Pendant que l'ensemble de la classe politique se trouvait en pré-campagne, en campagne ou en post-campagne électorales, le Roi était sur le front du développement humain, c'est-à-dire économique, social, culturel…etc. Par leur volume financier, leurs retombées en termes d'emploi et leur envergure, les projets qui viennent d'être lancés, initiés ou inaugurés par le Souverain, marquent puissamment cette période déjà riche en acquis politiques, diplomatiques, socio-économiques et culturels. Le Maroc offre ainsi l'exemple d'une nation qui, se développant, ne néglige pas pour autant la mise en place de la « normalité démocratique ». Un Royaume que les batailles électorales ne détournent point de ses innombrables chantiers de développement. Une somptueuse épopée royale a ainsi été accomplie en moins de deux semaines. Récit et enseignements. Au beau milieu de la bataille électorale qui opposait férocement les cénacles politiques et leurs candidats, en cette journée du 31 août, le Roi Mohammed VI, présidait, au Palais Royal de Tétouan, la cérémonie de signature de l'accord du Millenium Challenge Account, pour lequel le Royaume perçoit une aide de 697,5 millions de dollars, étalée sur une durée de cinq ans. Il s'agit du plus gros montant jamais octroyé par cette institution américaine. Le 3 septembre, alors que nos compatriotes scrutaient l'horizon électoral de leurs circonscriptions, le Souverain présidait la cérémonie du Protocole d'intention, signé par le Premier ministre et Carlos Ghosn, le boss de Renault et Nissan et au moyen duquel l'un des trois plus grands centres de production automobile du bassin méditerranéen (400.000 véhicules/an) verra le jour dans la région de Tanger. D'autres activités royales touchant au développement humain eurent lieu dans le Nord (voir le numéro 541 de la Gazette du Maroc). Ce fût au tour de Khouribga de bénéficier du volontarisme Royal. L'habitat, la mise à niveau urbaine, l'épuration des eaux usées de la ville, le socio-éducatif, la formation et la culture, furent à l'ordre du jour. Les partenariats tous azimuts, l'INDH et le souci proximitaire furent au rendez-vous. Inaugurations, lancement de travaux et examen du suivi des projets, étaient le lot quotidien du Souverain dans la province phosphatière. Et c'est la capitale économique du Royaume qui reçût ensuite la visite du Roi. Après 30 mois de gros travaux, le Terminal 2 de l'aéroport Mohammed V fut ainsi Royalement inauguré. D'une capacité d'accueil de 6 millions de passagers, portant la capacité globale à 11 millions, le premier aéroport national devra se hisser au rang de plateforme internationale reliant l'Afrique à l'Europe et l'Amérique au Moyen-Orient. Après avoir présidé, mercredi, au Palais Royal à Casablanca, la cérémonie de signature d'une convention relative à la couverture médicale de base au profit de la Famille des anciens résistants et anciens membres de l'armée de libération et de leurs familles, le Roi-Citoyen présidera le même jour la cérémonie de signature de sept conventions de partenariat relatives aux secteurs touristique et industriel pour une enveloppe globale de près de 30 milliards de dirhams, devant générer plus de 22.000 emplois. Monarchie citoyenne En vérité, s'il est un enseignement majeur à tirer de toute cette belle mobilisation, à la fois multidirectionnelle et vertueuse, c'est bien le fait majeur que le pays accélère singulièrement la cadence de son développement socioéconomique, humain et démocratique. Au sommet de l'Etat, la conscience aigüe de la férocité des échéances qui guettent notre monde est omniprésente. Dès l'aube de la seconde décennie de ce siècle, seuls échapperont au non-destin les nations qui auront accompli les réformes structurelles vitales. Une course contre le temps qu'imposent les réalités du futur proche. Plus tard, vers 2030, c'est-à-dire bientôt, les deux tiers de nos contemporains vivront dans des villes dont la population aura doublé. Avec une consommation exponentielle d'énergie et de produits agricoles et une pénurie d'eau mortelle, plus des deux tiers des enfants qui naitront vers cette date, vivront dans les vingt pays les plus pauvres. Essoufflés politiquement et financièrement, les USA ne pourront plus gérer le monde. Une longue période d'incertitude s'ensuivra et personne ne peut aujourd'hui en quantifier l'angoisse. Nous allons donc vers un monde, où ne pourront survivre que les nations entreprenantes et dont les édifices institutionnel, socioéconomique et formatif seront aptes à s'adapter aux dures réalités internationales. D'ores et déjà, la galaxie financière mondiale montre des signes inquiétants, même si les conjoncturologues rassurent, quant au court terme. Technologies nanométriques, raccourcis vertigineux entre la création de concepts et leur commercialisation, rareté des financements sur le marché international, hégémonie des compagnies d'assurances, guerres apocalyptiques autour de l'eau et de l'énergie, fragilité immunitaire des bourses…etc. Le voilà notre monde de demain. De bientôt, devrais-je dire. Notre pays, auquel l'Union européenne a donné un rendez-vous stratégique dans cinq ans, ne pourra honorer ses engagements qu'au prix d'une mise à niveau globale, sans la moindre circonstance atténuante. A l'instar de la diplomatie, l'économie n'obéit qu'au dogme universel de l'intérêt. C'est d'ailleurs ainsi que la démocratie et le marché sont devenus frères siamois. L'on comprend alors la cadence du labeur Royal. Comme on peut aisément deviner la conscience hautement stratégique de l'ingratitude du temps qui anime le volontarisme du Souverain. Les citoyens vivent intensément l'intermède électoral qui leur assure une authentique représentativité au cœur du temple démocratique. La normalité démocratique est donc là, bien là. Concomitamment, parallèlement, conjointement, le Roi s'acquitte de son devoir historique de booster la nation vers le rang qui doit être le sien à l'heure de la guerre des parts de marché. Beau partage de rôles ! C'est peut-être là que grandira de plus en plus la symbiose entre la «Monarchie citoyenne» et le peuple marocain.