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INTERVIEW AVEC GERARD LANVIN : Brut de décoffrage
Publié dans La Gazette du Maroc le 01 - 02 - 2008

Ce Marrakchi d'adoption était en tournage le mois dernier à Casablanca. Sincère et volubile, il nous raconte son dégoût du monde tel qu'il va, sa conception du rôle d'acteur, son respect pour les femmes et son amour pour le Maroc.
La Gazette du Maroc : Parlez-nous du film que vous êtes en train de tourner.
Gérard Lanvin : Il s'appelle Secret Défense. Le metteur en scène est Philippe Haïm. Les autres acteurs sont Simon Abkarian et Vahina Giocante. C'est un film qui traite d'un problème d'aujourd'hui : la façon dont fonctionnent les services secrets français. On nous y apprend comment on forme des terroristes, des kamikazes. On suit l'itinéraire d'une femme que forment les services secrets, dont j'incarne le patron : un type à sang-froid, très déçu de l'humanité, mais qui continue à exercer son métier parce que c'est son obligation C'est un type qui ne fréquente que l'immonde et qui est très fatigué de tout cela.
Vous aimez bien les personnages comme ça, fatigués ? Parce que ce sont ceux que vous incarnez le mieux…
Ce n'est pas que je les aime, c'est que je suis fatigué de ce monde, effectivement. Je pensais qu'il allait être agréable. Mais, même si tout se passe bien pour nous, on ne peut pas être heureux dans un monde aussi malheureux. J'essaie encore de trouver des solutions d'amour, d'amitié, de bonheur, mais c'est de plus en plus dur. L'homme n'est pas fondamentalement gentil. Dès qu'il peut se mettre sur la gueule, il est très heureux. J'ai beaucoup plus de respect pour les femmes, qui donnent la vie et qui la défendent, que pour les hommes, que je commence à mal supporter.
Ça, c'est une profession de foi !
Ce n'est pas moi qui l'ai décidé, c'est la vie qui m'a appris ça. On pensait avoir des gens responsables à la tête des entreprises, des pays, qui défendent des choses essentielles : les valeurs, le bon comportement. Et on s'aperçoit que ce sont surtout nos dirigeants qui nous montrent le très mauvais exemple. Ils font la guerre en Irak en nous disant qu'il y a des armes de destruction massive puis, deux ans après, avec le sourire, on nous dit que ça n'existe pas. Ma vie à moi est heureuse. J'ai la chance d'avoir un métier passionnant, fait de rencontres, de voyages, je gagne de l'argent. Mais ce qui se passe au Kenya me détruit. Tout d'un coup, on prend des pierres, on fracasse les crânes des enfants… je ne supporte plus ça. Et comme on est en permanence confronté à ce genre de choses à la télé, il est évident que je sais jouer les personnages fatigués mais, en même temps, je les joue à peine.
On peut aussi faire passer des messages, tout en faisant rire, non ?
Dans les comédies françaises, il y a peu de messages. Le problème, en France, c'est que vous ne pouvez pas faire un film sans l'accord des chaînes de télévision qui le produisent. Or, elles ne fonctionnent qu'avec leurs annonceurs publicitaires : quand ils ont un yaourt à vendre, il faut que le film corresponde au public qui va aussi acheter le yaourt. Donc, il n'y a plus de création. Aujourd'hui, pour faire une comédie sociale, se moquer un peu des gens, il faut se heurter à des comités dits
«de lecture», qui sont des abrutis, des ânes ! Le film que je fais en ce moment n'est ni produit ni distribué par la télé. Ce sont des financiers qui prennent des risques énormes parce que le film ne sera jamais diffusé à 20h30. Mais nous sommes obligés de le faire, pour avertir les gens.
Si vous continuez, c'est que ça vous fait encore rêver ?
Il me reste encore un peu de passion. Mais quand elle s'arrêtera, je serai disponible pour faire autre chose. Je ne suis pas accro au fait d'être connu et je n'en profite pas du tout : vous ne me voyez nulle part. Je vis à la campagne, près de La Baule. Et puis à Marrakech. D'ailleurs, la ville étant devenue trop people, je vais m'en aller. Aujourd'hui, je suis plus photographié par des Français à Marrakech, en train de faire mes courses, qu'à Paris. Ça va bien…
Depuis quand possédez-vous une maison là-bas ?
