et des communales de 2009. Autrement dit, les nationalistes de la Koutla sont résolus à engager la dernière ligne droite de l'achèvement du processus de transition démocratique, en s'appliquant à mettre en place les conditions d'une authentique décentralisation des pouvoirs, en vue d'inciter à une réelle démocratie de proximité, mobilisant les collectivités locales urbaines et rurales du Royaume. Régions, provinces et communes, s'érigent, désormais, en un noyau dur du développement économique et social, couvrant la période du prochain quinquennat 2007-2012. Non sans y mettre le prix à coup d'investissements conséquents, ciblant 232 milliards DH destinés aux nouvelles infrastructures de transport, d'eau, d'énergie et des chantiers urbains, 20 milliards DH pour une nouvelle politique sociale de proximité et, en fin de compte, 5 milliards DH par an, pour dynamiser les secteurs économiques compétitifs à l'export et susceptibles d'accélérer la croissance, sur un taux moyen de 6% générant la création de 50 000 à 60 000 emplois supplémentaires. Ces projections, réalistes visent à donner toutes les chances de réalisation au pacte istiqlalien 1.3.5.7 qui met un point d'honneur à créer 1 300 000 emplois en 5 ans, pour ramener le taux de chômage en-deçà de la barre de 7%. C'est un «Contrat de confiance» renouvelé entre le PI et les électeurs pour la concrétisation duquel s'engagent tous les stratèges, les cadres et militants du parti d'Abbas El Fassi, qui mettent un point d'honneur à honorer leurs engagements. Ce contrat se décline en engagements de projets de développement à concrétiser ou lancer sur le prochain quinquennat que les ministres de la nouvelle génération istiqlalienne, Karim Ghellab, Taoufiq Hjira, Adil douiri et Yasmina Baddou ont, à nouveau, rappelé avec force dans les ateliers de ce week-end, portant, successivement, sur les «Repères» et la «Mise en oeuvre» du programme du Parti de l'Istiqlal pour la nouvelle législature 2007-2012. Des invités de marque ont campé les rôles de «contradicteurs» dans chacun de ces panels, à l'instar d'Aziz Akhennouch, président du Conseil de la Région de Souss-Massa-Draâ et PDG de la compagnie Afriquia-Aqwa Group, Noureddine Ayouch de la Fondation Zakora pour le micro-crédit et président de l'Association 2007 Daba. Nous citerons également Hamid Belafdil, Directeur du CRI (Centre régional d'investissement) de Casablanca, Aziz Abdou exploitant agricole et Abdellah Lehzem, Directeur de l'INAU (Institut national d'Aménagement et d'Urbanisme). D'autres ministres istiqlaliens ont apporté leur pierre à l'édifice, notamment Saâd El Alami, en charge des Relations avec le Parlement et Abdelkébir Zahoud, Secrétaire d'Etat en charge du portefeuille de l'Eau. Contrats programmes nouvelle génération Le nouveau concept de politiques de développement par les territoires, se décline par l'adoption de PDIR (Plans de développement intégré régional), se basant sur une nouvelle stratégie de contractualisation Etat-Régions, se traduisant par des contrats-programmes sectoriels, dits de «nouvelle génération», ciblant les créneaux industriels les plus compétitifs. Il s'agit des industries de l'automobile, de l'agro-alimentaire, des composants électroniques et aéronautiques, les services, l'offshoring, la santé, les médias et l'audiovisuel. Les nationalistes de la Koutla s'engagent à mobiliser pas moins de 5 milliards DH par an, pour financer une douzaine de contrats-programmes économiques sectoriels prioritaires. Et c'est dans ce contexte qu'émerge le nouveau concept d'Etat «stratège» «planificateur» et «coach» prenant à sa charge les frais d'études stratégiques, de marché et de réseaux de distribution à hauteur de 400 millions DH par an. Comme il est fortement préconisé la création d'une Agence nationale, chargée de l'exécution des programmes sectoriels, dont la mission englobe la mise à niveau de l'outil du secteur public chargé du co-pilotage et du suivi des projets et des investissements. Ce sont les préalables, pour atteindre les objectifs du Pacte 1.3.5.7, visant la création de 260 000 emplois annuels et dont les quatre piliers préconisés dans la stratégie à suivre, intéressent le «volontarisme» de l'Etat, la problématique centrale de l'emploi pour bâtir des politiques publiques et nouer des PPP (Partenariats public-privé), initier des programmes de solidarité et de lutte contre la pauvreté et, en dernier lieu, pérenniser la méthode de gouvernance participative et la gestion de proximité