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Effets de mire et de mémoire
Publié dans La Vie éco le 16 - 03 - 2007

Plus de deux cents chaînes de télévision arabes exposent leurs programmes à travers une demi-douzaine de satellites qui balayent les fuseaux horaires de la planète. Une telle offre expose suffisamment d'éléments susceptibles de donner une idée sur l'image que renvoie le citoyen arabe, plus souvent présenté sous le vocable d'«homme de la rue arabe». Comme on le sait, cette appellation a fait florès à cause précisément de la floraison des chaînes et bouquets lancés dans ce monde dit arabe. A ce propos, on se demande pourquoi on désigne cette contrée qui va du Golfe à l'Atlantique comme «monde arabe». Elle n'est pourtant ni la plus vaste ni la plus peuplée et encore moins la plus unie. Est-ce parce que les populations qui l'habitent sont censées parler la même langue, l'arabe en l'occurrence ? Mais alors s'ils parlent bien tous la même langue, pourquoi s'entendent-ils donc si mal ?
C'est la question de l'identité qui se pose lorsqu'on passe en revue les dizaines de chaînes arabes qui défilent dans une succession échevelée d'images et de sons grâce à la magie de la télécommande. C'est un exercice assez ludique si l'on prend une certaine distance avec les contenus, les discours et l'esthétique de la mise en images. Il va sans dire que cela exige, paradoxalement, une posture inconfortable parce qu'à la fois neutre et empathique. Neutre, parce qu'il est des contenus qui heurteraient la raison et parfois le bon sens; et empathique car le visionnage de nombre de ces chaînes demande à la fois compréhension de la langue et de ses dérivés dialectaux, disponibilité et mise en contexte. Mais, me direz-vous : «Alors, où est le plaisir et l'intérêt à se taper tous ces programmes ?» Pour le plaisir, il faudrait repasser, ou alors éviter une bonne partie de ces télés, sauf à y trouver matière à rigoler. Quant à l'intérêt, il est tout au contraire dans la volonté de comprendre ce que le «monde arabe» renvoie comme image de lui-même au monde, j'allais dire, tout court. Ce qui en dit long sur la relativité de la notion et du vocable «monde».
Si l'on met de côté les dizaines de chaînes orientales qui déversent des kilomètres d'images de clips de bimbos qui se trémoussent au rythme d'une musique indéfinissable; si l'on zappe rapidement les programmes, tout aussi nombreux, sans contenu, sans présentateur, où l'on ne voit que des bandes (défileurs) qui passent des SMS en dialecte gratiné des pays du Golfe, des numéros de téléphone, les cours de la Bourse, du dollar et du pétrole (eh oui, on ne perd pas le nord !) ; si l'on passe donc son chemin , il reste les chaînes d'info, dont l'incontournable Al Jazira, et sa rivale saoudienne Al Arabya, les généralistes et thématiques MBC ainsi que quelques libanaises de plus ou moins bonne tenue. Ensemble, mais chacune dans un style qui ne diffère que par les partis pris politiques ou régionalistes, elles donnent à voir un monde arabe déchiré, convulsif, verbeux et sans espoir.
La réactivité du public lors d'émissions qui donnent la parole par téléphone à des téléspectateurs illustre parfaitement cette propension à la tragédie dans la perception de la vie dans cette partie du monde. Est-ce un effet de miroir, une réaction mimétique de la programmation télévisuelle qui formate cet «homme de la rue arabe» ? On ne sait, mais on ne mesure pas assez les ravages causés par ces télévisions qui regardent les téléspectateurs arabes les regarder. Comment dès lors ne pas s'inquiéter lorsqu'on entend les propos de tel téléspectateur crier son nationalisme arabe, sa haine de tout ce qui n'est pas musulman et notamment sunnite, tout ce qui vient de l'Occident ou d'ailleurs, sans qu'aucun argument raisonnable, ou de bon sens, ne lui soit opposé par un présentateur cravaté, grimé et hochant la tête dans un demi-sourire ambigu ?
Et puis il y a les fameuses chaîne d'Etat, de tous les Etats arabes et dans tous leurs états. On peut y voir le degré de démocratisation atteint par ces pays, le niveau du développement économique, social et culturel, les projets d'avenir, la satisfaction unanime de la population reconnaissante à ses dirigeants éclairés ; bref le bonheur en boucle. On se demande qui on veut convaincre à l'extérieur du pays. Quel public étranger veut-on séduire avec une grille des programmes aussi repoussante, des discours aussi lénifiants et des divertissements aussi mornes. Même les pays les plus démunis se saignent pour exposer leurs tristes mires et monter sur des satellites de par trop encombrés. C'est un des paradoxes, et il n'est pas le seul, de ce monde dit arabe qui nous est planté, chez nous autres du Maghreb, dans une partie de la mémoire (ou de l'identité), comme une écharde lancinante de l'histoire.


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