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Damas dans la dernière ligne droite
Publié dans La Gazette du Maroc le 09 - 01 - 2006


SYRIE
Si les dernières déclarations de l'ancien vice-président syrien, Abdel Halim Khaddam, enfoncent, d'une part, le clou et impliquent directement le chef de l'Etat syrien, Bachar al-Assad, dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, les initiatives communes saoudo-égyptiennes oeuvrent, d'autre part, à desserrer l'étau autour du régime baâssiste de Damas. Les scénarii se bousculent…
En toute état de cause, force est de souligner que l'interview accordée par l'ancien vice-président syrien, Abdel Halim khaddam, à la chaîne saoudienne, "Al-Arabia"- qui ne peut être réalisée sans l'aval de Riyad- , a été un coup dur pour l'establishment syrien. Ce dernier, après avoir repris son souffle suite à la résolution onusienne No 1636, qualifiée de modérée par les observateurs, se voit de nouveau plonger dans l'incertitude. D'autant qu'il devra désormais s'attendre au pire de ce qui pourrait venir du Comité international d'enquête qui n'a pas tardé à bouger en visant cette fois la tête du régime. Le porte-parole de cette institution a déclaré à partir de Beyrouth que le comité compte interroger le président Bachar al-Assad ainsi que tous les symboles influents du pouvoir, aussi bien sécuritaires que politiques.
Alors que Damas a déjà fait savoir que le chef de l'Etat ne sera guère sujet d'un interrogatoire, elle a, cependant, laissé entendre qu'il pourra rencontrer la délégation du comité lors de sa visite à Damas. Une manière de montrer que la Syrie ne donnera aucun alibi à ses adversaires qui pourraient l'accuser de non-coopération avec l'ONU.
C'est apparemment le contenu du conseil donné par le président égyptien, Hosni Moubarak, qui l'avait rencontré au Caire avant de se rendre à Paris pour se réunir avec Jacques Chirac, sur commun accord avec le roi d'Arabie, Abdallah ben Abdel Aziz.
L'entourage de Saâd Rafic Hariri qui, dit-on, est à l'origine de l'initiative de l'interview choc -avec bien entendu le feu vert des Saoudiens- , estiment qu' Abdel Halim Khaddam n'a pas franchi ainsi le pas et aller aussi loin, sans que cela fait partie d'un plan politique qu'il avait mis en place avec des alliés arabes et des amis occidentaux, notamment au sein de l'administration américaine.
De source saoudienne et française concordantes, la Gazette du Maroc a appris qu'une première tentative d'impliquer le régime syrien et ses symboles a entamée, il y a environ deux mois, auprès du général Hikmat al-Chihabi qui vit lui aussi à Paris. Ce dernier qui était un des piliers du pouvoir du père Hafez al-Assad et grand ami de feu Rafic Hariri, a décliné l'offre qui lui a été proposée pour jouer le jeu. Et, par là, être récompensé par la présidence de la République en Syrie après la chute du régime en place. Ce que Chihabi avait refusé, Khaddam l'a accepté. Un nouveau bras de fer est maintenant engagé, surtout après que Damas a sorti ses griffes menaçant de dispatcher tous azimuts les dossiers qu'elle tient sur khaddam, sa famille et ses relations de business avec des hommes politiques de l'actuelle majorité ainsi qu'avec l'ancien premier ministre Hariri. Pour mieux se défendre, l'ancien vice-président syrien a haussé le ton et la barre en appelant Bachar al-Assad à choisir entre le départ et la prison. Une position qui a contrarié les Saoudiens qui ont demandé à leurs médias de s'abstenir de diffuser les déclarations de khaddam. La preuve, l'annulation par notre confrère londonien Al-Hayat, appartenant au prince Khaled ben Sultan ben Abdel Aziz, d'une interview qui devait être publiée samedi dernier.
Des tractations
très serrées
Loin des propos assassins de l'ancien premier ministre syrien et des réponses menaçantes des différents responsables à Damas, des tractations s'effectuent sur tous les plans, à travers plusieurs canaux pour faire éviter à la région du Moyen-Orient le pire. Les Arabes, plus particulièrement les deux qui formaient avec la Syrie un trio pendant plus de deux décennies, à savoir l'Arabie Saoudite et l'Egypte, ont été contraints de bouger. Notamment, après que le président iranien Mahmoud Ahmedinejad a dépêché trois émissaires auprès du président syrien dans l'intervalle de deux semaines. Ces hautes personnalités iraniennes portaient presque le même message : consacrer tous les moyens que possède la République islamique d'Iran pour défendre l'allié stratégique, la République arabe syrienne. Ahmedinejad a transmis le message selon lequel il rappelait le bon vieux temps de l'axe historique mis en place par Ayatollah Khomeïni et Hafez al-Assad, contre les forces d' “Al-Istibdad”. Un axe qui devait se renouveler avec plus d'efficacité alors que l'ennemi commun américain réalise aujourd'hui l'ampleur de son enlisement en Irak et l'échec de sa politique moyen-orientale.