Cinq ans. Je m'y suis installé parce que je suis tombé amoureux d'une maison. J'avais dormi dedans et quand j'ai su qu'elle était à vendre, j'ai dit à ma femme: «je l'achète, j'ai déjà vécu dedans». Il y a comme ça des choses bizarres… C'est la plus belle maison que j'aurais jamais eu : c'est un petit ryad à l'ancienne, avec les murs et les plafonds datant d'il y a un siècle. J'ai tout retapé avec des artisans de la médina et, chaque fois que je m'assoie dans ma maison, avec ce jardin, cet olivier, ce citronnier, la rumeur de Jamaâ El Fna, l'appel à la prière, je me sens bien. Mais maintenant, Marrakech est envahie de Français, d'Allemands, d'Anglais… Alors aujourd'hui, je cherche une maison au bord de la mer, au Maroc, dans une petite ville. A la Baule, il y a 20.000 habitants, c'est à peu ça que je cherche au Maroc: j'ai besoin de communiquer, de voir des gens. Mon souci, c'est de trouver un endroit où il n'y a pas trop de vent.
Pourquoi cette envie de vous installer au Maroc ?
Je veux finir ma vie avec des gens qui ont la valeur de la terre. Au Maroc, on trouve encore des gens comme ça. Je ne tiens pas du tout à rester en France. J'arrive à un âge où j'ai besoin d'autre chose que du culte de l'apparence. Je me sens heureux avec des gens simples. Et le Maroc est idéal parce que ce n'est pas loin de la France, qu'on parle le français et que les gens y sont très hospitaliers. Les Marocains sont des gens qui me plaisent.
Certains acteurs parlent de leur métier comme d'une source de souffrance. Vous jamais.
Oh non, moi je m'amuse ! J'ai vécu tellement de choses avant que ce n'est pas un métier qui m'a envahi comme un intellectuel, mais comme un mec que ça fait encore rêver. J'adore les décors, par exemple. «Moteur !», «action !»… ça, je n'en suis pas lassé du tout. Ni de cet événement bizarre qui m'est tombé dessus par hasard et qui a fait du Gérard Lanvin normal un Gérard Lanvin que la plupart des gens en France connaissent. Qui n'a plus d'anonymat et qui ne comprend pas ce qu'il a de plus.
Vous avez déclaré dans une interview qu'il fallait «vingt-cinq ans pour faire un acteur». Que vouliez-vous dire ?
Un acteur populaire, quelqu'un que les gens reconnaissent dans la rue. Ça ne peut pas venir du jour au lendemain, ça prend vingt-cinq ans.
Avec quels acteurs avez-vous éprouvé
«le plaisir de jouer» ?
Avec plein d'acteurs. Le dernier, c'est Vincent Cassel. J'ai toujours eu de l'affection pour les acteurs. Je n'en dis jamais de mal parce qu'on doit être vigilant sur les combats qu'on mène. Je sais ce qu'est qu'un acteur, je sais comment ça fonctionne. J'ai travaillé avec à peu près tout le monde. Maintenant, certains préfèrent être connus que d'être acteurs, moi je préfère être acteur que d'être connu. Au cinéma, on est tellement assisté que c'est très facile de devenir une ordure. Moi, je n'ai pas fait ce métier pour devenir comme ça. Je l'ai fait pour devenir heureux parce qu'avoir un métier et l'aimer, c'est ça le bonheur.
Pourquoi faites-vous peur aux gens ? Vous n'avez pas l'air si terrible que ça.
C'est ce que m'a dit Laura Morante avec qui je vais faire un film. Pourquoi je lui aurais fait peur, on n'était pas dans l'affrontement. Il m'est arrivé lors d'un tournage de coller des mecs au mur parce qu'ils parlaient mal aux gens ou qu'ils les humiliaient. Après, vous avez la réputation d'un mec dangereux. Dans ce métier, vous avez des consensuels. Je ne vais pas citer de noms, mais pour certains, c'est une honte tellement ils sont lâches. Ce qu'il y a aussi, c'est que je ne suis pas dans le système du tout : je me fous des récompenses, je ne suis pas un mouton ! Moi, je pars en vacances dans un camping-car : on va où on veut, on dort où on veut et ça me donne un sentiment de liberté totale. Pour eux, quelqu'un de connu qui se ballade en camping-car, ça ne le fait pas. Mais ce qui m'intéresse, c'est d'être resté comme j'étais avant et ça, ils ne sont pas arrivés à me l'interdire.
