Alors que le gouvernement envisage d'imposer aux écoles privées la gratuité pour 15 % d'élèves défavorisés ou en situation de handicap, la mesure soulève une vive controverse. Entre impératif de justice sociale et survie économique des établissements, le débat met en lumière les tensions du système éducatif national. Un projet de décret gouvernemental attire l'attention et suscite la controverse au sein du système éducatif marocain. Il s'agit d'une mesure visant à obliger les établissements d'enseignement privé à accueillir, gratuitement, au moins 15 % d'élèves issus de familles démunies ou en situation de handicap. Une disposition ambitieuse, inscrite dans le cadre de la loi-cadre 17.51 sur l'éducation et la formation, mais dont l'application soulève de profondes divergences. L'objectif affiché est clair : renforcer l'égalité des chances en offrant à des enfants défavorisés l'accès à une éducation de qualité. Dans un pays où le fossé entre enseignement public et privé se creuse, cette mesure est perçue par certains comme un pas vers une plus grande justice sociale. Elle pourrait permettre à de nombreux élèves brillants, mais économiquement marginalisés d'intégrer un environnement pédagogique mieux doté. Lire aussi : Times Higher Education-Ranking 2025: l'UAE se distingue pour la 4è année consécutive Cependant, cette initiative ne fait pas l'unanimité. De nombreux établissements privés expriment de fortes réserves, estimant qu'une telle obligation risque de fragiliser leur équilibre financier. Ces institutions, qui fonctionnent sur la base de licences légales et de contrats avec les familles, considèrent qu'imposer un quota d'élèves non payants sans contrepartie constitue une contrainte supplémentaire dans un contexte économique déjà tendu. La crise sanitaire a laissé des séquelles dans le secteur, affectant les capacités de gestion et la stabilité de nombreux établissements. Dans ce contexte, la mise en œuvre d'un quota de 15 % pourrait entraîner une surcharge, tant sur le plan logistique que budgétaire, notamment pour les établissements de petite ou moyenne taille. Le débat révèle également un décalage entre les intentions politiques et les réalités du terrain. Si la loi-cadre évoquait déjà cette orientation en faveur de l'inclusion, son absence de chiffrage précis avait conduit à une application partielle, voire inexistante. Aujourd'hui, la fixation d'un seuil obligatoire vient relancer la discussion, mais sans véritable mécanisme d'accompagnement ou de financement clair de la part de l'Etat. Face à cette situation, de nombreuses voix appellent à un dialogue approfondi et à la recherche d'un compromis. Plusieurs propositions circulent, telles que la création d'un fonds public de soutien aux écoles privées qui s'engageraient volontairement dans l'accueil d'élèves défavorisés, ou encore l'instauration de partenariats public-privé plus structurés.