* Les habitants de Douar Oulad Ben Sabaâ ont été surpris par la Société Baraka venue borner un terrain quelle aurait acheté. * Le Comité de défense des terres de ces habitants fustige lattentisme des autorités face à ce quil qualifie dopération illégale. * Détails sur une affaire très louche. Depuis le 4 août dernier, les agriculteurs détenant des lots de terrains agricoles à Douar Oulad Ben Sabâa (situé à 8 Km du nouveau terrain de foot de Marrakech (province de Kalaat Sraghna), sont sur le qui-vive. Ce jour-là, les représentants de lentreprise Baraka ont voulu procéder au bornage des terrains acquis pour accomplir les formalités de linscription à la Conservation foncière, et ce sans connaître exactement leur situation exacte. «Or, la population du Douar Oulad Ben Sebâa a refusé, de plein droit, cette opération pour la simple raison que les terrains vendus, objet du bornage, se trouvent exactement dans le Douar Oulad Ouaslame. Dailleurs, les représentants de la société Baraka étaient accompagnés de plus de 30 agents de sécurité munis de chiens et appartenant à une société de gardiennage privée, pour effectuer le bornage malgré les protestations de la population», explique-t-on du côté du Comité de défense des terres du Douar Oulad Ben Sabâa, constitué des habitants du Douar. Sabaï Moulay Abdellah, habitant dudit Douar et membre de ce Comité, soutient que la société en question est venue munie dun acte de vente sous seing privé, alors que les agriculteurs, eux, disposent de contrats de propriété en bonne et due forme. Pour ces habitants, les entreprises immobilières aiguisent leurs appétits dans la région limitrophe de Marrakech pour disposer dassiette foncière à tout prix. Alors, ce 4 août, des centaines de personnes ont manifesté pour empêcher laccomplissement de cette opération de bornage, jugée illégale. «Pire encore, un réseau de spéculateurs, adossé à la société Baraka, a continué à intimider la population pour lui imposer lopération de bornage, invoquant que la société bénéficiait du soutien de hautes sphères proches de la famille royale», soutient le Comité. Sur la base de ces faits, ce dernier, qui représente la population du Douar, a demandé la suspension de lopération de bornage pour éviter tout abus sur leurs propriétés. Mais, les propriétaires ne sont pas au bout de leur peine puisque la société Baraka a prévu de procéder à une nouvelle opération de bornage le 26 novembre. «Ces terres emploient 300 agriculteurs en plus de leurs enfants et subviennent aux besoins de plusieurs centaines de familles. Nous avons envoyé des courriers au gouverneur, au Premier ministre, au ministre de lAgriculture, au ministre de lIntérieur et à ce jour personne nest intervenu pour empêcher cette société de prendre nos terrains», ajoute Sabaï Moulay Abdellah. Parallèlement, la population revendique louverture dune enquête au niveau des pouvoirs publics, notamment la Conservation foncière et la Gendarmerie Royale, pour identifier «le réseau complice qui veut à tout prix soutenir lentreprise Baraka dans ses agissements qualifiés dillégaux par les habitants de Douar Oulad Ben Sabâa». Dans lattente, les habitants du Douar sont prêts à fournir les preuves attestant quils sont victimes dune manipulation «dun réseau de corruption qui veut à tout prix les priver de leurs terres, lequelles constituent la source de leur subsistance». «Les habitants du Douar sont actuellement victimes des agissements de la société immobilière Baraka qui veut à tout prix les priver de leurs terres sur la base dune transaction et de justificatifs qui concernent dautres terres», affirme Moulay Abdellah. Flash back «En effet, les terrains vendus à la société Baraka se trouvent non pas dans le Douar Oulad Ben Sabâa, mais dans une autre zone située à sept kilomètres de là, à savoir le Douar Oulad Ouaslame, et ce conformément aux actes de propriété dont dispose ladite société. Les deux douars sont séparés par une montagne», ajoute My Abdellah. Historiquement, les péripéties de cette histoire remontent à 1930 quand un étranger a acheté 4 parcelles de terre dune superficie de 150 ha au total. En 1962, et pour cause de départ du Maroc, cet acquéreur a fait donation à un Marocain de ces parcelles. Les héritiers du nouveau propriétaire ont décidé de vendre en juillet dernier les 4 parcelles à la société immobilière Baraka, dont le siège social est basé à Casablanca. La transaction a été valorisée au prix dérisoire de 4 millions de DH ( soit 26.500 DH lhectare ). Mais rien en cela ne concernerait les agriculteurs de Douar Oulad Ben Sabaâ, car ce nest pas leur terrain qui a été vendu à Baraka. Concernant cette société, aucun contact na pu être établi avec elle pour connaître sa version des faits. «Et de toute façon, son siège à Casablanca est juste un local dont les portes sont fermées», conclut Sabaï Moulay Abdellah. En attendant le dénouement de cette affaire, les habitants de Douar Oulad Ben Sabâa croisent les doigts et espèrent une rapide intervention des autorités pour mettre fin à leur calvaire.