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JIM HARRISON SORT UNE OEUVRE MAGISTRALE : "L'été où il faillit mourir"
Publié dans La Gazette du Maroc le 31 - 07 - 2007

Quatre livres en une saison : un recueil de trois courts romans : L'Eté où il faillit mourir, des chroniques gastronomiques : Aventures d'un gourmand vagabond. Le cru et le cuit, un immense roman inédit : Retour en terre; et, enfin, sur lui et son oeuvre, la réédition d'un essai en guise de dictionnaire critique, actualisé entre autres par une belle postface, Jim Harrison de A à X écrit par son traducteur depuis vingt ans, Brice Matthieussent. Jim Harrison est plus que jamais l'un des écrivains majeurs de ce siècle.
Quel titre prémonitoire et gorgé de fins et de promesses de débuts ! L'Eté où il faillit mourir, cela sonne comme l'apocalypse ajourné, la fin du monde différée pour cause de non-compatibilité avec l'ailleurs. Mais Jim Harrison aime tous les ailleurs, ceux où la nature et l'homme copulent en des orgies dionysiaques. Et sur les grandes étendues verdoyantes du Michigan, il y a Chien Brun qui se met en selle pour courir la plaine, dévaler les pentes et sauver une fille des rouages du système en l'adoptant. Tiens, en voilà déjà une nouvelle naissance dans cet à priori de la mort. Et la nouvelle se décline comme une marche solitaire entre deux individus qui décident de faire de l'amour le premier venu. Ce qui suit tranche avec ce début, mais nous sommes toujours dans les mêmes sillages. Un bel homme sur le retour et trois femmes. C'est la deuxième nouvelle. «Traces» écrit l'auteur, empreintes de vies éparses et désirs d'autres existences enfouies entre oubli, rêveries secrètes et beaucoup de non-dits. Jim Harrison livre là quelques aspects de son écriture la plus jubilatoire entre sublimes passages autobiographiques, allant de l'enfance jusqu'aux perditions de l'homme «plus âgé».
De l'ail et de la viande
Jim Harrison est un gros mangeur. Epices, ail, romarin, persil, quelques légumes, mais surtout la viande, la chair de cette chère Michigan avec son cheptel offert. Cet homme est un ogre. Et autant l'écrivain que l'homme sont l'incarnation d'une réelle fête des sens avec le ventre, ce thermomètre de l'humeur, ce noyau de l'être comme base et ancrage. Et les Aventures d'un gourmand vagabond montrent comment «cuisiner la vie» est en somme l'art suprême sur terre. Finalement la seule façon d'appréhender l'existence sans trop forcer sur les ingrédients ni multiplier les mélanges incongrus. Plats et saveurs, mais aussi passages d'un être à un autre, va-et-vient de soi à soi, à travers une longue procession de figures qui, tantôt nous habitent, tantôt passent leur chemin sans laisser la moindre trace. Et au bout de chaque être, de chaque plat dont on se nourrit, il faudra peut-être garder à l'esprit que nous sommes comme «ces animaux que nous mangeons, tout comme un jour nous constituerons le dîner des dieux».
Après la fin…
Retour en terre c'est le livre de la fin, des éternels commencements, du retour en amont, de l'anulus aeternitatis. Encore une fois, un autre personnage déjà connu dans De Marquette à Véracruz, le vagabond déluré David Burkett, refait surface et vient prendre siège au centre du monde. Le nœud de ce retour est électrisant : Burkett va au Michigan pour y rencontrer Donald, un métis indien chippewa et finnois qui souffre d'une sclérose en plaques. Il décide d'abréger sa vie. Entre temps, il relate à David et à ses proches la lignée d'immigrants scandinaves et d'Indiens dans laquelle il a pris place pour toujours. Récit chamanique et fou, où la mort est bafouée dans son horreur, et même sa fin n'est plus aussi asphyxiante qu'il n'y paraît, puisque ce retour en terre nous renvoie des siècles en arrière à scruter les traces de milliers de silhouettes qui, toutes, à un moment ou un autre, ont semé en nous quelque bonne graine. «A l'école primaire, on nous a appris que l'Amérique était un melting-pot, un grand faitout, ce qui est bien difficile à comprendre quand on est gamin, car dans notre cabane nous avions une énorme marmite utilisée pour ébouillanter les cochons de manière à leur enlever les poils.» Et nous sommes loin de la guimauve littéraire moderne où la vie étouffe sous les oripeaux de quelque maniérisme approximatif où ne subsistent plus que les petites vies parallèles, celle qui font office de garde-fou pour tant d'âmes apeurées et aculées à ne boire de la vie que les couches superficielles de cette mare trouble où il faut plonger pour toucher le limon. Donald parle, et son récit, vif, enjoué, lourd, parfois pléthorique à dessein, s'enfonce dans le sol, bourgeonne, pousse des branches et on voit les ramifications de tant de passés resurgir, prenant corps, comme un témoignage cinglant de la force ou de l'inanité du passage sur terre. En fait, ce Retour en terre dira, pour peu qu'on y prête l'oreille, que seule la terre demeure. La glaise et ses confins, les ratures sur son dos, son ventre toujours imperceptible, mais son cœur qui bat partout à chaque fois que la main d'un Homme se saisit de la poussière ou s'y jette pour un retour à la source. Jim Harrison met là en situation deux belles idées de la vie : l'intrépidité du pied du marcheur face à l'impossible. Et de la bouche de cet homme qui a choisi de mourir en paix, c'est un pan colossal de l'écriture universelle qui nous est donné à penser. «Je me suis demandé comment nous pouvions nous façonner, corps et esprit, pour habiter pleinement cette terre.» Hölderlin disait qu'il fallait y creuser son gîte poétiquement, ce que Donald a fait. Et Empédocle s'est jeté dans la gueule du Volcan pour voir ce que c'était. C'est cela, l'idée de la vie.
L'été où il faillit mourir, Christian Bourgois, 2oo dhs.
Retour en terre (Returning to Earth) de Jim Harrison
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent. Christian Bourgois, 326 p., 250 dhs.


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