Stations d'épuration, dépollution industrielle, réaménagement des décharges…, les projets annoncés sont très en retard 8,4 milliards de DH pour financer la première tranche du programme. La protection de l'environnement, un dossier auquel très peu de gouvernements ont accordé de l'importance. L'actuel n'a pas dérogé à la règle. Sinon comment expliquer qu'aujourd'hui le plus important bassin hydraulique du Maroc, celui du Sebou, a atteint la cote d'alerte en matière de pollution. Pourtant, en mai 2004, un «projet intégré du développement durable du bassin du Sebou», inspiré des travaux d'une commission interministérielle, avait été annoncé par le ministère de l'aménagement du territoire, de l'eau et de l'environnement. Ce projet devait être réalisé en deux phases : 2004-2007 et 2008-2020. La première, d'un coût de 8,4 milliards de DH, vise la réhabilitation des ressources naturelles en réduisant la pollution domestique de près de 60 %, la pollution industrielle de près de 70 %, d'améliorer l'efficience et de mieux valoriser les ressources en eau mobilisées. Depuis, peu de choses ont changé. Pour Abdeslam Ziyad, chargé de mission au ministère de l'aménagement du territoire, «il faut une véritable prise de conscience de cette catastrophe écologique». Ce bassin hydraulique qui alimente 82 villes et centres urbains en eau est le plus pollué du Maroc. Il reçoit tous les rejets en eaux usées de ces villes, estimés à 80 millions de m3, dont 86% sont déversés dans les cours d'eau et 14 % finissent dans la nappe phréatique. Les actions du Fodep seule source de satisfaction Pour remédier à la situation, plusieurs stations d'épuration devaient être édifiées. La plus importante est prévue à 100 km en aval de Fès, un des points les plus pollués de l'Oued Sebou. Cette station, d'un coût global de 700 MDH (440 MDH financés par l'Agence française de développement et la Banque européenne d'investissement), ne sera opérationnelle qu'en 2009 et les travaux ne commenceront qu'en juin 2007. Une seconde station d'épuration nécessitant un investissement de 350 MDH est également prévue à Meknès. La première tranche sera opérationnelle courant 2007. Pour cinq autres villes, à savoir Tahla, Ouezzane, Azrou, Oued Amlil et Machraâ Bellaksiri, des opérations de dépollution des eaux usées sont programmées. Le projet n'est actuellement qu'en phase de montage, ses initiateurs ayant peiné à trouver des fonds. Finalement, 350 MDH seront prélevés sur le Projet national d'assainissement liquide lancé dernièrement par le département de Mohamed Elyazghi et 50 MDH seront avancés, sous forme de prêts, par l'AFD et la BEI. La seule source de satisfaction est à mettre à l'actif du Fonds de dépollution industrielle (Fodep) mis en place par l'Agence allemande de coopération financière (KfW). Depuis son lancement, en 2002, ce fonds a bénéficié à 57 projets industriels (tanneries, industries sucrières et huileries, entre autres) quasiment tous situés dans le bassin du Sebou. Le total des aides accordées dépasse 320 MDH. Mais ces efforts demeurent insuffisants pour la réhabilitation de ce bassin qui abrite une population de près de 6 millions de personnes