impliquant, à tous les niveaux et dans tous les programmes sectoriels, les collectivités locales. Autrement dit, ces mesures visent à inciter à l'émergence et à la consolidation d'un Etat «fournisseur d'intelligence, dynamiseur et coach d'entreprises, apte à assurer un co-pilotage public-privé fort et permanent». Pour rappel, la politique des grands chantiers d'infrastructures, présentée par Karim Ghellab, table sur la construction de 3 000 km d'autoroutes à l'horizon 2030, dont 383 km de nouvelles sections à l'horizon 2012, mobilisant plus de 12 milliards DH. Pour le chemin de fer, le prochain quinquennat verra le démarrage du projet de TGV, avec la projection à l'horizon 2030, d'un réseau à grande vitesse ferroviaire, long de 1 500 km. Cette même période accélèrera l'achèvement des projets en cours, de nouvelles infrastructures ferroviaires, pour un budget total de plus de 18 milliards DH. Le réseau routier sera renforcé pour le désenclavement du monde rural, avec l'objectif de le desservir à hauteur de 80%, tandis que la rocade méditerranéenne reliant sur 550 km Saïdia à Tanger, sera bouclée. Le complexe portuaire de Tanger-Med I deviendra pleinement opérationnel, à l'issue du prochain lustre et le second, Tanger-Med II démarrera ses travaux. Au chapitre des grands chantiers urbains animés par Taoufik Hjira, 67 milliards DH seront engagés dans le quinquennat à venir, destinés à la requalification, la cohésion et l'expansion des villes marocaines. Pour sa part, Abdelkébir Zahoud, a mis en avant le vaste projet de transferts d'eau, qui sera exécuté dès 2008 et la poursuite de la réalisation de barrages hydrauliques, dont 12 grands ouvrages et 60 moyens et petits barrages avant 2012. Quant à l'énergie, la capacité de production électrique additionnelle accompagnant l'effort de croissance économique projetée de 6%, se traduit par une accélération de la demande en énergie électrique, estimée à 9% par an. Comme sera lancée une nouvelle centrale nucléaire de nouvelle génération et la production de 1000 MW d'énergie éolienne à fin 2010. L'offre en énergies renouvelables sera accrue de 20% à l'horizon 2020. Enfin, le volet social animé par Yasmina Baddou, se fait fort d'accélérer la mise à niveau des conditions de vie des populations en situation précaire, notamment dans l'espace rural, en consacrant moins de 1% du PIB annuel aux actions, au profit du soutien à la famille, à la femme, à l'enfant et aux personnes handicapées. Concrètement, Baddou propose la création de 4 Fonds spéciaux destinés au financement des programmes ciblant la solidarité intergénérationnelle, la réhabilitation des personnes à mobilité restreinte et aux besoins spécifiques, la lutte contre la déscolarisation et la solidarité familiale. En outre, 200 centres de proximité seront construits et 2000 agents des collectivités locales redéployés, pour être reconvertis à l'action sociale. Coût total du programme 55 milliards DH par an Les financements des projets de développement inscrits dans le programme du PI, totalisent 277 milliards DH sur la période 2007-2012 correspondant à un budget annuel d'investissement estimé à quelque 55 milliards DH. Cette enveloppe, dont les ressorts de mobilisation sont maîtrisés par les cadres et technocrates du parti nationaliste, aligne 232 milliards DH destinés aux infrastructures de transport, d'eau, d'énergie et les chantiers urbains, soit 46 milliards DH par an. Le volet social s'appuie sur un montant de 20 milliards DH correspondant à 4 milliards DH par an. Enfin, l'appui aux secteurs des industries et de l'entreprise encouragées dans la conquête des marchés extérieurs, nécessite 25 milliards DH sur la période, soit 5 milliards DH par an. «Nous prenons l'engagement, ici devant vous, si le PI est reconduit au gouvernement, de réaliser la totalité des objectifs de ce programme, en vous demandant de nous juger sur les résultats». Quelle belle assurance affichée par les Technopolitiques istiqlaliens du gouvernement Jettou, une assurance que nous n'avions encore jamais vue jusqu'ici ou, seulement, suspectée lors des précédentes campagnes électorales. La nouvelle gouvernance istiqlalienne se décline, donc, à coups de montages financiers «ficelés», de programmes sectoriels dont les objectifs et les composantes techniques et économiques sont accouchés, avec l'expertise et le know how de la nouvelle vague des dirigeants partisans, forts d'un bilan gouvernemental à succès et dont leur maîtrise du terrain est inattaquable.