Un premier accord a été signé pour les employés du péage des autoroutes. Vendredi 5 août, après un conflit social de plus de cinq mois, les « 92 licenciés de Bouskoura », auront tous retrouvé leurs postes aux Autoroutes du Maroc (ADM). Le conflit a-t-il pour autant trouvé une solution définitive ? Aux origines du conflit Tout a commencé au mois d'avril dernier, lorsque les 92 personnes ont été licenciées du centre d'exploitation d'ADM de Bouskoura. Leur faute ? Vouloir constituer une section syndicale locale. Ces receveurs et agents mobiles, tous intérimaires, commençaient à s'organiser pour revendiquer leur intégration à ADM. La société nationale, qui a enregistré des recettes de plus d'1,5 milliard de dirhams en 2010, emploie 570 personnes qui détiennent pour la plupart des postes administratifs. Les 900 agents mobiles et receveurs de tous les centres d'exploitation du pays, eux, sont employés par l'intermédiaire de sept sociétés d'intérim. « Nous avons la responsabilité d'encaisser les recettes pour ADM, parfois au risque de notre sécurité personnelle. Et la direction ne veut pas entendre parler de nous. » Saïd et Khaled, tous deux employés de la société ANSI Maroc et receveurs au centre de Bouznika, tenaient ces propos le 19 juillet, alors que la société nationale avait refusé de participer aux négociations entre les sociétés d'intérim et les protestataires. Suite à plusieurs mobilisations devant le siège de Hay Riyad, le directeur d'exploitation de la société nationale, Monsieur Lhlayli, avait fini par déclarer à la chaîne de télévision 2M que le conflit ne concernait en rien ADM puisque les protestataires étaient employés par des sociétés d'intérim. Une victoire d'étape Selon les employés, l'intégration à ADM leur permettrait de bénéficier d'une sécurité de l'emploi qui ne leur est pas garantie aujourd'hui. « On peut nous licencier très facilement et nous ne sommes même pas déclarés à la CNSS ! », s'indigne Saïd, dont le salaire gravite autour de 1500 dirhams, alors qu'il travaille la nuit et les jours fériés. Le 19 juillet, après plusieurs mois de conflit et face à l'autisme de la société nationale, les employés décident de se lancer dans une grève ouverte, obligeant ainsi ADM à mobiliser son personnel administratif aux péages. Vendredi 29 juillet, alors qu'ils bloquent la circulation au niveau de Bouskoura depuis une heure, les grévistes reçoivent un appel téléphonique de Karim Ghellab en personne qui leur propose une rencontre avec ADM afin de trouver une solution au conflit. Lundi 1er août, un protocole d'accord est signé au ministère de l'Equipement et avec ADM. Si ce document ne garantit pas l'intégration des intérimaires à la société nationale, il constitue tout de même une victoire morale importante pour les protestataires. « Nous avons gagné la reconnaissance de la part d'ADM puisqu'ils font maintenant partie intégrante des négociations », argumente Abdeltif Soutih, secrétaire général du Syndicat national des employés des centres d'exploitation d'ADM, affilié à l'Union marocaine du travail (UMT). L'application du code du travail, un luxe ? Le protocole de lundi dernier est pour le moins désarçonnant. Selon l'accord, ADM devra « prendre toutes les mesures pour obliger les entreprises [d'intérim] (...) à respecter intégralement le code du travail et à activer tous les droits qui en résultent. » Cet accord prévoit également la réintégration de tous les licenciés de Bouskoura. Enfin, une commission technique composée par toutes les parties est créée et chargée du suivi de l'application de l'accord. En contrepartie, les protestataires, dont les salaires ont été sérieusement affectés par les grèves, doivent retourner au travail dès le 2 août. Le bras de fer continue Après des négociations difficiles entre les représentants des salariés et les sociétés d'intérim, les protagonistes ont franchi, ce jeudi 4 août, une première étape. Dans l'après midi, l'accord prévoyant la réintégration de tous les employés licenciés en avril a été conclu à Rabat. Les employés se donnent trois mois pour trouver une solution durable avec ADM. « Le droit du travail doit être bien sûr appliqué, mais nous devons être intégrés à ADM. Toute proposition est bienvenue, mais nous ne retiendrons que celles qui seront recevables », déclare Abdeltif Soutih. Le calme est revenu, mais pour combien de temps ? Photo: Péage de Bouznika, lors de la grève nationale du 30 juin 2011 des receveurs et agents mobiles intérimaires d'Autoroutes du Maroc.