Vous avez eu plusieurs beaux rôles, mais vous ne rêvez pas du «grand rôle», Sterling Hayden dans Quand la ville dort, où un rôle comme ça ?
On en rêve tous jusqu'au bout, je crois. Je pense que, pour moi, il viendra dans les deux ou trois ans, parce qu'aujourd'hui, on me propose beaucoup de choses et que j'ai la gueule qu'il faut : je n'ai plus besoin d'en faire des tonnes. Mais les gens de ma génération n'ont pas eu de grands rôles. Il y a d'excellents metteurs en scène, mais il n'y a plus d'auteurs. Il n'y a plus la magie des grands films d'avant et c'est bien dommage. Mais il faut déjà être heureux d'avoir eu ce qu'on a eu. Le rôle que je joue en ce moment est un beau rôle. C'est toujours intéressant de jouer quelqu'un qui est très loin de vous. D'arriver à faire que tout le monde dise : «ça déchire !» et de vous dire: «j'ai réussi le truc !». Parce que lorsque vous lisez le scénario et que vous dites oui, rien ne prouve que vous allez réussir. Un tas de conjonctures est déterminant : l'ambiance sur le plateau, le réalisateur. Souvent, vous ne l'avez rencontré qu'une heure.
Passer de l'un à l'autre, c'est déjà une démarche intéressante…
Ben oui ! Moi, je lis un scénario, un mec vient vers moi, me propose le rôle et, s'il arrive à me convaincre de son intransigeance, je le suis.
Passer derrière la caméra,
ça vous tente ?
Oui. Maintenant que j'ai une maturité d'homme, je vais faire des films et arrêter le métier d'acteur. Je n'ai pas envie de me montrer jusqu'à 70 ans. C'est pour cela que je veux vivre dans un pays tranquille, pour écrire. Me mettre devant, ça ne m'intéresse plus vraiment. Par contre, profiter de tout ce que j'ai appris, diriger des acteurs, choisir des équipes et fabriquer des choses, ça me tente.
Parlons de votre côté «non people». Vous êtes une sorte d'extra-terrestre. Jamais dans les magazines, marié à la même femme depuis 30 ans…
Trente-deux ans exactement. Jennifer est la mère de mes deux enfants : Manu qui a 33 ans et Léo qui a 20 ans. C'est une femme qui a des valeurs, comme un mec. Elle avait envie d'une famille, elle l'a créée et elle s'est battue pour la garder. Quant à multiplier les aventures avec les actrices, oh la la, surtout pas les actrices ! Je l'ai fait avant de rencontrer ma femme, au début de ma carrière. Mais ce sont des rapports très superficiels. Les actrices ne me font pas fantasmer, parce qu'elles font le même métier que moi et j'en connais les tenants et les aboutissants. J'ai beaucoup de respect pour elles en tant qu'actrices mais, honnêtement, elles sont complètement marbrées, au même titre que les mecs, d'ailleurs.
C'est un métier qui vous rend très fragile parce que vous êtes en représentation tout le temps. Moi, j'ai besoin d'être marié avec une nana qui me dit : «il y a le portail à réparer, tu te débrouilles !». Quand je partais deux mois en tournage, je savais que Jennifer était là pour les enfants, qu'elle les élèverait bien. Elle vient quand il faut, elle repart quand il faut. C'est ça une femme qui vous va : c'est une femme qui ne vous emmerde pas, qui vous comprend et qui vous supporte.
Parce qu'on est insupportable nous, les hommes. Ma femme a du caractère, de la personnalité. Elle était chanteuse à l'époque du disco, elle était connue et elle a tout arrêté pour faire une famille. Quand je rentre chez moi, il y a tout : l'amour, la paix, les fleurs, ça sent bon, il y a à bouffer… Pourquoi j'irais m'emmerder avec une actrice qui n'a pas le temps de faire tout ça !
