Après le secteur de l'éducation, c'est au tour des blouses blanches de manifester leur mécontentement en entamant depuis samedi un débrayage de 5 jours pour faire valoir leurs droits et leurs revendications socioprofessionnelles. Le mot de grève lancé par les 5 Syndicats autonomes de la Santé publique, Snapsy, (psychologues), la Snmasm (maitres assistants) la Snpsp (praticiens) la Snpdsm (professeurs et docteurs) et la Svpssp (spécialistes), a été largement suivi le premier jour au niveau des grandes villes (Alger, Oran, Constantine). Les représentants syndicaux affichent une grande satisfaction, en annonçant un taux de 90% du suivi du mot d'ordre. Pour sa part, le professeur ZIDOURI, président du syndicat national des professeurs et docteurs des sciences médicales, affirme «Toute la communauté universitaire est mobilisée pour réussir ce mouvement d'ordre socio-revendicatif» et d'ajouter «nous assurons un service minimum et en aucun cas les malades n'auront à souffrir de cet arrêt de travail», ce responsable syndical se félicite par ailleurs de l'adhésion massive des professionnels de la santé et dénonce l'injustice et le manque de considération à l'encontre de cette communauté qui regorge de compétences et qui, sous d'autres cieux, sont mieux considérés et rémunérés à leur juste valeur. En effet, beaucoup de médecins algériens ont choisi l'exil. Ils sont nombreux à pratiquer en France et notamment dans la région parisienne. Le doyen des professeurs lâche avec amertume et frustration «après trente années passées dans la santé, nous avons été trahis par notre tutelle» Et comment ne pas comprendre une telle frustration, lorsqu'on compare le salaire d'un professeur qui a 20 ans d'expérience qui gagne à peine la moitié d'un salaire d'un député. Les dernières augmentations accordées généreusement par le gouvernement aux députés et aux magistrats, sont perçues comme une humiliation par cette communauté scientifique, qui a pour noble et sacrée mission de sauver des vies humaines et de veiller à la santé du citoyen. Dans les prochains jours, le mouvement va se durcir et ne fera aucune concession pour obliger les services publics à satisfaire ses exigences. Cette grève semble s'inscrire dans la durée, à moins que le gouvernement n'opte pour le dialogue, une exigence qui figure d'ailleurs dans les revendications des grévistes. Cependant, certains grévistes sont pour une ligne plus radicale et proposent une semaine de grève par mois avec la tenue de rassemblements quotidiens à l'intérieur des établissements sanitaires. Unicité syndicale A l'est du pays, cet appel a été suivi par une large majorité selon les communiqués émanant des responsables d'établissements sanitaires ; tout en assurant le service minimum à tous les niveaux et en accordant la priorité aux services de pédiatrie et à la maternité et aux urgences signalées. Le débrayage a commencé au C.H.U de Constantine par un rassemblement des médecins; des maîtres assistants et autres docteurs qui ont observé un sit-in devant le siège de l'administration. Cette mobilisation initiée par les 5 syndicats autonomes des blouses blanches, a complètement mis sous l'éteignoir l'U.G.T.A qui a perdu toute sa crédibilité en s'affichant comme l'éternel allié du pouvoir. Il faut dire que l'U.G.T.A est considérée comme l'unique partenaire social par le pouvoir, et c'est justement cette unicité syndicale qui est aujourd'hui remise en cause par les autres organisations des travailleurs. Le point essentiel des revendications de cette corporation reste en premier lieu l'ouverture d'un dialogue, ces syndicats réclament le statut de partenaire Social à part entière, les autres revendications sont d'ordre socioprofessionnel, notamment une augmentation de salaires de 300% avec un point indiciaire calculé sur une base de 150 DA. Et pour mieux asseoir leurs revendications, les hospitalo-universitaires algériens réclament tout simplement l'alignement de leurs salaires sur ceux de leurs confrères marocains et tunisiens (le salaire moyen en Tunisie est 3800 euros). Les deux secteurs que sont l'Education et la Santé figurent parmi les priorités du programme présidentiel, autant dire que le gouvernement n'a d'autres issues que de négocier, car tout le monde le sait : à quelques mois de l'élection présidentielle, Bouteflika ne tolérera aucun échec sur son programme 2004-2009. n