CHAMBRE CRIMINELLE En face de Marjane Ain Sebâa, se dresse un énorme bidonville dit douar Moumnia… Le 27 février, vers 19h 30 mn, une querelle se déclencha entre un certain Youssef Salihi, 23 ans, sportif et bien portant, et un simple habitant du douar. L'histoire finit par un meurtre. Nous sommes bien à Casablanca et dans le périmètre urbain de cette métropole qui n'arrive pas encore à se contrôler malgré les découpages administratifs. Un douar donc où le neveu de l'habitant en question, un certain Youssef Zakaria, est allé chercher l'autre Youssef, le sportif, pour se venger… Son oncle a été humilié et le nom des Zakaria ne doit pas être la risée de la communauté. Les Zakaria sont des gens forts, influents et qui se font craindre par les autorités mêmes. Ils ont été à l'origine de la révocation voire l'emprisonnement de policiers. Le même Youssef, frère de cette famille de “seigneurs” du douar, est revenu l'œil au beurre noir. Youssef qui a tabassé son oncle, a tabassé le neveu aussi. Un geste considéré comme une insurrection vis-à-vis de la famille Zakaria. Il alla voir ses frères Jillali, Mohamed, Abdelhaq et Abdellilah auxquels il donna sa version des faits. Les Zakaria deviendront-ils la risée du douar, eux qui font la pluie et le beau temps ? Autour de quelques bouteilles de vin frelaté, quelques joints, « le conseil de guerre » a été tenu. La décision de sauver l'honneur de la famille a été prise. Il faut absolument sauver la réputation de cette famille qui fait trembler Caïd et Moqqadem. Et comme dans les gangs organisés, une chasse à l'homme fut engagée. L'un des frères repère Youssef Salihi dans la rue 16 auprès d'une “Chouaya”. Fous furieux, alcools et autres excitants aidant, Mohamed et Jillali se sont munis de couteaux et ont bloqué l'entrée de la rue. Lorsque Youssef se rendit compte du danger qui le guettait, il tenta de s'échapper par le côté opposé de la ruelle. Abdelhaq et Abdellilah l'y attendaient. Coincé dans un engrenage contre lequel il ne put absolument rien. Youssef, le sportif céda devant la force et les armes de ses agresseurs. C'est avec un scalpel que le ventre de ce jeune homme a été ouvert… Ses boyaux tombaient déjà par terre alors qu'il combattait la mort, debout, comme un héros. Quatre heures suffirent pour qu'il succombât à ses blessures à l'hôpital Mohammed V de Hay Mohammadi. Les frères Zakaria ont un palmarès des plus remarquables. Ils ont tous écopé de condamnations à la prison ferme pour vols, agressions et trafic de stupéfiants : Mohamed, 16 condamnations, a été arrêté dans un terrain vague le 9 février courant, près de Marjane-Ain Sebâa. Jillali, 11 condamnations, est venu rôder près des locaux de la PJ après l'arrestation de son frère. Il a été repéré et arrêté le même jour, vers 17h 30 mn, près du Petit Vatel. Abdelhaq, 8 condamnations, a été arrêté le 15 février à 23h. Quant à Abdelilah, 4 condamnations, il est en état de fuite et fait bien évidemment l'objet d'un avis de recherche. Les frères Zakaria, qui semaient la terreur dans leur bidonville, qu'ils pensaient gouverner en effectuant des vols, viols, agressions, trafic de stupéfiants et constructions clandestines, ont été déférés devant le Parquet général le samedi 18 février pour homicide volontaire avec préméditation. Ce n'est qu'à la suite de leur arrestation par la police judiciaire de Hay Mohammadi-Ain Sebâa que le Caïd de la circonscription a pu ordonner la démolition des constructions clandestines dont ils étaient les auteurs.