L'élite médicale francophone du domaine vasculaire s'est retrouvée les 13 et 14 juin à Rabat à l'occasion de l'Endovascular Summit 2025, organisé par la société Boston Scientific. Deux journées entières de communications cliniques et techniques ont permis d'approfondir les protocoles contemporains dans le traitement des pathologies artérielles et veineuses, au moyen de dispositifs intravasculaires à libération contrôlée de médicament (DCB, DES), d'ultrasons thérapeutiques (EKOS), ou encore d'imagerie endoluminale (IVUS). Hassan Chtata, doyen de la faculté de médecine de Rabat, a prononcé l'allocution inaugurale. Bertrand Besson, intervenant principal de la matinée du 13 juin, a ensuite rappelé la nécessité de bâtir une pédagogie scientifique rigoureuse pour les praticiens du champ cardiovasculaire. «La formation des professionnels de santé ne saurait se limiter aux congrès, elle exige des outils robustes, continus, méthodiques.» Sous le titre «DCB/DES – Du laboratoire au chevet», M Besson et le professeur Yann Goueffic ont abordé les mécanismes d'action des dispositifs de nouvelle génération. Le ballon «Ranger», conçu pour limiter la diffusion aléatoire du principe actif, et le stent «Eluvia», dont la matrice polymérique permet une diffusion prolongée du paclitaxel, ont été présentés comme deux instruments distincts de la thérapie endovasculaire. Leur efficacité, étayée par des études multicentriques, a été exposée au travers d'analyses comparatives. Give me a diagnostic À midi, une séance de discussion clinique s'est articulée autour de la prise en charge d'un cas réel d'angioplastie complexe avec DCB. Les docteurs Mustapha Alaoui, Zaki Samia, Julien Sfeir et Malek Ben Mrad ont confronté diagnostics et décisions sous la modération du professeur Goueffic. Dans l'après-midi, une session dédiée à la stratégie thérapeutique dans la maladie artérielle périphérique (PAD) a permis d'examiner les scénarios de lésions courtes et longues, les indications comparées du stent versus du ballon médicamenteux, et les conditions de succès dans la libération de principe actif in situ. «La rigueur de déploiement des technologies à élution conditionne la réussite à long terme», a rappelé le professeur Goueffic. La deuxième journée, entièrement consacrée aux thromboses veineuses profondes (DVT), aux embolies pulmonaires (PE) et à leurs séquelles, a été introduite par le professeur Marzia Lugli. Elle a détaillé les progrès de l'imagerie IVUS dans le diagnostic des occlusions périphériques. «L'IVUS permet d'accéder à une vérité vasculaire que l'angiographie masque souvent», a-t-elle déclaré. Le docteur Abdelrahman Elhakim a ensuite exposé l'organisation des équipes PERT (Pulmonary Embolism Response Team), et les recommandations de la Société allemande de cardiologie sur la coordination des soins. Il a détaillé l'usage du dispositif EKOS (EndoWave), qui combine l'action thrombolytique et les ultrasons de basse fréquence pour fragmenter les caillots emboliques. Cette technologie, selon lui, permet une réduction de la dose de thrombolytique et du temps d'exposition, tout en préservant les structures vasculaires avoisinantes. Plusieurs ateliers ont permis aux participants de présenter leurs propres cas cliniques traités avec EKOS ou Access Jet (AJ), notamment sous la conduite de Mme Zaki Samia, du professeur Ayoub Bounssir et du docteur Karim Kaouel. Le docteur Elhakim a présenté les résultats récents d'études évaluant EKOS dans les embolies pulmonaires massives et sous-massives, démontrant une amélioration hémodynamique rapide et une diminution significative de la pression artérielle pulmonaire. L'après-midi du 14 juin a été clôturé par une présentation du protocole ACCESS PTS, utilisé pour traiter le syndrome post-thrombotique (PTS) chronique. Le professeur Lugli a exposé l'historique, les données cliniques et les cas illustratifs, concluant : «l'abord endoluminal guidé par ultrasons redonne de la perspective aux patients durablement invalidés par une DVT ancienne.» Dans une ambiance studieuse, le colloque a fait le tour des instruments scientifiques les plus récents, tout en rappelant que l'endovasculaire demeure un art de précision où chaque geste technique s'enracine dans une discipline clinique rigoureuse.