La cour d'appel de Kénitra a réformé, vendredi, un jugement de première instance rendu par le tribunal de M'chraa Belksiri, en condamnant un homme à deux ans et six mois d'emprisonnement ferme pour avoir infligé à une serveuse de café des blessures faciales d'une extrême gravité, consécutives à des coups portés à l'aide d'un objet en verre. Le condamné devra, en outre, verser à la victime une indemnité civile fixée à 200 000 dirhams. Le tribunal de première instance, statuant le 27 mai, s'était limité à une peine de deux mois de détention assortie d'une amende de 3 000 dirhams, provoquant une vague de consternation au sein de l'opinion publique. L'accusé avait, selon les pièces du dossier, asséné un coup violent au visage de la jeune femme, entraînant une plaie ouverte nécessitant la pose de 88 points de suture. La victime, filmée après l'énoncé du premier jugement dans un état de bouleversement manifeste, avait exprimé sa douleur et son effarement dans une vidéo abondamment relayée. «Deux mois seulement ? Mon visage est irrémédiablement abîmé. On m'a humiliée!», déclarait-elle dans un cri du cœur qui a profondément résonné dans la sphère publique. De nombreuses voix, tant dans les milieux associatifs que parmi les citoyens ordinaires, avaient alors réclamé l'application de l'article 507 du code pénal marocain, lequel réprime sévèrement toute atteinte volontaire à l'intégrité physique lorsqu'elle entraîne une mutilation ou une défiguration. Promulguée en 2018, la loi n° 103.13 portant sur la protection des femmes contre les violences prévoit, dans ses dispositions les plus fermes, un alourdissement des sanctions en cas de brutalité ayant compromis la dignité, la santé ou l'intégrité corporelle d'une personne de sexe féminin. Par cette nouvelle décision, la juridiction d'appel semble avoir rétabli une forme d'équilibre judiciaire, en accord avec la gravité des faits et les attentes légitimes d'une société éprise de justice.