Passionné d'économie internationale et de géopolitique, Saad Benabdallah a parcouru plusieurs fois le globe. Homme multicarte mais surtout homme de terrain, c'est logiquement qu'il arrive à la tête de Maroc Export pour doper les exportations du Royaume. Comment êtes-vous arrivé à la tête de Maroc Export ? Saad Benabdellah : C'est l'acheminement naturel de mon parcours universitaire et de mon expérience professionnelle, les deux étant orientés à l'international (18 ans à l'étranger à Londres, New York, Vienne, Madrid et Paris). Ayant été conseiller économique et commercial à l'Ambassade du Maroc à Paris, pendant cinq années, je « vendais » la destination « Maroc » aux investisseurs et hommes d'affaires français comme une plateforme économique pour rebondir à l'international. Aujourd'hui, ma mission, au niveau international, en tant que directeur général de Maroc Export s'inscrit dans la continuité de cette démarche. Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ? Notre objectif au sein de Maroc Export est de donner une nouvelle impulsion à la promotion des exportations. Nous adoptons une approche agressive, proactive et en cohérence avec la vision du gouvernement de Sa Majesté le Roi, Que Dieu l'Assiste. Pour cela, nous avons commencé par un travail de restructuration au sein même de notre organisme. Maroc Export s'inscrit désormais dans une logique de réflexion, en plus de l'exécution de la stratégie nationale de Promotion des exportations, « Maroc Export Plus » lancée il y a trois semaines par le ministère du Commerce extérieur qui est notre ministère de Tutelle. L'idée est de répondre à trois questions : qu'est-ce qu'on vend ? Où ? Et comment ? A partir de là, nous serons dans une logique de produire ce que l'on peut vendre, et non plus de vendre ce que l'on produit. La conjoncture actuelle modifie t-elle les enjeux ? A quel niveau ? Vous voulez parler de la crise internationale. La crise ne modifie pas les enjeux, elle est un accélérateur de tendances économiques, et c'est tant mieux. La crise nous pousse à faire montre de plus de pragmatisme, et d'être plus dans l'action. En gros, la crise nous pousse à accélérer le rythme de notre promotion. Je suis arrivé à la tête de Maroc Export en pleine période de crise internationale, mais je reste optimiste, tout en étant pragmatique et lucide. Je vois la crise plus comme une opportunité et je pense que l'heure est déjà à la préparation de l'après- crise. Nous (opérateurs Publics et Privés) voulons arriver à tripler les exportations à l'horizon 2018. C'est l'ambition de la stratégie « Maroc Export Plus ». Quelle est la force du Maroc à l'export ? On peut la définir en trois avantages comparatifs. Nous avons tout d'abord un partenaire stratégique qui est l'Union Européenne. L'obtention du statut avancé en octobre 2008 doit être capitalisée et optimisée. Nous avons, par ailleurs, signé des accords de libre-échange avec plusieurs autres pays qui peuvent être une force pour travailler avec nos partenaires du secteur privé à attaquer d'autres marchés (USA, Pays du Golf, pays Africains…). Enfin, notre force réside dans notre capacité à produire et à performer. Nous avons cette capacité et je crois fort que si l'on se fixe un cap, on l'atteindra. Votre vision du Maroc dans dix ans ? Nous sommes en train de vivre une période assez spéciale dans notre histoire. Le Maroc est un pays qui bouge et évolue très rapidement, un pays en chantier avec tellement de projets qu'il faut être aveugle pour ne pas avoir une vision. Il y a justement plusieurs visions stratégiques qui sont parallèlement lancées dans plusieurs secteurs. Elles se joignent et se complètent pour un développement cohérent de l'économie de notre pays. Il y a donc plusieurs niveaux d'actions, mais un seul enjeu majeur, c'est le développement du pays. Les résultats devraient être globalement visibles dans dix ans. Comment vous voyez-vous évoluer dans l'avenir ? Sur le plan professionnel, je veux performer. Performer, notamment dans le cadre de mes nouvelles fonctions à la tête de Maroc Export. Je souhaite, dans le cadre de mes fonctions, concrétiser la mise en place de la stratégie « Maroc Export Plus » et réaliser ses objectifs. Ensuite, sur le plan personnel, je veux réussir ma vie familiale en donnant à mes enfants la même éducation que j'ai reçue.