Et puis ma femme a toujours été là dans les moments difficiles. Et moi, je ne quitte pas une femme qui a des couilles !
C'est parce que vous avez ce respect pour les femmes que, dans vos meilleurs rôles, vous avez été dirigé par des réalisatrices ?
J'ai une grande confiance dans les femmes. Les réalisatrices, quand elles vous prennent, c'est parce qu'elles n'envisagent personne d'autre. Nicole Garcia n'aurait jamais fait Le Fils préféré sans moi. Je parle de ces femmes-là, celles qui ont un caractère d'homme. Ce sont celles-là qui m'intéressent, pas les petites gonzesses qui minaudent… Les femmes qui vous apprennent des choses sur vous-même. Ce qu'on fait Nicole et Agnès Jaoui, ce que va faire Laura Morante. Elles m'ont porté bonheur. Avec elles, j'ai des rapports plus intelligents, plus dans la nuance.
Le cinéma américain, ça ne vous a jamais tenté ?
Je fais partie d'une génération qui n'a pas été brillante à l'école, alors l'anglais… Et puis, pour rencontrer des gens là-bas, ça se passe avec des agences… ça me fatigue d'avance. Et, encore une fois, les Etats-Unis, ce n'est pas mon kiffe. J'y suis allé dix fois et je n'ai pas eu envie de les fréquenter. A Los Angeles, j'ai trouvé les gens d'une superficialité ! Surtout, je n'ai pas plus d'ambition que ça, en tant qu'acteur. J'ai l'ambition de réussir ma vie et j'ai eu celle que je rêvais d'avoir. Je suis mon propre patron. J'ai des sous pour manger, pour faire plaisir aux gens et pour m'acheter des rêves. J'habite à la campagne, j'ai des gosses que j'aime, j'ai une vie tranquille. Je ne rêve surtout pas d'être George Clooney ou Brad Pitt : quand ils sortent, ils sont obligés de mettre une casquette ou une capuche. Moi, quand je sors, il n'y a pas d'arrachage de chemise. Je n'aurais jamais supporté ça ! Les gens me saluent avec respect, d'un homme ou d'une femme à un autre homme. J'ai tout !
Peu d'acteurs disent avec autant que conviction que la vie est plus importante que le cinéma.
Le cinéma, c'est un boulot ! C'est comme chirurgien, ébéniste…
Mais quand, par exemple, vous jouez un personnage qui se fait torturer, ça laisse des séquelles, non ?
Non, aucune. Il n'y a pas de problème à quitter le déséquilibre ou le malheur quand on dit : «coupez !». L'humiliation, vous la ressentez le temps de la scène, sinon vous êtes mort. Ça laisse des séquelles aux mecs faibles, à ceux qui ne font pas la différence entre le travail de composition et la vie réelle. Vous ne pouvez pas aller aussi loin : vous jouez un aveugle, vous vous crevez les yeux, vous jouez un violeur d'enfants, vous passez à l'acte…
Jouer un violeur d'enfants, ça doit être perturbant, justement…
Oui, mais moi je ne vais pas sur ces rôles-là. Moi, je ne fais pas ce métier pour souffrir. Je n'ai pas envie de circuler avec ça dans ma tête après. C'est vrai que vous avez des acteurs qui vous disent que c'était très dur parce qu'après la scène, ils étaient encore dedans. Il y a une école d'acteurs où on t'apprend que si tu n'es pas le personnage tout le temps, le jour, la nuit, tu n'es pas un bon acteur. A la fin, ils deviennent dingues. Pacino, De Niro, Keitel… ce sont des malades. Dustin Hoffman, quand il jouait Tootsie, il disait dans les interviews qu'il voulait être enceinte : il y a un moment où il faut s'arrêter, tu parles aux gens !
Ou alors, il ne faut pas le faire si tu es aussi braque que ça ! Moi, j'essaie de faire proprement le travail qu'on me demande et d'avoir un comportement parfait sur un tournage. Et je remercie le ciel tous les jours.


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