Sans révéler précisément les contours de son action, le nouveau PDG de l'ONA, affirme avoir la volonté de changer les méthodes de gestion du premier groupe privé du Royaume. Mais il confirme que la stratégie que menait son prédécesseur, Mourad Chérif, ne va pas changer. Fait nouveau : il promet la publication des objectifs du groupe en termes de chiffre d'affaires, de marge brute, de résultat net et de tout autre indicateur qui sert de base à tout investisseur pour prendre sa décision. La stratégie du groupe va rester la même, mais les méthodes de sa gestion vont changer”. Voilà l'affirmation la plus importante annoncée par Bassim Jaï Hokimi, nouveau président de l'ONA, lors de sa première rencontre avec la presse, depuis sa nomination à la tête du groupe le plus emblématique de toute l'économie marocaine. Sans être plus précis sur le contenu de ces méthodes et sur ce que va devenir le groupe dans quelques années, le nouveau patron affiche néanmoins une ferme volonté de rendre le holding plus transparent et sa gestion plus démocratique. Les deux secteurs, en l'occurrence le tourisme et les nouvelles technologies, dans lesquels l'ONA avait initié des investissements d'une importance encore peu significative, resteront, selon Bassim Jaï Hokimi, des domaines que le holding va davantage exploiter pour “l'énorme” potentiel qu'ils recèlent. “Mais cela, explique-t-il, n'aura aucun impact sur la stratégie du groupe en matière de développement des autres filières comme les mines, la grande distribution ou encore l'agroalimentaire”. Bien que traditionnelles et, pour certaines d'entre elles, pénalisées par une conjoncture économique et réglementaire difficiles, ces filières qui ont servi de tremplin au développement spectaculaire de l'ONA, constitueront toujours l'ossature du plan stratégique du groupe. C'est du moins ce que son nouveau président tente d'éclaircir pour oter de l'esprit des observateurs toute équivoque sur l'intention de l'ONA de privilégier un secteur par rapport à un autre. Néanmoins, une chose est sûre : les partenariats anciennement conclus par son prédécesseur, Mourad Chérif, désormais aux commandes de l'OCP, seront reconduits. La politique expansionniste menée par Mourad Chérif s'est traduite par un plus fort endettement du groupe et une multiplication des structures sous prétexte de diversification : des mines aux médias en passant par le tourisme et la grande distribution, le groupe a plongé dans un amas d'activités dont les participations financières, quelques fois minoritaires, ne concordent guère avec le principe de “recentrage sur les métiers de base” que défendait, à son époque, Fouad Filali, ancien patron du groupe. Durant toute son intervention face à la presse, Bassim Jai Hokimi, n'a pas évoqué ce principe. Il s'est contenté d'affirmer que la stratégie menée par son prédécesseur sera reconduite. Une manière de rassurer les commentateurs qui, à maintes reprises, se sont acharnés contre l'ampleur des acquisitions réalisées à tour de bras par l'ancien PDG du groupe. Vers la démocratisation de la gestion de l'ONA ? De l'avis de tous les observateurs avertis, la nomination à la tête de l'ONA de Bassim Jaï Hokimi, que l'on présente comme un grand technicien des marchés financiers, est un signe avant-coureur de l'accélération de la démocratisation de la gestion de ce holding. Fait nouveau , il promet l'annonce au marché des objectifs à atteindre en termes de chiffre d'affaires, de marge brute d'exploitation, de résultat net et de tout autre indicateur qui sert de base à l'investisseur pour prendre sa décision. Ce qui ne se faisait pas avant alors que le fonctionnement normal de tout marché financier repose sur la publication des objectifs que l'on compare plus tard aux réalisations de l'entreprise. La démarche est louable. Elle va permettre aux investisseurs de sanctionner le management du groupe. D'autant que cette culture de sanction est quasi absente. A tel point que nos investisseurs ont perdu confiance par manque de visibilité sur la gestion des entreprises cotées. Rétablir cette confiance exige de communiquer davantage et de cultiver un esprit proactif par rapport à l'évolution du marché. Déjà, en affichant cette volonté de renforcer la communication et la transparence, le nouveau patron du holding manifeste son souhait de faire de l'ONA un groupe à l'image de ses homologues étrangers. Va-t-on alors assister à la naissance d'une nouvelle ère où ce groupe tentaculaire donnerait l'exemple aux autres sociétés d'une dynamisation des marchés financiers en toute transparence ?