Le retour de cet axe que craignent les Etats-Unis et leurs principaux alliés arabes, poussent nécessairement plus d'une partie à œuvrer pour faire sortir la situation qui s'impose de l'ornière. Le go-between égyptien, en concertation étroite et quasi-quotidienne avec l'Arabie Saoudite, a pour objectif de trouver une solution de juste milieu. Cela dit, la Syrie se pliera aux recommandations de l'ONU en sacrifiant quelques boucs émissaires de son système sécuritaire.
En contre partie, les Etats-Unis et la France, fer de lance de l'Union européenne dans l'affaire Hariri, lèveront les pressions posées sur Damas.
Ce qui encourage cette dernière à se démarquer du pouvoir conservateur à Téhéran. Dans ce cadre, force est de noter que le communiqué émanant, le 3 janvier dernier, du State Departement, commentant les déclarations d'Abdel Halim Khaddam, a été décevant pour ceux qui misaient sur un durcissement supplémentaire de la position de Washington à l'égard de la Syrie. En effet, ce communiqué a clairement répété sa position demandant à Damas de changer son comportement tout en affirmant qu'elle ne se limitera pas à aux propos cités dans une interview. Washington a rappelé, à qui de droit, qu'elle n'a pas l'intention d'œuvrer pour changer le régime syrien ni, comme l'avait laissé entendre un responsable français de l'actuelle majorité dans un dîner privé à Paris avec d'hommes politiques libanais, que les Etats-Unis veulent créer un régime sunnite en Syrie faisant l'équilibre avec le régime chiite en Irak.
Le communiqué est, selon les analystes politiques, un message américain d'apaisement à Damas.
Les craintes persistent
Pis, l'administration Bush aurait voulu faire comprendre que les règles du jeu n'ont pas changé après les déclarations de Khaddam. Quelques heures après la diffusion de ce communiqué, Riyad a interdit à tous ses médias, publiques comme privés, d'accompagner les attaques du vice-président syrien. Dans ce même ordre de préoccupation, le roi Abdallah ben Abdel Aziz a, à deux reprises, le même jour, appelé Bachar al-Assad pour lui affirmer que son pays déploie, conjointement avec l'Egypte, tous les efforts nécessaires pour débloquer la situation et éviter les impasses. Quoi qu'il en soit, l'interview de Khaddam et ses suites ont crée un choc psychologique pur le régime syrien. Ce qui ne pourra être que bénéfique aussi bien pour Riyad que pour Washington.
En dépit de ce schéma reflétant un esprit de pragmatisme chez tous les joueurs, les observateurs craignent toujours les surprises. Car les parties toutes parties présentent sur cet échiquier, tiennent d'importantes cartes entre les mains. Commençant par les Etats-Unis qui trouveront dans la disparition d'Ariel Sharon de la scène politique, un alibi pour une fuite en avant des faucons en Israel. Cela pourra se traduire par une double frappe militaire contre les installations nucléaires en Iran et contre les bases aériennes et les infrastructures syriennes. C'est avec le départ du premier ministre israélien que la théorie de préserver en Syrie un régime aussi affaibli que celui de Bachar al-Assad, tombe à l'eau. Avec elle les réticences empêchant l'attaque de son pays.
Deuxièmement, la prise en considération de la nouvelle alliance scellée entre Mahmoud Ahmedinejad et Bachar al-Assad, qui constitue un atout de taille dans la mesure où il permettra à ce dernier de mettre le Liban à feu et à sang. Notamment, après avoir piégé les forces politico-communautaires, formées d'une partie des chrétiens maronites, d'une partie des Sunnites dirigée par Saâd Rafic Hariri, et d'une partie des Druzes de Walid Joumblat. De plus, la Syrie pourra aussi jouer la carte des Palestiniens réfugiés dans les camps du sud et du Nord du Liban pour réchauffer avec le Hezbollah les frontières avec l'Etat hébreu.
Damas aussi bien que Téhéran et Washington pourraient, les cas échéants, s'accorder, chacune de son côté, à utiliser leurs cartes pour tenter de changer la donne. Ce qui ne s'effectuera jamais sans faire rentrer la région dans une zone de turbulences qui finira par l'instauration d'une instabilité généralisée ? Ce que craignent déjà les alliés régionaux des Etats-Unis. Damas, qui a la réputation depuis le temps d'Assad père de jouer au bout du gouffre avec grande habilité, compte, semble-t-il, poursuivre cette politique à la fois dangereuse et risquée. La disparition de Sharon de la scène devra, selon un ancien responsable militaire qui avait coopéré avec ses homologues israéliens dans les années 50 et 70, pousser les généraux israéliens à être plus prêts de s'engager dans une guerre-éclair. Ce, pour prouver leur capacité de maîtriser la situation après le vide soudain laissé par leur premier ministre. La région du Moyen-Orient n'est donc pas loin d'une nouvelle guerre, qui ne sera pas sans doute semblable aux précédentes. Les Américains sont en Irak, les Iraniens aussi. Israel possède le nucléaire, l'Iran aussi, malgré ses démentis. Dans cette foulée, les analystes rappellent la fameuse phrase d'Henry Kissenger : "Pas de guerre sans l'Egypte et pas de paix sans Damas".


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