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Les raisons de la crise actuelle
Publié dans La Gazette du Maroc le 11 - 07 - 2005


Maroc-Algérie
Le regain de tension provoqué par le raidissement de la position algérienne s'explique par l'éventualité d'une plus grande implication des USA et de l'Europe dans la recherche d'une solution négociée de la question du Sahara. La proposition du Maroc relative à l'autonomie a modifié la donne. Il reste à la conforter sur le terrain de façon plus décisive…
Sur quel fond, la tension entre le Maroc et l'Algérie est-elle montée de quelques crans ? Depuis les déclarations jugées “provocatrices“ du président algérien Abdelaziz Bouteflika à la veille du sommet de l'UMA à Tripoli fin mai dernier, cette nouvelle crise est venue dissiper le fragile espoir suscité par la rencontre en mars à Alger des deux chefs d'Etat maghrébins. Estimant que les procédés des dirigeants d'Alger, identiques depuis 30 ans, ne préfigurent aucun déblocage, Rabat n'a pas estimé utile de recevoir la visite du premier ministre algérien.
Les manifestations du quartier Maatallah à Laâyoune suivies de celles d'étudiants sahraouis à Rabat ont servi de matière au Polisario pour sortir d'une longue torpeur et s'afficher plus bruyamment en représentant et défenseur “des populations opprimées par le Maroc“.
Ceci au moment où l'un des responsables du Polisario, Hammati Rabbani, a fait défection et a rejoint le Maroc, se disant persuadé de l'impasse où se trouve actuellement le projet “indépendantiste“. D'autre part, des troubles sont signalés dans les camps de Tindouf exprimant l'impatience des jeunes générations face à “l'absence de toute perspective“. Ce qui fait dire au Maroc que le Polisario se délite et est confronté à des mésententes internes au sein de sa hiérarchie (le ministre de la défense Ould Bouhali étant vivement contesté).
Quels éléments entrent en jeu dans la poussée de tension actuelle et quelle évolution peut-on entrevoir ?
Enjeu sécuritaire régional
L'enjeu sécuritaire de la région du nord de l'Afrique et du Sahel est devenu très crucial. L'intérêt des USA pour cette zone est aujourd'hui d'une toute autre nature dans le contexte de la lutte contre le terrorisme. Les confins sahariens risquent d'être de nouveaux refuges et des sanctuaires pour les groupes liés à Al Qaïda, traqués en Afghanistan et au Moyen-Orient.
La menace est prise suffisamment au sérieux, d'autant plus que les groupes armés algériens ont tendance à étendre leurs mouvements vers la zone saharienne. L'attaque du 4 juin dernier par une centaine de jihadistes d'une caserne mauritanienne à 400 kms à l'est du Sahara marocain a provoqué de vives inquiétudes.
Ceci au moment même où sous l'égide de l'armée américaine de vastes exercices militaires étaient conduits dans la région avec la participation des armées de 8 pays (Maroc, Mauritanie, Algérie, Tunisie, Sénégal, Mali, Niger et Tchad). Cette opération appelée “Flint lock“ s'inscrit dans le programme américain “Initiative Pan-Sahel“ de sécurisation de la région contre la menace terroriste. La vulnérabilité de la zone sahélienne est d'autant plus préoccupante qu'elle est devenue le repaire de trafiquants et de contrebandiers.
Le différend sur le Sahara est aussi de plus en plus perçu sous cet angle. Pour les USA, tout comme pour l'Europe, toute éventualité de reprise d'un conflit armé est considérée comme périlleuse et inacceptable.
L'impératif d'une solution pacifique est devenu primordial, même si le jeu de balance entre les parties opposées continue encore de prévaloir.
C'est dans cette optique que l'Espagne de Zapatero s'évertue à vouloir jouer un rôle plus actif en vue d'un déblocage qui demeure assez hypothétique.
C'est le ministre des Affaires étrangères espagnol, Miguel Angel Moratinos, qui déclarait récemment à une radio que “l'Espagne n'a pas jusqu'ici joué le rôle qui devait être le sien en tant qu'ex-puissance colonisatrice, nous sommes restés longtemps spectateurs sans rien faire, il est temps d'essayer de rapprocher les points de vue opposés“. Il a indiqué que son département tente “de mettre en œuvre des moyens diplomatiques pour ce faire, la question du Sahara figurant parmi ses priorités“.
Ménageant toutes les parties, Moratinos a souligné que si le droit à l'autodétermination sous les auspices de l'ONU doit être préservé, il faut aussi parvenir à un dialogue politique sans lequel aucune solution ne saurait être concevable.
On sait que cette réorientation de la position espagnole avait irrité l'Algérie et ses protégés du Polisario. Le chef de la diplomatie espagnol s'efforce désormais de s'en tenir à une rhétorique équidistante des positions des parties adverses.
Néanmoins, et même si on a pu interpréter cet ajustement comme un léger refroidissement avec le Maroc, il n'en reste pas moins que l'insistance mise sur le dialogue politique demeure un élément nouveau et essentiel.
