«Nous sommes l'exil» est un grand travail que l'association Génériques et EMI Music France nous offre. Un régal des sens. L'histoire de la chanson maghrébine en France est loin d'être contée. On avait le grand travail effectué par les frères Hachelaf, Ahmed et Lahbib, «Anthologie de la musique arabe (1906-1960)», paru aux éditions Anep en 2001. Le livre dresse un fabuleux casting de tous les 78 tours édités en France et en Europe concernant les musiques du monde arabe. Le 17 novembre un coffret de 3CD vient enrichir cette discographie. Edité par l'association Générique, qu'anime le président du conseil de la communauté marocaine à l'étranger Driss Yazami, et EMI Music France, «Hna lghorba» (nous sommes l'exil), titre emblématique du refrain de Rabah Driassa, est un survol des langues, thématiques des créations des chanteurs maghrébins juifs et musulmans ayant vécu ou séjourné en France.Des morceaux qui remontent aux années 30 avec les fameuses expositions coloniales ayant connu la participation des Houcine Slaoui et autre Haj El Anka. Mais surtout les années d'après la deuxième guerre mondiale où Paris est devenue la Mecque de tous les grands noms avec ses cabarets orientaux tels la Koutoubia, le Baghdad, Al Jazair et autres Tam-tam que tenait le père de Warda Al Jazairia. Que ça soit dans ces lieux mythiques, au service arabe de la radio, dans les studios et les sociétés d'enregistrement, on croisait les Jamoussi, Blond Blond, Ali Riahi, Line Monty, Fouiteh,Missoum, Abdelouahab Agoumi, Salim Halali, Noura, Samy Elmaghribi, Seloua, Ahmed wahbi et Lili Labbassi et son fabuleux «Bariz, Bariz, li achek bariz iammar bastamou blouiz». Nous sommes devant un travail de mémoire, une illustration artistique du vécu des maghrébins en exil, de leurs tourment et nostalgie de «riht lablad». ■