L'Espagne a entrepris des démarches auprès du secrétaire général de l'ONU et du département d'Etat à Washington pour plaider en faveur de la désignation d'un nouveau représentant de Kofi Annan au Sahara. Après la démission de James Baker et d'Alvaro de Soto, cette mission n'était plus remplie. On sait qu'après son refus par le Maroc, le plan de Baker était apparu à l'évidence impraticable et son auteur avait démissionné pour n'avoir pu obtenir l'aval des USA. Quant à de Soto, il avait fait l'objet d'une campagne hostile de l'Algérie et du Polisario qui voyaient en lui le fossoyeur du plan Baker.
Implication de l'Espagne
Les Espagnols auraient suggéré la nomination de Colin Powell, ex-secrétaire d'Etat, pour cette mission, mais celui-ci aurait refusé. En fait, tout dépendra de l'option qui prévaudra à Washington : on a évoqué les noms de Richard Armitage et John Danforth, deux ex-collaborateurs du président Bush. Pour l'heure on en est surtout aux supputations.
C'est ainsi que s'éclaire le jeu actuel d'Alger. Le noyau politico-militaire du pouvoir qui ne veut pas encore lâcher prise cherche à influencer l'option qui sera retenue par les USA et qu'incarnera le futur représentant de Kofi Annan. Craignant une orientation en faveur d'une autonomie du Sahara dans le cadre de la souveraineté marocaine, le pouvoir d'Alger essaie de monter les enchères.
Le choix de la tension et de la guerre des nerfs (où les gestes conciliants précèdent les propos hostiles et le “dégel“ de mars la douche froide de mai) veut signifier le droit de veto de l'Algérie et sa capacité à faire barrage à toute solution qui n'a pas son aval.
C'est ce que traduit la lettre du chef du Polisario, publiée la semaine dernière à l'adresse du roi Mohammed VI où il s'érige en défenseur des populations sahraouies victimes de la répression à Laâyoune et menace d'un retour au conflit armé si le Maroc persiste à refuser le plan Baker, seul cadre de règlement possible. Ce qui retient l'attention dans cette missive ce sont surtout les allusions à peine voilées exprimant sans doute l'attitude du pouvoir d'Alger. Il y est question du risque “d'aggravation de la tension et de la division dans notre région“, ce qui peut être déchiffré comme une mise en garde algérienne. C'est ainsi qu'est montrée du doigt “la politique actuelle du gouvernement marocain, basée sur une escalade totale, mobilisant tous les médias et les partis et cherchant à impliquer toute la société marocaine, ce qui ne sert pas les peuples de la région“.
La mobilisation des partis et des associations de la société civile marocaine, notamment celles animées par des Sahraouis, à l'exemple de celle qui a été expulsée de l'aéroport d'Alger, semble être peu appréciée par le pouvoir algérien.
De façon plus explicite, Mohamed Abdelaziz précise dans sa lettre “qu'il n'est plus acceptable que le gouvernement marocain cherche à faire une union nationale basée sur les attaques contre l'Algérie sœur“. Plus encore, cette lettre met en garde contre toute dérive qui conduirait à des “massacres au Sahara“ ou à “une agression contre un pays voisin pacifique“ ( l'Algérie encore!).
Message codé
Il y a là en direction du Maroc un message à peine codé signifiant que l'Algérie peut remettre en cause le statu quo et opposer un barrage de fer à toute initiative qui lui déplait, comme par exemple le fait d'en appeler directement aux partis et à la société civile algériennes ou aux populations des camps de Tindouf.
Ceci d'autant plus que les surplus de la rente pétrolière n'ont cessé d'augmenter avec la flambée des prix des hydrocarbures. On peut pratiquement établir une corrélation entre la courbe des revenus pétroliers de l'Algérie et celle du durcissement de la volonté hégémonique de son pouvoir dans la région.
En tout cas, cette manne semble raviver les penchants les plus anciens du pouvoir qui pense ainsi avoir les moyens de mieux s'imposer aux partenaires américains et européens. Ces derniers sont mis en appétit par le programme d'investissement annoncé de 45,5 milliards d'euros.
C'est ainsi qu'Alger se démène à nouveau pour se singulariser comme partenaire principal dans la lutte contre le terrorisme dans la région du Maghreb et du Sahel ainsi qu'en matière économique. Pour conforter cette position, les liens avec l'Afrique du sud (à qui l'Algérie a acheté des armes) et l'Afrique australe, sont mis à contribution.
Cependant la position algérienne sur le Sahara est vouée à l'irréalisme. En effet, elle ne peut aboutir qu'au maintien du statu quo ou à un conflit armé. Or ce sont précisément deux éventualités que les USA et l'Europe voudraient voir surmontées.
La proposition du Maroc d'une autonomie dans le cadre de la souveraineté nationale apparaît comme une solution plus équilibrée et plus réaliste. Les membres de la direction du Polisario qui ont rejoint le Maroc sont de ce fait plus à l'aise pour considérer que c'est là une issue honorable. La mobilisation actuelle pour plaider en faveur de celle-ci, est un élément nouveau qui contraste avec la diplomatie distante et peu efficiente qui a longtemps prévalu. Il est nécessaire aussi que le débat démocratique soit plus favorisé dans les provinces sahariennes et que la perspective d'une promotion de nouvelles élites plus proches des populations et de leurs attentes devienne plus palpable.
L'option de l'autonomie du Sahara est une donnée nouvelle qui modifie, quoi qu'on en dise, les termes de la question. L'obstination du pouvoir d'Alger à vouloir la torpiller ne comporte, par contre, rien de nouveau : là est le défaut de sa cuirasse.


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